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vendredi, 29 mars 2013

Sociologie du métissage

Sociologie du métissage

par André Waroch

Ex: http://fierteseuropeennes.hautetfort.com/

 

Que celles et ceux qui, comme nous, aiment la plume d’André Waroch ; et nous ont fait savoir qu’ils avaient apprécié de retrouver (ou de découvrir) son "De l’autre côté du péage" sur Fiertés Européennes… que ceux-là (donc) se réjouissent, puisque voici l’homme "de retour en nos murs" ; et ce via un texte totalement inédit à ce jour… dont il nous a fort gentiment fait l’honneur de la primauté !

  

mét2376001415_1.jpgPour atténuer la catastrophe que représente pour les autochtones l’arrivée sur leur sol de dix millions d’immigrés venus du monde musulman et d’Afrique noire, et dont le mode de vie repose sur l’anarchie et la violence, le pouvoir a trouvé ce slogan, véritable formule magique de prévaricateurs : mélangez-vous ! Dit-on aux Français, comme un joueur de bonneteau fait la claque.

Car il ne s’agit plus seulement, comme il y a soixante ans, de coucher avec l’envahisseur, mais aussi de lui faire des enfants.

           

Pourtant, et contrairement à ce que nos élites, qui ont juré notre perte, veulent nous faire croire, l’avenir n’est écrit nulle part. Ce qui est arrivé depuis la fin des années soixante-dix ne relève pas de la fatalité, mais de décisions politiques. D’autres décisions peuvent être prises. Et d’autres phénomènes que ceux prévus en haut lieu peuvent surgir des sables mouvants de la néo-France.

 

Je me souviens de ma première histoire d’amour, à une époque où je n’étais rien d’autre qu’un adolescent stupide et perturbé, et où je traînais mon incapacité à vivre et à parler dans les couloirs sordides d’un lycée des Yvelines. Alors que ma bizarrerie d’esprit avait déjà signifié la nécessité, pour mes camarades, de l’établissement d’un cordon sanitaire autour de ma personne, il arriva un évènement extraordinaire : Mouni, une métisse qui était, selon moi et tous mes collègues masculins, la plus jolie fille de l’école, jeta son dévolu sur le paria. Personne ne sut jamais ce qui avait bien pu lui passer par la tête. Peut-être m’aimait-elle sincèrement. Je m’aperçus bien vite de son sourire extrêmement appuyé quand elle me voyait arriver le matin. Je lui parlai pour la première fois dans la cour. Je ne savais pas trop quoi dire et me sentais un peu gauche, mais cela ne semblait nullement la déranger. Nous nous embrassâmes, un soir, dans un train de banlieue. Par la suite, nos contacts physiques les plus rapprochés se produisirent chez elle, où elle m’amenait en l’absence de ses parents, et plus précisément sur le canapé du salon. C’était une fille bien, d’une gentillesse extraordinaire, qui cherchait l’amour comme toutes les filles. Ses parents rentraient tard le soir, alors souvent je restais chez elle plusieurs heures après les cours, et nous discutions pendant qu’elle faisait la vaisselle. Elle me parlait de ses parents, de ses copines, de ses études à venir. Elle m’expliqua ses origines, mélange d’Europe, d’Asie et d’Afrique, comme on en trouve à profusion sur ces îles du sud de l’Océan indien. Tout ce que je voyais, c’était sa peau mate recouvrant ses formes sculpturales, et sa poitrine orgueilleuse, quintessence de tout ce que peut désirer un garçon de seize ans, et qui était comme la touche finale à un tableau qui ne pouvait être que l’œuvre de Dieu. J’observais à la dérobée la juvénile magnificence de son cou, ses hanches de vahiné malgache dont le contour était comme dessiné à l’encre de Chine, l’innocente splendeur de ses yeux en amande. Sa beauté était brute, sans mémoire. Je lui faisais l’amour  comme l’on s’immerge, en certaines contrées, dans l’une de ces rivières sacrées et salvatrices. 

 

Si je me laisse aller à ces quelques confidences, témoignage d’un passé révolu, ce n’est pas par gout de l’exhibitionnisme, mais pour illustrer par l’exemple, par le souvenir d’une expérience concrète et charnelle, ce qui est devenu le maître-mot de notre époque puante.

 

Les raisons de l’inclination des Noirs de France à l’union mixte sont très différentes selon que nous parlons des femmes ou des hommes. Les motivations de ces derniers consistent d’abord et avant tout en une attirance physique et esthétique. Les unions qui en résultent sont très éphémères (l’enfant étant, dans les faits, élevé par sa seule mère blanche). L’homme noir est fondamentalement polygame : officiellement dans le cas des Sahéliens musulmans, officieusement dans le cas des Noirs christianisés qui sautent de maîtresse en maîtresse (vagabondage sexuel qui est la véritable raison – cachée bien évidemment par le politiquement correct  des ravages du sida en Afrique).

Les femmes noires recherchent dans l’union avec un Blanc ce qu’elles ne trouvent pas chez les hommes noirs : la fidélité, la vision d’un avenir à deux, l’engagement, la responsabilité, notamment vis-vis des enfants.

Chez les Blancs, les motivations sont elles aussi très différentes selon le sexe. Pour les femmes, il s’agit très souvent du résultat d’une l’influence idéologique à laquelle elles sont particulièrement perméables. On se met avec un Noir « pour faire bien » puisque c’est le schéma par excellence du métissage, tel qu’il est officialisé et promu par les élites.

Pour les hommes, à l’inverse, le but de l’opération  est d’échanger une Blanche hystérique, lesbienne et féministe (pléonasme), contre une Noire venue d’un autre continent, c’est-à-dire non encore transformée par l’idéologie qui s’est imposée en Europe depuis la fin des années soixante.

           

Après trente ans d’immigration massive, les effets secondaires de ce métissage, comme celui de la consommation de haschich, deviennent clairement visibles pour un esprit un peu observateur.

D’abord, faisons le constat du caractère industriel de ce phénomène, c’est-à-dire du nombre extrêmement élevé d’individus nés d’un mariage mixte au cours des trente dernières années. Attention : les couples Français/Arabe, relativement fréquents jusqu’au début des années quatre-vingt-dix, et qui  faisaient dire à Emmanuel Todd véritable escroc intellectuel du Système grimé en « sociologue iconoclaste » que nous nous dirigions vers des lendemains qui chantent, ont pour ainsi dire disparu. Mais si on veut bien considérer la race comme une notion scientifique, ces mariages unissaient en fait des Blancs à des Blancs, et ne relevaient donc en aucune façon du métissage proprement dit.

La communauté musulmane ayant dressé entre elle et le reste du monde, comme elle le fait depuis toujours et sous toutes les latitudes, une muraille de fanatisme, de bêtise volontaire et de haine après cette très courte parenthèse durant laquelle quelques femmes autochtones perdues acceptèrent que leurs enfants prennent le nom de Mouloud ou Mohammed le vrai métissage, c’est-à-dire l’union des Blancs et des Noirs, est apparu comme le seul métissage finalement effectif.

Les métis nés dans les années quatre-vingt correspondent, dans leur immense majorité, au schéma de la propagande d’Etat : leur père est noir et leur mère blanche. L’amour entre deux êtres serait-il soumis, lui aussi, au matraquage idéologique ? La réponse est oui. Notons d’ailleurs que la généralisation médiatique de ce schéma « mâle noir/femelle blanche » représente, dans le pays d’origine de ces populations d’importation (et plus largement dans la conscience archaïque de l’humanité)  l’image même de la soumission d’un peuple à un autre.

Les métis nés de père noir se considèrent, fondamentalement, comme des Noirs. Car le père, tout aussi fondamentalement, même s’il est alcoolique ou dément, même s’il bat sa femme, même s’il abandonne sa famille, reste le référent culturel absolu de l’enfant. La mère représente les souvenirs, l’intime, le plaisir. Le père représente le modèle à suivre : modèle comportemental, identitaire, politique et racial.

 

Il est tout à fait passionnant, à ce titre, de constater que, depuis dix ou quinze ans, le schéma de base du métissage s’inverse. Dans la majorité des couples mixtes durables qui s’imposent depuis cette période, c’est maintenant le père qui est blanc. De métis identitaires noirs, voire anti-blancs, et parfaitement intégrés à la « culture banlieue », nous sommes en train de passer à l’émergence d’une nouvelle jeunesse métisse culturellement et sociologiquement blanche, beaucoup plus intelligente, et dont beaucoup de ses membres, refusant d’exécuter les figures imposées de la propagande d’Etat, sont déjà en train de basculer hors de la bien-pensance.

 

Malgré cette note d’optimisme, faire une analyse globale de la situation ne peut conduire qu’à constater que le ressort profond de ce métissage de masse, c’est que l’Européen porte en lui le rêve de sa propre disparition. Il ne supporte plus l’idée de ce qu’il fut, de ce qu’il pourrait encore être, et de ce qu’il ne veut redevenir à aucun prix. Il ne supporte plus la vision de ces châteaux, de ces vieux grimoires, de ces églises gothiques ou romanes, qui témoignent de sa grandeur passée, terrible, sanglante.

C’est qu’il en a tué, des gens, l’Européen ! Au nom de Dieu, en général. Byzance fut mise à sac, les Noirs emmenés en esclavage, les Indiens d’Amérique exterminés. Et l’étendard cruciforme fut enfoncé dans le cœur de l’infidèle, sans le moindre regret, sans le moindre remords.

L’histoire de l’Afrique, avant l’arrivée des Blancs, pourrait sans doute se résumer, si elle était mieux connue, à une litanie de haines inexpiables, de massacres et de génocides. Mais, faute d’écriture, la mémoire collective n’est qu’un amas confus de mythes, un océan trouble de rumeurs, traversé de part en part par des navires de mort dont le sillage s’efface. S’évanouit le souvenir de l’esclavagisme, des orgies cannibales, des peuples entiers passés au fil de l’épée, comme si rien de tout cela n’avait jamais existé. Alors, innocent de tout, l’Africain peut, jour après jour, tout recommencer.

Mais l’Européen, lui, inscrit, note, enregistre ! Il indique où, comment, et combien. Il construit d’immenses monuments en pierre qui ne veulent pas mourir. Il érige des statues, inaugure de savantes académies et de grandes écoles ou l’on enseigne des siècles passés le feu et le sang. Au bout du compte, après avoir fait de son continent un immense mausolée, il n’en peut plus de traîner derrière tant de cadavériques réminiscences. Il y a de cela deux ou trois siècles, la seule solution lui sembla alors la fuite éperdue, à la recherche d’une terre encore vierge quelque part au-delà de l’horizon, au-delà des murs que la nature avait édifié pour lui barrer la route. Ainsi, après avoir défriché ses forêts, aplani ses montagnes, expulsé de ses temples les dieux de la pluie et de la foudre, après avoir forcé l’hymen de la Terre-mère, s’embarqua-t-il pour l’Ouest, en ligne droite sur la mer sans fin.

           

Après avoir défié et terrassé le colosse Atlantique, le voilà qui foulait le sol d’une terre qui jusque-là n’était parcourue que par une autre race d’hommes, éparse, à demi-nue, dont les membres naissaient et mouraient sans laisser plus de traces que des chiens de prairie. Après y avoir bâti ses villes d’acier, il s’aventura au-delà de la côte Est, puis encore plus loin. Et finalement, après avoir traversé le désert de Mojave, il parvint aux extrêmes de la Californie. A l’ultime finisterre.

Là, écrasé par la majesté du ciel et l’immensité du Pacifique, n’entendant que le souffle du vent et le bruit des vagues qui s’écrasaient en rouleaux sur le sable blanc, ses yeux clairs, délavés par le soleil brûlant, se brouillèrent, noyés dans le bleu océanique.

Ici s’arrêta la marche vers l’Ouest de l’Européen. Ici s’arrêta le Nouveau continent. Ici prit fin la quête de l’homme blanc.

C’est peut-être à cet instant, cet instant où l’Occident s’achève, que l’histoire du monde se termine.

 

L’Europe, la vieille Europe, voyant le combat cesser faute de combattants, ne voyant autour d’elle que des royaumes déjà conquis, ne trouva plus d’autre expédient à sa rage profanatrice que l’affrontement interne, la guerre tribale et fratricide. Ce fut alors l’avènement d’un siècle maudit, ou le Rhin, la Seine et le Danube se remplirent d’un même sang. Les villes les plus antiques furent réduites en cendres, anéanties par des armes d’une puissance jamais vue. Le Russe aviné envahit Berlin, et viola les femmes des Allemands morts au combat, pendant que leurs enfants se cachaient au milieu des ruines.

 

Au bout de tant de désastres, de tant d’espérances anéanties, et alors qu’un nouveau millénaire approchait, l’Européen, tombé tout au fond de l’abîme, se sentit peu à peu envahi d’un désir nouveau, le désir maladif et morbide d’organiser lui-même sa propre extinction. Ne supportant plus de voir dans ses enfants la continuation de sa race, de son histoire, il appela à lui les peuples qu’il avait naguère dominés. Ainsi le métissage devint-il le processus ultime de son autodestruction.

 

C’est dans ce monde que je suis né.          

 

André Waroch.

 

André waroch, Sociologie du métissage, métissage, autodestruction, monde en perdition

 

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Vous pouvez fort régulièrement retrouver André Waroch sur l’excellent site Europe Maxima, dont il est un collaborateur attitré.

>>> http://www.europemaxima.com/

 

Et vous procurer son livre « Les larmes d’Europe » auprès des éditions Le Polémarque, en cliquant sur l’un des liens ci-dessous.

>>> http://www.editions-lepolemarque.com/products/les-larmes-...

>>> http://lepolemarque.blogspot.fr/2010/12/les-larmes-deurop...

 

Editions Le Polémarque : http://www.editions-lepolemarque.com/

dimanche, 17 mars 2013

Videojuegos, una realidad virtual para una esclavitud real

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Videojuegos, una realidad virtual para una esclavitud real
 

Por Fernando Trujillo
 
Ex: http://imaginacionalpoder.blogspot.com/

Nuestra generación fue testigo del nacimiento y auge de los videojuegos, nuestra infancia estuvo marcada por los juegos de atari, Nintendo, por Super Mario Bros y las peleas de Street Fighter.
Eran principios de los noventa cuando tuve mi primer Nintendo, al igual que muchos niños pasaba mis tardes jugando Super Mario, gastaba mis centavos en las maquinas de videojuegos jugando a Street Fighter y tratando de hacer un “fatality” de Mortal Kombat, al igual que muchos de ustedes lectores. Los videojuegos marcaron nuestra vida y continúan marcando nuestras vidas, del Nintendo pasamos al Super Nintendo, al Nintendo 64, el Game Boy, el Virtual Boy.
Conocimos el Playstation y sus sucesivas entregas, el fallido Dreamcast, el Xbox y el Nintendo Wii. Sagas interminable como Resident Evil, Tomb Raider, Final Fantasy o King of Fighters que cada año lanzan una nueva entrega para millones de fanáticos que se hacen llamar a si mismos “gamers”.
Para muchos los videojuegos es una forma de entretenimiento, para asociaciones moralistas y cristianos son una forma de fomentar la violencia en los niños y adolescentes, los videojuegos en sus aspectos positivos o negativos—como veremos en mas adelante estos aspectos son más numerosos—son parte importante de una cultura cada vez mas mecanizada.
No obstante un tema que no se toca es la manipulación que existe dentro de la industria de los videojuegos, al igual que la industria del cine y la música que sirven como maquinas de propaganda del Sistema, es a través de los videojuegos que este lanza mensajes subliminales a los millones de gamers en todo el mundo.
Rápidamente los videojuegos se han convertido en un arma para mantener a los jóvenes esclavizados en una realidad virtual. Detrás de exitosas franquicias, de todas las empresas y de toda esa cultura de los videojuegos se encuentra la mejor arma de este sistema orwelliano: el entretenimiento.
Los videojuegos nos introducen a una realidad virtual en la que somos guerreros, héroes, hombres de acción mientras que sin saberlo vivimos en una esclavitud real.

Se dice que en el verano de 1981en la ciudad de Portland en el estado de Oregon, una camioneta Traffic negra dejaba algunas cabinas de un juego llamado Polybius (se estima que fueron seis o siete), la camioneta desapareció misteriosamente.
Durante todo ese día –algunos aseguran que era el 11 de julio—el enigmático juego llamo la atención de algunos curiosos comienzan a jugarlo.
En la tarde de dicho día los relatos de quienes lo habían jugado, cada uno hablaba de su experiencia y de lo que le habia producido física y mentalmente.
Las historias hacían referencia a combinaciones de luces, gráficos destellantes con mensajes subliminales ocultos.
Esto les generaba efectos en el subconsciente y en algunas personas fue de gravedad, muchos se sentían mal después de jugar.
Después de haber sido sacado del mercado vinieron argumentos que hablaban de una gran adicción hasta efectos demoledores tales como convulsiones, vómitos y pérdida de memoria, incluyendo algunos más inquietantes.
Algunos testimonios de quienes lo jugaron hablaban de que el juego provocaba graves efectos en el cerebro, alucinaciones auditivas y ópticas, ataques epilépticos y pesadillas.
Aseguraban ver caras fantasmales por el rabillo del ojo recorriendo la pantalla del juego a una velocidad casi imperceptible, así como mensajes que instaban al suicidio o al asesinato, tales como "Kill Yourself" (mátate), "No Imagination" (sin imaginación) "No Thought" (no pienses), "Conform" (confórmate) "Honor apathy" (honra la apatía) "Do not question authority" (no cuestiones a la autoridad) o "Surrender" (ríndete) entre otros. Muchos afirman haber oído voces y lamentos entremezclados con el fortísimo y confuso sonido electrónico del videojuego.
La compañía Sinneslöschen (en alemán "pérdida de los sentidos"); que creó el juego era una subdivisión de Atari, creando un proyecto secreto para la CIA, al menos eso es lo que dicen algunas teorías de conspiración.
Quienes hayan jugado ese videojuego fueron sin saberlo parte de una operación MK Ultra de la CIA, controlar la mente de las personas a base de las consolas de videojuego, recordemos que eran los primeros años de este nuevo sistema de entretenimiento.
La historia de Polybius ha quedado como una leyenda urbana sin embargo las teorías acerca de MK Ultra parecen ser más reales de lo que a muchos les gustaría creer.
Real o no lo cierto es que los videojuegos están diseñados para manipular la mente de quien los juega a un nivel subliminal.
A últimas fechas han salido al mercado juegos en el que el protagonista es un tirador en tercera persona. Juegos como Halo, Resident Evil, Call of Duty, Medal of Honor y Bioshock por mencionar solo a los más exitosos.
El objetivo es ir matando enemigo tras enemigo, el jugador va manejado al personaje principal disparando contra los objetivos y estos son objetivos son zombies, alienígenas, nazis, en resumen los enemigos de la humanidad, de la libertad y del Sistema.
Encontramos todo eso en la exitosa franquicia Call of Duty, en donde el protagonista comete torturas y homicidios en nombre del honor y de su país.
Es bien sabido que los reclutas americanos juegan Call of Duty como una forma de entrenamiento, el juego en si ha sido creado para reclutar jóvenes en el ejercito.
La mayoría de los jugadores de Call of Duty son niños entre los trece y los dieciséis años a los cuales se les enseña lo fácil que es matar pero matar sin responsabilidad, en un videojuego a los tipos que matan no son nadie, no tienen familia ni sentimientos, no pasa nada al fin que el jugador es el héroe. El proyecto MK Ultra está detrás de todas estas franquicias, la mayoría de los gamers son niños y adolescentes que son introducidos en esta realidad virtual donde se les enseña a odiar y a matar a los enemigos del Sistema anglo-sionista.
Por poner un ejemplo en la franquicia Halo los enemigos son una civilización alienígena gobernada por una jerarquía religiosa. ¿Irán? ¿Palestinos? De esta manera los enemigos ficticios son relacionados con un objetivo real.
La serie Medal of Honor diseñada por el jefe de propaganda anglo-sionista Steven Spielberg traslada al jugador a la Segunda Guerra en donde podrá matar alemanes en nombre de la democracia.
Setenta años después y la propaganda anti germánica continua esta vez dentro de los videojuegos. Los enemigos son los alemanes, los europeos, ellos representan todo lo malo, lo opuesto al ideal de democracia y deben ser asesinados, torturados, aplastados por el jugador.
Medal of Honor tiene una secuela ubicada en Afganistán, un ambiente mas moderno pero en donde el jugador continuara con su misión de destruir a los enemigos del Sistema.
La mente de los jugadores son condicionadas en estos juegos, matar y odiar, sus mentes están siendo manipuladas cada vez que pasan a un nivel y en muchos casos estos jóvenes se enlistan en el ejercito creyendo que se trata de un videojuego.
Son maquinas de matar, sus cerebros están diseñados para matar, están listos para ser enviados a Medio Oriente a combatir y matar.
Con estos antecedentes no es nada raro que los marines torturen, violen o asesinen civiles sin misericordia. Han sido entrenados desde casa para ello.

La manipulación MK Ultra no se encuentra solo en los videojuegos de guerra si no también en los videojuegos de contenido sexual. Los videojuegos eróticos son cada vez más frecuentes en el mercado y el mejor ejemplo de esto es Catherine.
Este videojuego que combina el terror con el erotismo el jugador maneja a Vincent un hombre común y corriente el cual engaña a su novia Katherine con un súcubo de nombre Catherine, una mujer atractiva que seduce al protagonista…..y al jugador.
Durante el juego debes responder a las preguntas personales, estas preguntas son emparejadas con las respuestas de otros jugadores para formar parte de algunas estadísticas en línea de muestra.
Hay seis posibles finales, todos determinados por la sinceridad de las respuestas del jugador. ¿Estadísticas en línea? ¿Preguntas personales? Manipulación MK Ultra, usando a una mujer seductora se acceden a los deseos, pensamientos y sueños de los jugadores haciendo más sutil y fácil poder dominar sus mentes.
Otro juego que vale la pena mencionar es la franquicia “Dead Or Alive” un juego de peleas bastante mediocre pero que sin embargo sobresale por una edición especial en el que los personajes femeninos juegan voleibol en bikini.
Los personajes virtuales resaltan por su sensualidad, sus curvas bien delineadas y el libido que despiertan en el jugador.
Las mujeres diseñadas virtualmente van poco a poco desplazando a las mujeres reales, las chicas de DOA son objeto de fetiche para los videojugadores quienes pasan horas y horas frente a la televisión jugando con las chicas.
La mayoría de los gamers son incapaces de entablar una relación sexual sana y muchos sufren de timidez con las mujeres. Es entonces que ellos encuentran en DOA o Catherine a las mujeres de sus fantasías.
Las chicas de los videojuegos actuales además de poseer cuerpos sensuales están diseñadas para coquetear con el jugador, haciéndole creer que es amado y deseado para compensar sus fantasías sexuales frustradas.
En muchos videojuegos de tipo hentai—pornografia japonesa—los jugadores toman el rol de un violador o de un pervertido que secuestra colegialas y las desviste, en estos juegos la mujer (niñas o adolescentes en su mayoría) se encuentran atadas, llorando y sumisas para un jugador que sacia sus frustraciones y fantasías en una realidad virtual diseñada para él.
Es mas fácil desnudar a una colegiala japonesa, tener sexo con Cahterine o jugar con las chicas de DOA que entablar contacto con una mujer real.
Manipulación psicológica en la que el jugador vive en su habitación teniendo sexo virtual con un personaje virtual diseñado de acuerdo a las fantasías masculinas.

La generación gamer es en su mayoría una generación apática de gente que vive encerrada en sus habitaciones, viviendo en un mundo virtual sin saber que viven en una esclavitud real.
Gordos, comiendo nachos o papas fritas mientras están simulando ser héroes, soldados o guerreros. El Sistema ha creado una generación apática, temerosa de salir a la calle, temerosa de vivir y que les ha dado mundos de fantasía donde vivir en la que son seductores, valientes, gente audaz y sin miedo pero encerrados en una falsa realidad.
El abuso de los videojuegos en los niños resulta nocivo y más si es desde temprana edad, un niño debe salir a divertirse, correr en un parque, pelearse con otros niños, jugar con otros niños no estar encerrado en una habitación jugando Call of Duty o matando zombies en Resident Evil sin embargo muchos padres prefieren que sus hijos se queden en casa jugando que en la calle donde se pueden lastimar de verdad al jugar o correr.
Consecuencias pueden ser tendencias violentas descontroladas, desarrollar timidez, sobrepeso o una conducta inestable, generar una adicción hasta desarrollar epilepsia.
Estas consecuencias son reales y muchos padres aun las desconocen. No obstante la tendencia a sobreproteger a los niños los aísla de la acción real que requiere que se lastimen jugando o resolviendo sus problemas en la vida cotidiana, que ellos vivan y desarrollen sus instintos en parques y en la calle es mal visto, lo mejor es que estén en una burbuja mirando televisión.
Vivimos en una época de padres sobreprotectores que les administran dosis de medicamentos a sus hijos mientras los mantienen encerrados en casa frente a la televisión o una consola de videojuegos. Generaciones de jóvenes holgazanes que ya no salen a la calle, ya no andan en bicicleta, ya no leen libros si no que se la pasan horas y horas jugando videojuegos, atrapados en una realidad virtual. Estos jóvenes no lucharan, no vivirán, sus instintos morirán mientras sus cuerpos se hacen más obesos y sus neuronas se van muriendo pero ellos creerán que son héroes de grandes proezas.
Sin saberlo mientras ellos viven en su mundo virtual, ellos son esclavos, su esclavitud es la usura, la política destructiva de los bancos, las leyes que restringen la libertad, la represión militar cada vez más fuerte del Sistema que cada vez más se acerca al Nuevo Orden Mundial.
Su mismo entretenimiento es su esclavitud.
Una esclavitud real solo que esta vez las cadenas han sido sustituidas por el playstation, el Xbox y una realidad virtual que nos aleja de los problemas del mundo.

samedi, 16 mars 2013

La misantropía


Por Fernando Trujillo


Ex: http://imaginacionalpoder.blogspot.com/
 
Cuando te levantas por la mañana y enciendes la televisión ¿Qué es lo que ves? Si pones el noticiera veras casos de secuestros, violaciones, crímenes, impunidad y la ineptitud de los políticos, veras corrupción y te enteraras de los escándalos de famosos de dudosa calidad artísticas.
Si pones el canal de música veras a decadentes cantantes de pop, escucharas la degradante música de reggeton y a estrellas fugaces que en unos años terminaran siendo consumidores de cocaína.
Cuando sales de tu casa para ir al trabajo ves que en el mundo ya no hay seres humanos si no maquinas, todos se levantan a una determinada hora, se van apurados a sus respectivos trabajos mecanizados, ves la contaminación de las ciudades, grandes autobuses a toda velocidad rozando la banqueta sin importarles arrollar a alguien.
Gente a toda velocidad en sus autos pitando desesperadamente, animales atropellados en medio de la calle, todos vestidos igual, todos siguiendo los mismos patrones.
Los fines de semana al encender la televisión ves un entretenimiento vulgar y vacio pero lo suficientemente embrutecedor para que apagues tu cerebro.
El futbol que tanto le gusta al hombre moderno y lo mantiene en un sofá es una religión para este hombre promedio.
Para combatir tu aburrimiento vas a los centros comerciales viendo cosas que tu salario no te permite comprar, caminando dando vueltas por las mismas tiendas, ves el cine que es cada vez más caro y ves las mismas películas de siempre.
Comedias románticas, películas de acción, películas de animación, películas ganadoras del Oscar y todas son una porquería pero que mantienen a la gente embrutecida.
Tiempo de elecciones, votas por los mismos partidos, crees en las consignas de esta fraudulenta democracia y al final pones un papelito en una urna, felicidades ya hiciste lo que debías pero gane quien gane el país seguirá siendo una mierda, eso no importa mientras el futbol siga en la televisión. Esto es humanidad, esto es lo que se le llama progreso, tenemos democracia, televisión, cine, centros comerciales y comida rápida.
Siglos de evolución y el hombre es ahora un ser metrosexual, obeso, prepotente, enfermizo, aficionado a los medicamentos, estúpido, cruel y cada vez portador de una calidad genética más deficiente. El único sentimiento que puede inspirar el ser humano moderno es desprecio, de ahí nace la misantropía como una necesidad de poder soportar la vida.

Valentine de Saint-Point decía en su Manifiesto de la Mujer Futurista: “La humanidad es mediocre. La mayoría de las mujeres no son ni superiores ni inferiores a la mayoría de los hombres. Son iguales. Todos merecen el mismo desprecio.”
Estas palabras constituyen la definición de lo que es el pensamiento misántropo, ante el hombre-masa y ante una sociedad muerta la misantropía se convierte en la única forma de no perder la poca cordura que le queda a uno.
Esta civilización fáustica que se enorgullece de su progreso tecnológico, de su democracia y de ser la cúspide de la historia (concepto bastante risible) ha desarrollado un amor hacia la mediocridad, en esta época la mediocridad ya no es una actitud si no que es viene en el código genético del hombre. La calidad de las obras de arte ha estado deteriorada por décadas pero la gente se siente muy culta al ver botes de basura pintados de colores o un cuadro con manchas de colores chillones.
 La gente paga parte de su salario para ir al cine y ver las mismas comedias bobas, protagonizadas por los mismos comediantes sin talento.
Este arte sin trascendencia es cultura, esta música comercial y este cine vulgar son entretenimiento, los hombres y mujeres leen los periódicos para mantenerse “informados” y creen ser personas cultas. Este tiempo está definido por la “Religión del Hombre” en donde abundan los derechos humanos, el humanismo, el antropocentrismo, todas tiene en común que ponen al hombre en el centro del universo. Esto le da derecho al ser humano a destruir la naturaleza, a extinguir especies animales, a contaminar y destruir aéreas ecológicas para crear zonas residenciales para los millonarios, realmente repugnante.
El ser humano no es una criatura admirable, era admirable el guerrero vikingo, el filosofo griego, el patricio romano y el caballero medieval pero el gordo que se sienta a ver televisión con su coca jumbo y su hamburguesa de Mcdonalds no.
Mientras esta masa humana se multiplica sin control más zonas naturales van desapareciendo, mas consume y más se acaba el alimento, mas pobreza y mas criminalidad pero cada niño que llega al mundo es una “bendición”, un nuevo votante, un nuevo consumidor.
Muchas veces me he preguntado si existen campañas para esterilizar perros y gatos ¿Por qué no una para esterilizar seres humanos? En los animales se aplica para evitar la sobrepoblación, entonces por lógica se debería hacer una campaña similar para poder disminuir la enorme cantidad de vida humana. El exceso de vida nos ahoga y la cantidad supera a la cualidad pero en un mundo enfermo de humanismo la cantidad es una “bendición”.

La misantropía es una reacción contra el mundo moderno, contra la civilización decadente en la que nos ha tocado vivir. El hombre dista mucha de ser la criatura más noble e inteligente de la creación, un perro es una criatura más honorable que cualquiera de los buenos ciudadanos, un águila tiene más porte que cualquier político.
¿Qué es el hombre frente a las bestias? Un ser avaro, repugnante, enclenque, sin raza y sin espíritu y sin embargo en su afán de superioridad destruye la naturaleza para construir sus soberbias ciudades. A la destrucción de la naturaleza y extinción de especies animales se le llama progreso y es esta destrucción de la cual está orgullosa esta civilización.
Con este mismo afán de superioridad el hombre de la modernidad se siente más grande que el hombre del pasado, siente que vive en la mejor época y que vive en una sociedad que ha superado toda la historia.
Ridícula idea pero que sin embargo es compartida por la mayor parte de esta humanidad decadente, así el hombre moderno con toda su racionalidad, su materialismo, su insensibilidad ante la naturaleza, su fe en el progreso se cree un ser superior por encima del hombre del pasado.
Ante esta realidad el misántropo es una persona que ha abierto los ojos y ve al mundo como el basurero que es, ve la civilización como un craso error en la historia y ve al hombre como un ser involucionado.
El misántropo ve la reproducción humana como un fatal error y más aun lo ve como una irresponsabilidad dada a las masas.
La reproducción debe ser selectiva, solo a los mejores se les debe de dar ese derecho no a las masas ignorantes.
Ni siquiera los animales se reproducen de manera tan irresponsable como los seres humanos. No obstante un estado que tiene por principio el bienestar personal y la “felicidad” por medio del progreso la idea de una selección natural o artificial es considerada aberrante.
Para un espíritu pesimista la misantropía es una forma de defensa, un escudo y una espada para no sentirse abrumado por la decadencia a su alrededor.
Esta decadencia humana y esta inevitable caída de la civilización son vistas por el misántropo como una terrible realidad, para escapar o hacerle frente muchos escriben poesía, otros escriben ensayos, otros se encierran en sí mismos, algunos recurren al suicidio y algunos solo se ríen de la vida como una broma sin gracia.
Nunca vas a cambiar al mundo y los dogmas optimistas como el famoso “El amor cambiara al mundo” son solo fantasías románticas para espíritus débiles. Ante esto la misantropía es ver el mundo sin disfraces ni ilusiones, una vez que pierdes la esperanza solo te queda la lucha.

samedi, 02 mars 2013

La guerre d’Espagne et l’art moderne comme instrument de torture et de conditionnement social

 

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Nicolas BONNAL:

La guerre d’Espagne et l’art moderne comme instrument de torture et de conditionnement social

Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com/

 
Car le fantastique me tourmente comme toi-même,
aussi j’aime le réalisme terrestre. Chez vous, tout
est défini, il y a des formules, de la géométrie ;
chez nous, ce n’est qu’équations indéterminées.
Le Diable (dans "les Frères Karamazov")

A mesure que le déchiffrage de l’Histoire progresse, la guerre d’Espagne apparaît, par-delà son imagerie romantique, comme le premier laboratoire orwellien de la modernité. A mesure aussi que l’humanité toute nue et entière entre dans cette modernité, elle ne peut qu’abandonner tout espoir, comme les victimes de l’enfer dantesque. Elle se déconnecte ou elle rêve, et puis elle se soumet.

L’historien espagnol José Milicua a découvert que, pour torturer et briser psychiquement des détenus politiques, l’avant-garde révolutionnaire avait utilisé l’avant-garde artistique. L’art moderne, éclaireur et compagnon de route des révolutions, se faisant ainsi le complice de leurs dérives totalitaires. C’est un ouvrage introuvable, "Por que hice las checas de Barcelona", de R.L. Chacón (Ed. Solidaridad nacional, Barcelone, 1939), qui est à l’origine de cette révélation paradoxale, les tortionnaires furent les républicains anarchistes et marxistes et leurs victimes les fascistes franquistes.

Chacón a consigné la déposition d’un anarchiste français d’origine austro-hongroise, Alphonse Laurencic, devant le Conseil de guerre. Accusé de tortures par la justice espagnole, ce geôlier amateur reconnaît en 1938 que, pour pousser à bout ses prisonniers franquistes, il a, avec deux autres tortionnaires appelés Urduena et Garrigo, inventé des checas, cellules de torture psychique. Il enfermait ses victimes dans des cellules exiguës (ce n’est pas nouveau), aussi hautes que longues (2 m) pour 1,50 m de large. Le sol est goudronné, ce qui, l’été, suscite une chaleur épouvantable (l’idée sera abandonnée parce que, du coup, ces cellules sont moins glaciales en hiver). Les bats-flancs, trop courts, sont inclinés de 20°, ce qui interdit tout sommeil prolongé.

Le prisonnier, comme l’esthète décadent d’"A rebours", de J.K. Huysmans, est accablé de stimuli esthétiques : bruits, couleurs, formes, lumières. Les murs sont couverts de damiers, cubes, cercles concentriques, spirales, grillages évoquant les graphismes nerveux et colorés de Kandinsky, les géométries floues de Klee, les prismes complémentaires d’Itten et les mécaniques glacées de Moholy Nagy. Au vasistas des cellules, une vitre dépolie dispense une lumière verdâtre. Parfois, comme Alex, le héros d’Orange mécanique, ils sont immobilisés dans un carcan et contraints de regarder en boucle des images qui évoquent un des plus célèbres scandales de l’histoire du 7e Art : l’oeil découpé par une lame de rasoir du Chien andalou, de Buñuel et Dali et dont l’historien du surréalisme, Ado Kyrou, écrit que ce fut le premier film réalisé pour que, contre toutes les règles, le spectateur moyen ne puisse pas en supporter la vision.

***

Si la loi de l’art classique fut de plaire et d’ordonner, celle de l’art moderne sera donc de choquer et de désaxer, un peu il est vrai comme aux temps baroques (voir les tyrans baroques du cinéma soviétique pour enfants). Signe supplémentaire et presque superflu des temps d’inversion. S’étonner que l’avant-garde esthétique serve d’aussi noirs desseins et que l’art moderne "rebelle et libérateur" se fasse complice de la répression serait oublier l’histoire d’un siècle d’horreur. « Ce siècle est un cauchemar dont je tente de m’éveiller », dit d’ailleurs Joyce au moment où se déclenchent en Europe les guerres des totalitarismes. Il publie, comme un exorcisme, l’incompréhensible "Finnegan’s Wake" qu’il appelle lui même « la folle oeuvre d’un fou ». Paul Klee, un des peintres utilisés par Laurencic, plaide que « Plus le monde est horrible, plus l’artiste se réfugie lui-même dans l’abstraction ».
En musique, Schoenberg rompt avec un romantisme tardif pour se lancer dans la provocation dodécaphonique, qui aujourd’hui encore reste insupportable au public moderne. Et Ravel entendant une auditrice du Boléro crier « Au fou ! » s’exclame : « Enfin une qui a compris ! »
Au cinéma, la distorsion folle des formes du Cabinet du docteur Caligari accompagne la contestation politique radicale de l’expressionnisme de l’entre-deux-guerres.
En architecture, l’art de Le Corbusier, prétendument fondé sur la dimension humaine (le modulor) révèle une obsession carcérale que la spontanéité populaire saisira d’instinct en baptisant son oeuvre « la maison du fada ». En somme, toute l’esthétique née dans la première moitié du siècle est un hurlement de dément devant les guerres qui dévastent l’Europe et les totalitarismes qui l’enserrent. Ce pourquoi, aujourd’hui encore, elle impose la mobilisation de brigades médiatiques de soutien esthétique pour s’imposer, tant elle défie le goût du commun.

Aux yeux de l’artiste contemporain, l’homme n’est plus une âme à la recherche de Dieu ni même une intelligence en quête de Raison. C’est une monade, un fou qui s’ignore dans un monde fou qui l’ignore, et pour ce fou l’art ne peut être que le miroir de son inquiétante étrangeté. Dès lors, le malentendu est complet. Une critique naïve ou complice exalte la "rébellion" des artistes quand ceux-ci, au contraire, sont avec les bourreaux pour torturer les hommes et les priver de leurs libertés.

José Milicua fait observer que plusieurs dessins géométriques des checas préfigurent l’art cinétique de Vasarely. Or ce maître des géométries variables est la clé d’un film célèbre, L’Exorciste : lorsque Regan, la jeune possédée (Linda Blair), se rend chez le psychiatre pour subir des examens très techniques (on prétend la réparer comme une machine, au lieu qu’il faudrait la sauver comme une âme en peine), elle s’assied devant une toile de Vasarely, labyrinthe qui reflète sa possession en même temps qu’elle la nourrit. Après sa crise éclate.
Ce lien entre l’art et la démence qui est une possession, est typiquement moderne. L’art, détourné de sa fonction de serviteur du Beau, du Vrai, du Bon, devient une arme de la Folie contre la Raison classique.

La torture de Laurencic préfigure Le Prisonnier, mythique série télévisée psychédélique des années soixante où des caméras omniprésentes sont là moins pour surveiller des détenus qui ne peuvent pas s’évader que pour déchiffrer leurs réactions à cet univers privé de raison. L’ambiance festive du village y agit comme un antidépresseur qui facilite le travail des cerbères. Et le but de cette torture est d’obtenir un aveu, des « renseignements ».

***

Puis on découvre que l’art moderne est mis au service du décor urbain de la modernité, lui-même instrument de torture géant soumettant les populations aux flux de circulation, au stress des news, à la consommation éternelle.

Ainsi, dans un décor moderne qui privilégie l’abstraction et l’espace mécanique, l’homme se renferme sur lui-même et fabrique son propre malheur. La "maison du fada" nourrit la dépression des cités, Brasilia provoque des accès de brasilitis, psychopathie spécifique à la ville moderne, « lieu situé dans un espace déshumanisé, abstrait et vide, un espace impersonnel, indifférent aux catégories sociales et culturelles », écrit très bien Zygmunt Bauman. Un plan de ville devient un transistor ou tableau abstrait (Vasarely, encore lui, voyait ses tableaux comme des « prototypes extensibles des cités polychromes de l’avenir »). Le dessin devient un dessein. Le plan directeur, un plan de dictateur (le totalitariste Le Corbusier projetait de raser le centre historique de Paris et dédiait « A l’Autorité ! » le plan de sa "Cité radieuse"). Le sujet isolé dans la cellule de sa banlieue est voué à « l’expérience du vide intérieur et à l’incapacité de faire des choix autonomes et responsables » (Bauman). Dès lors, le bat-flanc du prisonnier de Laurencic, si inconfortable soit-il, l’est cependant moins que l’espace extérieur, surveillé et vitrifié. Pour ne pas parler du décor immonde de son émission de TV préférée.

Dans un maître-ouvrage oublié, "Building Paranoïa", publié en 1977, le docteur Steven Flusty remarquait déjà que l’espace urbain est en proie à une frénésie d’interdits : espaces réservés (filtrage social), espaces glissants (labyrinthes détournant les gêneurs), espaces piquants (où l’on ne peut s’asseoir), espaces angoissants (constamment patrouillés ou espionnés par vidéo). C’est le décor fou de la fin des Blues Brothers.

Ce conditionnement paranoïaque est une application à l’échelle urbanistique des intuitions de Laurencic. Le dressage s’y pratique "en douceur", sans la brutalité qui risquerait de provoquer la révolte du sujet. Ainsi, sur les quais du métro, les bancs de jadis font place à des sellettes inclinées à 20° (le même angle que dans les cachots anarchistes de Barcelone !) sur lesquelles on peut poser une fesse mais en aucun cas s’attarder, ce qui dissuade le stationnement des clochards.

Laurencic a ainsi créé artisanalement l’arsenal de conditionnement et de manipulation des systèmes postmodernes, qui sont au sens strict des sociétés créées sur plan, avec des individus au comportement prévisible et, comme notre prisonnier, de la checa ou de la télé, nourris d’amertume.

Chaque écroulement d’une figure du pouvoir
totalitaire révèle la communauté illusoire qui
l’approuvait unanimement, et qui n’était
qu’un agglomérat de solitudes sans illusions.

La Société du Spectacle

Lettre ouverte d'un médecin à une société malade

A lire : Lettre ouverte d'un médecin à une société malade

 

C'est un réquisitoire que l'on va lire. Ou, plutôt, étant donné la profession de l'auteur, un diagnostic. Un diagnostic fondé sur l'observation minutieuse du patient. Le patient ? L'auscultation a porté sur notre civilisation. Celle dont Paul Valéry disait qu'elle avait subi trois influences : celle de Rome, du christianisme et de la Grèce, c'est-à-dire la civilisation de l'Europe, "l'Europe est, avant tout, la créatrice de la science", ajoutait-il. Cette lui science qui lui a tant apporté et qui, aujourd'hui, serait à l'origine de ses pathologies. 

     Du XVIe siècle au XIXe siècle, cette civilisation a conquis les Amériques et influencé le reste du monde y provoquant ici convoitise et imitation, là phénomène de rejet. Elle a "inventé" la révolution industrielle, substitué la puissance de la machine à la force de l'homme, multiplié sa capacité de production, ennobli les valeurs matérielles sans toujours que suive le spirituel. D'où le procès.
 
     Cette spécificité européenne est due aux caractéristiques du milieu et à la créativité des hommes qui en ont bénéficié : des terres fertiles, un climat tempéré, une idéale répartition des sols et des eaux, un cloisonnement par le relief décidant des particularismes des peuples, particularismes créant de stimulantes rivalités, origines d'un enrichissement intellectuel général.

     Pour le praticien ces conditions si favorables au progrès ont conduit à bien des excès, symptômes de dangereux dérèglements de la société. Il les passe en revue en les analysant et en révélant les enchaînements et l'ampleur de ses conséquences. 

     Dans la continuité de Bergson, notre auteur s'en prend au rationalisme absolu et aux excès d'un déterminisme, amplifié par un scientisme ambiant, et intolérant jusqu'à ne plus guère laisser de place à l'intuition.

     Comme enivrés par leurs réalisations, les hommes de cette civilisation se détournent de leur univers naturel pour s'en remettre à leur seul raisonnement, à leur logique. Mais celle-ci est faussée par un "progrès" qui substitue la machine à la réflexion et au bon sens initial. Le mal est d'autant plus profond que le milieu mécaniste produit ses effets dès l'enfance.

L'enseignement est devenu tributaire d'un dommageable environnement matériel et l'éducation est minée par la rupture des liens familiaux. Non seulement l'image, éliminant la réflexion, tient lieu de formation, mais Internet fournit à l'adolescent toutes les informations qu'il demandant aux "anciens", parents et enseignants. Cela sans qu'il lui soit possible de faire la part entre l'information sérieuse et la fantaisiste, et avec une abondance de renseignements dépassant souvent la compétence des parents et même des enseignants. D'où la destruction d'une hiérarchie naturelle, familiale ou scolaire et l'émancipation simultanée de l'enfant et des parents, ces derniers, déchargés de leur mission d'éducateurs. Dans ce qui fait office de morale, le "bien c'est l'égalité", ou l'apologie de la contre-nature. La loi de l'ordinateur élimine le subjectif.

     L'utilisateur doit parler son langage, et pour cela, simplifier le sien à l'extrême. S'il ne l'a pas programmé, mettre par exemple, de côté le raisonnement par éducation qu'autorise le simple bon sens. A la fin des années 1950, alors qu'entraient en service les premiers ordinateurs, un grand industriel français avait averti ses ingénieurs : si vous y mettez une ânerie la machine la répercutera en la sacralisant par l'autorité que lui confère son coût et son extraordinaire puissance de calcul.

     Un exemple du pouvoir du "bon sens" nous vient d'un chef d'entreprise suisse publiant un article sur les conséquences de la libre circulation des capitaux et qu'un raisonnement par déduction peut résumer comme suit : 

     1. Les capitaux circulent librement partout dans le monde. 
     2. Les "machines" exécutent ces mouvements quasi instantanément en court-circuitant les gouvernements.
     3. Les détenteurs de capitaux les expatrient, par exemple, en Chine, plus généralement dans les pays aux bas salaires ; l'emploi suit.
     4. En échange, les capitaux étrangers sont sollicités par les pays qui se vident des leurs.
     5. Les entreprises y trouvent leur profit mais leur main d'oeuvre en est réduite à la précarité.
     6. Il en résulte des mouvements migratoires justifiés par la quête d'emplois, là où aboutissent ou bien transitent les capitaux.
     7. Ces mouvements migratoires sont à l'origine de problèmes socio-économiques graves dont pâtissent les populations.
     8. Et ces crises sociales renforcent l'individualisme, chacun cherchant à s'en accommoder en raison de la carence des Etats affaiblis par la mondialisation des échanges.

     C'est ainsi qu'un phénomène financier contribue à de profonds malaises sociaux, et cela en passant par l'affaiblissement des Etats incapables de gouverner au profit de leurs ressortissants - défi à la démocratie - et par l'amplification des migrations, l'emploi s'efforçant de suivre la mobilité de l'argent.

     Autre corollaire - inattendu - de cette libre circulation des capitaux, les Etats, c'est-à-dire les gouvernements démontrent leur impuissance, la notion de collectivité nationale s'estompe, l'individualisme l'emporte et les populations, ainsi "civilisées" ne renouvellent plus les générations. Et notre auteur, bien placé pour le savoir, en expose les désastreux effets. 

      Il faut lire cette lettre d'un praticien à une société malade et se joindre à tous ceux qui luttent pour une inflexion de ce qui se passe aujourd'hui pour être le progrès absolu. Il l'est dans bien des domaines, mais à un coût prohibitif pour l'humanité.


Préface de Lettre ouverte d'un médecin à une société malade, Alain Bellaiche

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vendredi, 01 mars 2013

Demokratie und Homokratismus

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Demokratie und Homokratismus

Jan Mahnert:
Demokratie und Homokratismus
Wie die Gleichheitsideologie der Menschenrechte

die Demokratie und die Völker bedroht
Genius Edition, Band 3
Wien, 2011
176 Seiten, 17 x 24 cm
ISBN 978-3-9502238-2-8
Preis: 18,70 Euro
[Buchbestellung]

In unserer heutigen Vorstellungswelt gelten die Begriffe Demokratie und Menschenrechte  als miteinander fest verbunden. Doch sind sie das wirklich? Tatsächlich ist die Demokratie weit älter und facettenreicher, als es die viel jüngeren allgemeinen Menschenrechte sind. Zudem stützt sich die Demokratie auf  jeweils ein konkretes Volk als Souverän. Hingegen setzt die den Menschenrechten innewohnende universelle Gleichheitsideologie auf beliebig zusammengesetzte Menschenmassen als Substrat für demokratische Organisationsformen.  Um die sich daraus real ergebenden Konsequenzen besser verstehen zu können, plädiert das Buch für  eine begriffliche Unterscheidung: Jene Demokratien, die sich der universellen Gleichheitsideologie unterwerfen, sollen als Homokratien bezeichnet werden; ihre Ideologie ist der Homokratismus.  Diese Sichtweise erlaubt einen erhellenden Durchblick auf  die aktuellen politischen Entwicklungen mit deren Stichworten wie: Migration, Multikulturalismus, Pluralismus, Extremismus, Nationalstaat und Globalisierung. Auch der Parteienstaat mit seinen Eliten und Oligarchien wird aus dieser Perspektive analysiert sowie das ambivalente Verhältnis zwischen Diktatur und Demokratie beleuchtet.  Die vom homokratischen Gleichheitsgedanken bedrohten Völker Europas stehen vor Herausforderungen historischen Ausmaßes..

Jan Mahnert, Jahrgang 1973, hat nach seiner Jugendzeit in Genf an der Universität Genf Geografie studiert. Sein zweisprachiges Aufwachsen in der Westschweiz stimulierte sein Interesse für Politik ebenso im französischen wie im deutschen Kulturraum. Jan Mahnert leitete von 1999 bis 2003 die französische EU-kritische Zeitschrift L’Esprit Européen und schreibt seit 1999 auch für die in Wien erscheinende Zeitschrift Genius-Lesestücke.

Zum Inhalt (Seite)

Danksagung 7

Einleitung  
Krieg der Worte 9

Kapitel 1
Wie viel Gleichheit verträgt die Demokratie? 15

Kapitel 2
Das komplexe Verhältnis von Demokratie und Menschenrechten 21

Kapitel 3
Neue Begriffe sind gefragt 33

Kapitel 4
Gibt es zwischen Demokratie und Menschenrechten Gegensätze? 41

Kapitel 5
Rechtsschutz im Spannungsfeld zwischen Mensch und Volk 47

Kapitel 6
Welches Denken ist wirklich extremistisch? 69

Kapitel 7
Die Demokratie ist nicht schuld 99

Kapitel 8
Das ambivalente Verhältnis von Diktatur und Demokratie 107

Kapitel 9
Der Pluralismus und seine Grenzen 119

Kapitel 10
Eliten und Oligarchien im Parteienstaat 129

Kapitel 11
Über die Reformfähigkeit von Systemen 145


Literatur 167
Der Autor 173

mercredi, 27 février 2013

Alain de Benoist, le pervers narcissique

Alain de Benoist, le pervers narcissique

par Léonidas Martel

Ex: http://black-flag-and-friends.blogspot.com/


Autre "figure" qui fait l'actualité, en ce moment, c'est Alain de Benoist, depuis qui se fait descendre cette semaine dans Rivarol par Philippe Baillet, l'un des meilleurs traducteurs de Julius Evola. L'hebdomadaire de Jérome Bourbon lui en veut, puisque récemment déjà, Yann Le Kermadec tirait à boulet rouge sur le "pape de la Nouvelle Droite" dans ses colonnes ! Extraits :

“ Dans le cadre d’un dialogue avec la fille du chef retransmis en direct sur Radio Courtoisie le 19 janvier, Benoist déclarait : « Je tiens à dire à Marine Le Pen à quel point j’ai eu le coeur soulevé par certaines critiques » (2) à elle adressées. Ceux qui que Benoist, qui était déjà alors une âme sensible, un grand délicat, avait écrit à plusieurs reprises au début des années 1990, dans la Lettre de Magazine Hebdo, que les idées de Jean-Marie Le Pen « lui soulevaient le coeur ». Mais fin 2004, dans un entretien accordé à L’Aviso, éphémère revue mariniste, Benoist affirmait : « Je n’éprouve aucune animosité personnelle envers Jean-Marie Le Pen. […] De plus, et surtout, je ne suis pas quelqu’un qui hurle avec les loups. "

Il n'y a pas à dire : Alain de Benoist est une pure baltringue ! Il défend désormais une sorte de France fédérale qui reconnaîtrait les communautés et ne chercherait pas uniformiser son substrat humain à l'exemple des Jacobins. Tout cela pourrait être l'objet d'un débat au sein du camp National s'il n'incluait pas dans les communautés de sa France fédérale les immigrés arabo-africains au même titre que les Lorrains et les Gascons. Car, pour lui comme pour Soral, toute idée de combat pour une Europe Européenne est chimérique et odieux. Lui qui était pourtant, dans une autre vie, le chantre du "réalisme biologique"... Comme le disait Boris Le Lay (que je soupçonne d'être Yann Le Kermadec) : " L’idée d’un système intégrant les contraires, on reproduit exactement l’idéal démocratique moderne à savoir un état de droit neutre sur les valeurs tolérant la diversité des moeurs, des identités, des religions. C’est pourquoi contrairement à tout ce qui se dit, Alain de Benoist n’est qu’un démocrate à l’anglo-saxonne qui intègre le fait communautaire là où le jacobinisme étatiste le refuse, un idiot utile du cosmopolitisme."

Citons encore Philippe Baillet :

“ Cet effarant déficit d’incarnation prend aussi d’autres formes, dont peuvent témoigner tous ceux qui ont passé quelques jours en compagnie de Benoist. Celui-ci défend depuis longtemps des idées écologistes mais fume depuis plus longtemps encore comme une pétroleuse et prend sa voiture pour aller acheter sa cartouche de cigarettes. Il illustre volontiers ses revues Éléments et Nouvelle École de nus sculpturaux, brekeriens ou autres, mais n’a jamais pratiqué la moindre discipline physique ni ne s’est adonné au moindre art martial — méthodes qui eussent pu lui conférer un peu de densité charnelle. Il exalte le paganisme “solaire” mais ne met jamais le nez dehors, préférant vivre vissé à son fauteuil et rivé à son ordinateur.“

Ce qui est particulièrement drôle, c'est que dans son article intitulé " Homo Numericus ", Alain de Benoist fustigeait "les « geeks » (« cinglés »), jeunes accros de toutes les technologies numériques, pour ne rien dire des « nolife » qui, eux, n’ont quasiment plus aucun lien avec le monde extérieur et passent 24 heures sur 24 devant leur écran."

Terminons par la conclusion de l'article de Philippe Baillet :

« Le bilan est donc globalement négatif : malgré son énorme bibliothèque, dont il faut souhaiter qu’elle soit un jour prise en charge par une fondation ; malgré son immense culture ; malgré son intelligence exceptionnelle ; malgré son incontestable talent de plume et ses grandes qualités de conférencier, Alain de Benoist, pour des raisons qui tiennent d’abord à son “équation personnelle”, ne peut en aucun cas devenir un point de référence politique et culturel dans la perspective de la guerre civilisationnelle et raciale de demain, qui s’annonce déjà par tant de signes tangibles et qui pourrait être le creuset d’une vraie contre-révolution blanche. »

Bref, on l'aura compris : entre les orgueilleux, les lâches et les pervers narcissiques, il est crucial pour quiconque a la moindre velléité révolutionnaire de faire attention aux gens desquels il s'entoure...

De onoprechtheid van multiculturalisten

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http://www.doorstroming.net/index.php?option=com_content&view=article&id=140:de-onoprechtheid-van-multiculturalisten&catid=1:blog&Itemid=12

De onoprechtheid van multiculturalisten

Jaak Peeters

In een grondig gedocumenteerd boek van zeldzame politieke incorrectheid heeft  de Antwerpse auteur Wim van Rooy enkele jaren geleden scherp uitgehaald naar de onoprechtheid van de predikanten van het multiculturalisme. Van Rooy begint met een ferme uithaal naar ‘ons’ academische milieu, dat hij – zonder dat zo te zeggen – van komedie beschuldigt.

Dat is verre van onterecht. Verontwaardiging, die zo kenmerkend is voor ‘het volk’, mondt volgens de geleerde dames en heren veel te makkelijk uit in wat ze meesmuilend ‘populisme’ noemen. Het volk eist immers maatregelen. Het is niet gediend van eindeloze palavers over het geslacht van de engelen. Geconfronteerd met de concrete gevolgen van een falend en hopeloos versleten beleid, wensen de mensen de problemen opgelost te zien. Men leze er de opvattingen van Stephan Rummens en co maar op na. Een gelijkaardige houding neemt Jan Blommaert aan, ‘toevallig’ ook iemand uit de extreemlinkse hoek.

Die heeft het niet begrepen op de maatregel van het Antwerpse gemeentebestuur om immigranten te laten meebetalen voor de kosten die ze veroorzaken. Erger nog vindt Blommaert dat sommige illegalen gratis medicijnen tegen aids worden geweigerd. Oh, inbreuk op het diep-menselijke recht op geneeskundige bijstand! En ja hoor, meteen wordt hij bijgesprongen door een andere rode broeder: de onvermijdelijke Jozef de Witte.

Meneer Blommaert weet natuurlijk wel beter.

Ten eerste gaat het om slechts enkele gevallen.

Ten tweede waren er in die enkele gevallen wel degelijk verontschuldigingen in hoofde van het stadsbestuur.

Niks daarvan, vindt Blommaert: voor geneeskundige verzorging bestaan er geen uitzonderingen. Geen enkele. Punt, uit. Ziedaar Blommaerts radicalisme. Men zou er haast voor in bewondering neerknielen.

Maar één ogenblik, vriend Blommaert!  Als het waar is dat het recht op geneeskundige verzorging aan elk ander recht vooraf gaat, waarom voer je dan geen actie om de overheden van het oorsprongland te dwingen dit recht na te leven? Want als mensen de andere kant van de planeet moeten opzoeken om geneeskundige verzorging te krijgen, is het dan niet omdat de regering van hun eigen land in de fout is gegaan?  Waarom die sukkelaars zover weg van huis laten gaan – of is het bedoeld? – en ze nog op extra-kosten laten jagen omdat hun eigen regering tekortschiet? Waarom moet een reserve-overheid, de Antwerpse in dit geval,  telkens weer opdraaien voor het falen van de overheid die het éérst had moeten optreden?

Je kunt daarover een hele boom opzetten. Geen Blommaertiaans woord daarover, natuurlijk.

En dan was het deze week alweer prijs. Ene Jef Verschueren, die ons in zijn onbegrensde taalkundige wijsheid – hebben die taalkundigen (Blommaert noemt zich ook taalkundige) echt niets beters te doen? -  weet te vertellen dat elk nationalisme de neiging heeft naar autoritarisme te verglijden, ook als het in den beginnen ‘braaf’ is zoals dat van Dewever. Want dat nationalisme is niets anders dan een omfloerst identiteitsdiscours. Alles wat die identiteit kan bedreigen wordt gezien als een aanval op voor de integriteit van het volk. Dat hoeft niet te leiden tot uitsluiting van wie ‘anders’ is.  En dan komt het: ‘Dat was de theorie toen. In de praktijk zien we andere dingen, zowel toen als nu.’

Het zou ons te ver leiden om de kromrederingen van iemand die zich nochtans voorstelt als taalkundige even bloot te leggen. Bijvoorbeeld: waar haalt Verschueren de suggestie vandaan dat de praktijk ook nu andere dingen laat zien? Welke dan wel? Of zoiets als historisch pars pro toto? Of waar haalt hij vandaan dat de theorie ‘toen’ – hij bedoelt natuurlijk de tijd van de nazi’s – (ook) anders was dan de toenmalige praktijk? Ze was verdorie helemààl niet anders! Men kwam open en bloot uit voor rasverbetering en tégen rasvermenging. Zelfs aan de Katholieke Universiteit van Leuven waren er hoogleraren die openlijk antisemietische opvattingen koesterden. Hoge nazi’s waren bij de Engelse landadel veelal graag geziene gasten. En Hitler heeft over zijn ware bedoelingen ooit enige twijfel laten bestaan. Theorie en vreselijke praktijk vielen in die jaren wél samen en komen, omgekeerd, van geen kanten overeen met het nationalistische discours van vandaag.

Meer zelfs.

Hannah Arendt, de joodse filosofe van het totalitarisme heeft in haar Origins of Totalitarism, in haar hoofdstuk The Decline of the Nation-state, een scherp onderscheid gemaakt tussen nationalisme en totalitarisme. Ze komt ronduit op voor een duidelijke, betekenisvolle nationale staat, waar de burger zich in kan thuis voelen. Ze sluit zich aan bij Edmund Burke - jaja: de favoriet van Dewever! -, die verklaarde dat het veel wijzer is te spreken over De Rechten van de Engelsman dan over de abstracte Rechten van de Mens. In Burkes visie valt namelijk het recht op het bezit van een concrete nationale identiteit mee in de korf van rechten. De vluchtelinge Arendt wist héél goed waarover ze sprak.

Wat bezielt figuren als Blommaert, Verschueren en Rummens e.a. toch, als ze zowat alles ondernemen om de culturele rechten van minderheidsgroepen te promoten door het afbreken of minimaliseren van het recht op nationale identiteit van ‘ontvangende’ volkeren? Waarom moet de ene identiteit ten allen prijze gepromoot worden en de bestaande, nationale identiteit zoveel mogelijk verzwakt? Wat nog erger is: David Miller wijst erop dat een samenleving niet kan bestaan zonder een gezonde dosis onderling vertrouwen onder de burgers. Hoe groter de verschillen tussen die burgers, hoe moeizamer dat vertrouwen tot stand komt. Neem nu dat dit benodigde vertrouwen onder de drempel valt. Dan laat de toekomst zich zo voorspellen: er ontstaat een strijd tussen de groepen om de macht. De zwaksten – vaak de immigranten dus – zullen het onderspit delven. Wiens rechten worden hier eigenlijk beschermd? Even herinneren aan Ruanda?

Omgekeerd is het bij herhaling bewezen dat geïntegreerde immigranten vaak beter overtuigde nationale burgers zijn dan de autochtonen, al was het maar omdat ze het verschil kennen. Maar daartoe is dan nu net het bestaan van een sterke nationale identiteit noodzakelijk.

Deze gedachten liggen zo voor de hand, dat het bijzonder lastig wordt om te geloven in de afwezigheid van kwaadaardige bedoelingen bij de schrijvers die ik hier op de korrel neem.

Het idee dat oprijst is dat de heren helemaal niet echt geïnteresseerd zijn in de rechten van wie ‘anders” is, vermits het anderszijn in onze Vlaamse samenleving nu al ten overvloede gepraktiseerd wordt: holebi, blank en zwart, religies, beroepsgroepen, maatschappelijke klassen, verschillende politieke partijen, bloembollenkwekers en wijnboeren enzovoorts. De ware bedoeling van de bedoelde multiculturalisten is het afbreken van elke relevante en dus verplichtende nationale identiteit met het oog op een algehele massificatie – het plan van het totalitarisme, léés Arendt heren!-, wat nodig is om hun utopische communistische heilstaat te vestigen.

Zolang de eerlijke multiculturalisten niet openlijk spreken, staan ze mee onder deze verdenking.

Jaak Peeters

Februari 2013

lundi, 25 février 2013

Die ganz einfache Verblödung

Die ganz einfache Verblödung

by

Ex: http://helmutmueller.wordpress.com/

TV_Verbloedung.jpgIn Zeiten, in denen Politiker das gemeine Volk  zum Schenkelklopfen animieren und dessen Klugheit und Macht (am Wahltag) beschwören, ist das Verdummungsrisiko allgegenwärtig. Zu den  besonderen Gefahrenquellen zählen neben politischen Veranstaltungen aber vor allem die Medien. Von „digitaler Demenz“ spricht im Zusammenhang mit TV, Google und Co. der Neurowissenschaftler Manfred Spitzer.  Während der Intelligenzforscher Joseph Chilton Pearce gar der Meinung ist, daß unter dem Einfluß des Fernsehens die menschliche Evolution überhaupt an ihr Ende gekommen sei.                                                                           

Aber auch wer ständig „online“ sei, verblöde auf Dauer, so der Blogger Nicolas Carr. Dieser Befund wird mittlerweile durch die Erfahrungen des Alltags bestätigt. Und es gibt nicht nur unterschiedliche Ursachen, sondern auch verschiedene Wege zur Verdummung. Davon betroffen sind nicht nur Junge.

 

Steckt dahinter Methode, hat das ganze Sinn und Zweck?  Sollen die Menschen mit Geschichten aus Nataschas Intimbereich oder  der Beschäftigung von Spielekonsolen vom Denken, vor allem dem logischen und  kritischen, abgehalten werden?                            

Dafür spricht einiges. Man läßt dann Wichtiges andernorts denken, übernimmt Vorgefertigtes, möchte in seinen Aussagen „trendy“ sein und schließt sich einem kollektiven Meinungs-„Hipp“ an, auch wenn dieser aus reinem Profitdenken gespeist wird und für die Zukunft eines Gemeinwesens sehr Fragwürdiges  verspricht.                              

Wie etwa die jetzt von Politik und manchen Kirchenoberen propagierten neuen Familienmodelle aus der Serie Dekadenz für alle. Wobei in ganz spezieller Hinsicht, angesichts eines demographischen Niedergangs, die Verblödung kaum mehr zu überbieten ist.

 

Daß  sich ein nicht zu übersehender an Geist und Bildung armer Zustand besonders in der Politik ausbreitet, ist aus mehreren Gründen einsehbar. Zum einen zieht es schon seit längerem mehr Halbgebildete in diese Gefilde, zum anderen sind solche Politiker dann auch am geeignetsten, um mit vorgedachten, „mainstream“gefälligen  Meinungen, Lösungsansätzen und Modellen indoktriniert werden zu können.                                             

So ist neben den bereits angesprochenen alternativen Familienmodellen die Legalisierung von Haschisch, wie rot-grüne und liberale Superkluge es fordern, auch so ein importierter Schwachsinn. In dem einen wie in dem anderen Fall werden die umfangreichen Konsequenzen – sei es aus Denkbequemlichkeit, übrigens eine Vorstufe zur Verblödung, oder aus reinem Opportunismus – außer acht gelassen.

 

Klar ersichtlich hantelt sich die Verblödung in diesen und anderen Fällen an einem ideologischen Strang entlang, der nicht selten zu den merkwürdigsten Destinationen führt. Nehmen wir den Fall des Karl Lueger, dessen Denkmal in Wien erst in Schieflage gebracht werden sollte, jetzt aber „nur“ mit einer Zusatztafel bedacht werden soll.                           

Dieser große Wiener Bürgermeister, dem der heutige nicht das Wasser reichen könnte, war nämlich, o Schreck,  auch ein Antisemit, wie es von Seite eines einschlägig bekannten Historikers heißt. Aha, und wer war damals und auch früher  keiner?  Luther, Kaiserin Maria Theresia, Goethe, Napoleon, Wagner usw. lassen grüßen.                                            

Es stellt sich die Frage, ob mit solchen Aktionen der Sache wirklich gedient ist oder nicht doch etwas Latentes eher bestärkt wird. Ich meine, ja. Wem aber zu Nutzen?                                                                                                                                                          Eine der Ursachen für eine weit um sich greifende Verblödung mag wohl auch in der zunehmenden Unfähigkeit liegen, in Zusammenhängen zu denken. Das betrifft naturgemäß jüngere Menschen mehr. Was zwar  mit dem Bildungssystem auch zu tun hat, aber eben auch mit den die Zerstreuung fördernden und Vorgekautes liefernden digitalen Medien, deren Gefahren die meisten Eltern unterschätzen.                                                         

Oberflächlichkeit und Konzentrationsschwäche bestimmen daher bereits das Leben vieler Jugendlicher. Mit der Hand schreiben oder Bücher lesen werden zu                                         Nischenbeschäftigungen. Allgemeinbildung findet sich bald als Fremdwort. Viele leben bereits in einer fiktiven Welt, die Gewalt nicht mehr ausschließt. In welche Richtung geht so eigentlich  die Gehirnentwicklung?

 

Nun ist die Verblödung bei Erwachsen ab einem gewissen Zeitpunkt nur schwer  rückgängig zu machen, bei Kindern und Jugendlichen wäre ein bildungsmäßiges Defizit aber zu beheben. Wenn die Politik es nur wollte. Aber da haben wir eben ein Problem. Solange an den Schalthebeln der Politik nicht intelligentere und vor allem auch mutigere Verantwortungsträger sitzen, die nicht jedem Trend nachlaufen und Politik mit Show verwechseln, wird sich im gesellschaftlichen Bereich wenig ändern.                                           

Mit weiteren so  nichtssagenden Reden und unseriösen Ankündigungen gibt man der Verblödung höchstens neue Verbreitungsmöglichkeiten und der Jugend weiteren Grund Glotze und Google jeder sinnvollen auch gemeinschaftsdienlichen Beschäftigung oder gesellschaftspolitischen Hinwendung vorzuziehen.

samedi, 26 janvier 2013

Warten auf den Zusammenbruch

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Warten auf den Zusammenbruch

Haushalten. Etwas, das  vielen Hausfrauen nicht nur geläufig, sondern auch Richtschnur ihres täglichen ökonomischen Handelns ist, hat bei Politikern und sonstigen Verwaltern der allgemeinen Unordnung kaum eine Bedeutung.                                                                            

Planmäßig vernünftig disponieren, nicht verschwenden, solche Tugenden nehmen in deren Erwägungen und Entscheidungen fast keinen Platz ein. Es ist ja nicht ihr Geld, nicht ihr Vermögen, das sie beim Fenster hinauswerfen.

Politiker schöpfen ganz einfach aus dem Vollen, auch dann noch, wenn der Vorrat längst aufgebraucht ist. Ganze Staaten leben, dank ihrer jeweiligen verantwortungslosen Führung, auf Pump. Zur Freude der Geldverleiher.                                                                      

Mit ihrem jeweiligen Volk als Bürgen scheint der Regierungen Kreditwürdigkeit in vielen Fällen bei der internationalen Finanzoligarchie daher unbegrenzt. Über das Instrument Europäische Zentralbank (EZB) kann ja inzwischen beliebig viel Geld vermehrt und  über die ESM-Bank (Europäischer Stabilitätsmechanismus) verteilt werden.

Nun ist das Inumlaufbringen von Banknoten aber ein heikles Unternehmen, das man nicht über Gebühr strapazieren sollte. Nicht nur einmal in der Geschichte  stand am Ende ein angeschlagenes Geldwesen da, das seinen nicht selten schweiß- und tränenreichen Tribut von Staat und Gesellschaft forderte.                                                                                              

Da nun die Macht der geldschöpfenden EZB unbegrenzt scheint, geht von dort  und den dilettantischen EURO-Rettungsbemühungen die größte Gefahr aus.

Denn gerade die von der Politik zu absoluter Macht ermächtigten  EZB  und ESM werden  zum absoluten Mißbrauch ihrer Befugnisse eingeladen, wovor  bereits im 19. Jahrhundert der englische Nationalökonom Ricardo im Hinblick auf  das Bankwesen ganz allgemein gewarnt hatte.                                                                                                                              

Was Herrn Draghi („Die EZB ist bereit, alles Notwendige zu tun, um den Euro zu erhalten“. Und glauben Sie mir, es wird genug sein.“) mit der unersättlichen Finanzspinne Goldman Sachs im Hintergrund, kalt lassen dürfte.

Sollte  nämlich weiter so verfahren wie bisher und dem Treiben der EZB keine Schranken gesetzt werden, und wenig spricht dagegen, wird die wundersame Vermehrung des Geldes  in noch viel entscheidenderer  Weise als bisher die Kaufkraft desselben beeinflussen.    

Was ja auch deshalb leicht zu bewerkstelligen ist, weil die Verlockung sehr groß und mit wenig Widerstand zu rechnen ist. So steuern wir möglicherweise sehenden Auges  auf eine Hyperinflation zu.

Und wie sähe es einmal mit Konsequenzen für die Verantwortlichen aus? Es ist mir nicht geläufig, daß auch nur einmal in der Geschichte einer großen Währungszerstörung, die dafür Verantwortlichen, sei es an der Spitze einer Notenbank oder der eines Staates, deshalb um ihr Leben oder Gut zu fürchten gehabt hätten.                                                   

Doch unzählige kleine Leute mußten sich in Folge dessen aus Scham oder Verzweiflung das Leben nehmen. Als Kollateralschaden würde  man dies heute von verantwortlicher Seite nüchtern zur Kenntnis nehmen.

Gemeinsam mit dem Geld-Verschieber ESM wird eine gigantische Vermögensumverteilung (hin zu Finanzkonzernen, Banken  und Einzelpersonen) durchgeführt. Wie schon öfters  in ökonomischen Zeitenwenden kommt dabei eine Seite zum besonderen  Handkuss: das hart arbeitende Volk, das mehrheitlich auf ehrliche Art und Weise sein Brot verdient.                                                                                                           

Im Gegensatz zur Finanzmafia und deren Kumpanen in Staat und Gesellschaft hat die Mehrheit nur bescheidene Rücklagen oder ein Häuschen im Grünen erwirtschaften können, deren sie ab jetzt verlustig gehen können.

Nachdem  nun aber nicht nur Brüssel, sondern auch das ebenso fast bankrotte Washington das Heil in der großen Geldvermehrung sieht, der weder Leistung noch Werthaltiges gegenübersteht, könnte es mit einiger Wahrscheinlichkeit, so nicht ein Kraftakt vollbracht wird, zu einem Zusammenbruch der globalen Finanzstrukturen kommen. Daran lassen viele Volkswirtschaftler keinen Zweifel.

Die Frage scheint daher nicht mehr ob, sondern wann dieser Kollaps über die internationale Bühne gehen wird. Doch Lokale und nationale Selbstbestimmung könnten, ja müßten nach einem Währungsverfall und  ökonomischem Kollaps wieder die ihnen zustehende Bedeutung bekommen und ehrliche, solide  Arbeit ihren wahren Stellenwert zurückerhalten.

mercredi, 28 novembre 2012

Le nouveau "Big Brother"

 

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Le nouveau « Big Brother »

Dominique Venner

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Dans un nouvel essai à contre-courant, Jean-Claude Michéa décrit l’étonnante alliance qui s’est peu à peu formée au-delà des années 1980 entre l’intelligentsia de gauche et le capitalisme mondialisé. Cette convergence, difficilement imaginable trente ans plus tôt, en pleine guerre froide, dans les années 1950, avait déjà été étudiée de façon précoce par la philosophe Flora Montcorbier (Le Communisme de marché. De l’utopie marxiste à l’utopie mondialiste, L’Âge d’Homme, 2000). Ce phénomène n’avait pas échappé non plus à La Nouvelle Revue d’Histoire qui l’avait analysé dans son n°44 (septembre-octobre 2009) à l’occasion d’un article intitulé Violence et “doux commerce” (1).

La description foisonnante faite par Michéa commence par une réflexion qui justifie le titre un peu mystérieux de son essai. Ce titre se rapporte au mythe d’Orphée qu’il faut rappeler. Descendu au royaume des morts pour retrouver sa jeune épouse, la belle Eurydice, mordue par un serpent, Orphée parvient à convaincre Hadès de la laisser repartir avec lui. À une condition toutefois. Jamais Orphée ne devra « tourner ses regards en arrière ». Bien entendu, au moment où ils vont franchir la limite imposée par Hadès, Orphée ne peut s’empêcher de se retourner vers sa bien-aimée, perdant celle-ci pour toujours… S’appuyant sur ce mythe conté par Ovide, à la façon de Freud avec Œdipe, Michéa désigne par le « complexe d’Orphée » le faisceau de postures qui définit depuis deux siècles l’imaginaire d’une gauche adoratrice du Progrès. « Semblable au pauvre Orphée, l’homme de gauche est en effet condamné à gravir le sentier escarpé du “Progrès”, censé nous éloigner, chaque jour un peu plus, du monde infernal de la tradition et de l’enracinement, sans jamais s’autoriser le moindre regard en arrière ». Inutile de faire de gros efforts pour comprendre que ce parti pris de l’intelligentsia rejoint celui du capitalisme mondialiste. Ils ont en commun l’adoration du “Progrès” et le rejet de tout enracinement. Ils communient également dans la religion de l’Humanité, du cache-sexe humanitaire, du nomadisme et du métissage. Parmi une moisson d’autre faits révélateurs, Michéa rappelle qu’au début de l’année 2011, « on a pu voir coup sur coup Christine Lagarde, Laurence Parisot et Jean-François Copé (autrement dit, les véritables gardiens du temple libéral) venir discrètement reprocher au ministre de l’Intérieur [de l’époque] d’avoir joué avec le feu et lui rappeler fermement “que ses déclarations sur la diminution de l’immigration ne tenaient pas debout d’un point de vue économique” [souligné]. Que si, par conséquent, de tels propos improvisés venaient à être pris à la lettre par l’électorat populaire, on risquerait de compromettre les bases mêmes d’un économie capitaliste compétitive » (Le Canard enchaîné, 13 avril 2011). Cette question était devenue si évidente pour la survie du capitalisme globalisé, que, dès le 17 avril 2011, ainsi que le note Michéa, Le Monde offrait une page entière à Laurence Parisot (présidente du Medef) pour lui permettre de lancer un appel à « rester un pays ouvert, qui tire profit du métissage ». Est-il nécessaire d’en dire plus ? Oui, naturellement, et Michéa ne s’en prive pas. Chacun pourra donc se reporter à la masse de faits et de réflexions de son livre qui fait toute sa place au rôle de la police de la pensée.

Il faut noter au passage que Michéa n’est pas un populiste de droite. Il se dit « socialiste » à la façon de Pierre Leroux, inventeur en 1834 de ce mot aujourd’hui un peu carbonisé. Il conserve même une certaine tendresse pour le jeune Karl Marx, avant le tournant du socialisme « scientifique ». Il se sent surtout proche de George Orwell, auteur célèbre de 1984, qui se disait volontiers « anarchist tory », c’est-à-dire « anarchiste-conservateur », ce qui est plutôt sympathique et fait penser à ce qu’Ernst Jünger entendait par l’anarque. Cette attitude autorise Michéa à démolir joyeusement l’idéologie progressiste commune à l’intelligentsia de gauche et au capitalisme nomade. Le sens du passé, écrit-il, n’est pas seulement ce qui nous donne le pouvoir de méditer sur les civilisations disparues. Il est surtout ce qui permet à chaque individu et à chaque peuple « de s’inscrire dans une continuité historique et dans une somme de filiations et de fidélités », échappant ainsi à l’illusion adolescente d’un perpétuel recommencement, l’île déserte de Robinson ou l’an I de la Révolution.

Notes

(1) Réflexion développée dans mon livre Le Choc de l’Histoire (Via Romana, 2011).
(2) Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée (Climats, 358 p., 20 €).

mardi, 06 novembre 2012

L’anti-Modernité : une révolte contre-productive ?

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L’anti-Modernité : une révolte contre-productive ?

par Daniel COLOGNE

Je ne regrette pas les années passées dans la compagnie livresque de René Guénon et Julius Evola. L’un a concrétisé sa critique principielle de la modernité en « s’installant en Islam ». L’autre a mené, jusqu’à son décès survenu en 1974, un inlassable combat pour « orienter convenablement tous les révoltés contre le monde moderne » (Georges Feltin-Tracol).

À la fin de la décennie 1970, on commence à parler de « post-modernité », de « condition post-moderne » (Jean-François Lyotard), mais c’est plutôt une « hypermodernité » que d’aucuns diagnostiquent dans les événements de l’histoire la plus récente. On est donc en droit de se poser cette question : la position à contre-courant n’a-t-elle pas eu pour effet d’accentuer ledit courant ? L’anti-modernité serait-elle une révolte contre-productive ?

Ce sont les pays de la plus ancienne sagesse (l’Inde, la Chine) qui mettent aujourd’hui le plus d’acharnement à épouser la cadence infernale du productivisme occidental. « Enrichissez-vous rapidement » : ce mot d’ordre qui fait la synthèse de Guizot et de Marinetti est devenu la devise d’une terre où les sages d’autrefois faisaient équivaloir un million d’années de l’histoire humaine et un instant de la respiration divine. La volonté de puissance matérielle est désormais la seule raison de vivre de la pseudo-élite de milliardaires de cette Extrême-Asie où, il y a 2 500 ans, on cherchait « la Voie » en évitant de « tailler du bois à la place du Grand Charpentier ».

Loin d’offrir à l’Occident, via ses écoles soufies, un modèle de redressement spirituel, l’Islam des dernières décennies est traversé par des tendances qui le font apparaître comme une hideuse « machine à fabriquer de la haine » (Bernard-Henri Lévy) et qui constituent l’expression hypermoderne de la guérilla dont le nom même date de l’enlisement de Napoléon en Espagne (1808). Ce terrorisme aveugle, insoucieux des dégâts collatéraux parmi des milliers d’innocents, est une caricature de la « guerre sainte » (« grande » ou « petite »), une version meurtrière et dévoyée de la mors triumphalis qui promettait au guerrier de la Tradition une ascension paradisiaque dans les bras des Walkyries.

Moins par conviction profonde que par honnêteté intellectuelle, Guénon a examiné les potentialités de l’Église catholique romaine de restaurer spirituellement l’Occident. Dans le sillage de Georges Feltin-Tracol, il n’est pas interdit de penser qu’Evola voyait dans le catholicisme « une adaptation des vieux polythéismes européens ». Force nous est cependant d’admettre que les courants de « renouveau » qui traversent aujourd’hui l’Église vont dans le sens d’une protestantisation : contact direct de l’individu avec Dieu, charismes attribués sans discernement à des laïcs, influence de l’évangélisme nord-américain, sans parler des talibans bien spécifiques, tout aussi dangereux que ceux d’Asie Centrale, réchauffés en leur sein par des sectes manichéennes.

Notamment inspiré par Otto Weininger, Evola développe une Métaphysique du sexe tout en nuances, où la supériorité principielle du H sur le F s’accomode de la bisexualité concrète de tout être humain et de la subtile distinction entre sexe intérieur et sexe apparent. Bien que cet ouvrage ait été revendiqué comme livre de chevet par la célèbre chanteuse Dalida, les media véhiculent plus que jamais, depuis le début des années 2000, l’égalitarisme homme-femme façon Kate Millett et Simone de Beauvoir.

Dans ce domaine, les repères sont tellement brouillés qu’on a vu des chefs de file de partis identitaires mettre l’égalité des sexes au fronton de leur programme. Un ex-commissaire de police ainsi reconverti en suffragette s’est rangé aux côtés des amazones hystériques de la laïcité face aux prétendus périls du foulard et de la burqa. En Belgique et en France, Mesdames Antoinette Spaak et Élisabeth Badinter ont sommé les femmes musulmanes de se dévoiler pour mesurer avec leurs consœurs occidentales « éclairées » tout le chemin parcouru depuis Lucy pour la conquête des droits du « deuxième sexe ».

Nous voici à l’évocation du darwinisme, un des dogmes intouchables de la modernité. Sur ce point aussi, la critique guénonienne et évolienne a eu un effet paradoxal. Censée rebelle à toute vérité absolue, la modernité oppose depuis peu, à ceux qui persistent à se révolter contre elle, son dogmatisme de substitution, sa religion de rechange, ses « valeurs-fétiches » dont Georges Feltin-Tracol a pu écrire qu’elles exercent une « tyrannie morale », voire une « insupportable théocratie ».

Le progressisme est une de ces « valeurs-fétiches ». Encore convient-il d’écouter le sage conseil de Paul Virilio et de ne pas confondre le progrès et sa propagande. Ce n’est pas parce que les média présentent la Gay Pride comme une fête nationale qu’il faut tenir tous les homosexuels pour des exhibitionnistes. Sur les ondes et les écrans, les dépénalisations de l’avortement et de l’euthanasie apparaissent comme d’irréversibles « avancées ». Il ne faut cependant pas réagir comme si Simone Veil et Willy Peers avaient poussé toutes les femmes à se débarrasser de leurs enfants non désirés. Le progrès ne consiste pas à tuer un enfant dans le ventre de sa mère ou à abréger les souffrances d’un vieillard. Il ne réside que dans une édulcoration juridique somme toute banale. Qui oserait en effet traiter d’assassins le médecin qui accorde à son patient le droit de mourir dans la dignité ou la jeune femme qui refuse d’assumer les conséquences d’un moment d’égarement ?

C’est dans la mesure même où la critique anti-moderne s’en prend à « l’état de droit » comme à un bloc monolithique que la modernité impose son « processus d’indistinction » (Alain de Benoist) au bout duquel même les plus légitimes discriminations passent pour des injustices.

Dans l’une de ses livraisons de 2009, la revue Éléments met en garde contre le non-discernement des « articulations historiques contingentes », auxquelles il faut opposer les articulations idéologiques essentielles. L’État de  droit n’est pas indissociable du libéralisme. Le fait que l’embryon des « droits de l’homme » (l’habeas corpus) ait vu le jour en Angleterre au XVIIe siècle n’autorise nullement à penser le « droits-de-l’hommisme » échevelé des années 2000 comme la « super-structure » d’une « nouvelle classe » bourgeoise, dont les intérêts seraient par essence liés au monde anglo-saxon, à la thalassocratie, voire à « l’humanisme occidental » dénoncé d’une manière « sloganique » (Éric Louvier) dénuée de toute réflexion.

Sur la base de critères secondaires (couleur de la peau, appartenance ethno-religieuse, marginalisation sociale, comportement sexuel minoritaire), le principe de non-discrimination de l’État de droit peut parfaitement être respecté par un régime non moderne, dont la doctrine officielle serait le retour aux inégalités naturelles, aux hiérarchies transversales, aux « races de l’esprit ». Pour cette dernière grande idée, les évoliens militent depuis trois décennies pour constater que le discours dominant demeure l’égalitarisme réduisant les humains à ce qu’ils ont de plus ordinaire en commun (double sens du latin laicus), tandis que la révolte anti-moderne reste entachée de racisme, « ennemi gémellaire » de l’universalisme, selon une heureuse formule de Georges Feltin-Tracol. Tradition et modernité seraient-elles des « ennemis gémellaires » ? Posons-nous enfin cette bonne question, sans quoi notre lutte contre un Système doté d’une immense faculté de récupération risque de déboucher sur une « impasse intellectuelle majeure » (Rodolphe Badinand).

La « démonie de l’économie » (Evola) et « le règne de la quantité » (Guénon) nous a préservés de l’absurde tentation de réduire l’homme à sa capacité de travail social. Nous avons mobilisé les plus vieux mythes de l’humanité pour étayer notre vision du travail comme pénible par définition, issu d’une « chute » et d’un « péché originel » (perspective biblique), résultant de la sortie de « l’Âge d’Or » (point de vue des légendes païennes), mais toujours connoté par les idées de souffrance, de peine, voire de torture.

Les utopistes narratifs et programmatiques des temps modernes ont consolidé cette vision. Les récits de voyages nous ont emmenés, non vers des « pays de nulle part » (ou-topos), mais vers des lieux idéaux où l’on se sent bien (eu-topos) parce qu’on y travaille de moins en moins. Les premières doctrines socialistes inscrivaient la diminution du temps de travail dans le développement normal de l’histoire de la « race humaine aux destins d’or vouée » (Émile Verhaeren). En 1911, le gendre de Karl Marx publiait un Droit à la paresse, tandis que jouaient encore en culottes courtes des sociologues qui annonceraient, un demi-siècle plus tard, une « civilisation des loisirs », une « révolution silencieuse » où le progrès technique délivrerait l’humanité d’une large part de pénibilité du travail, une « ère nouvelle » où serait déchiré « le vieux cahier des charges », comme le chantait Nougaro en 1988 (Il faut tourner la page).

On nous dit aujourd’hui que, pour faire face à la crise et relancer la croissance, il faut travailler plus, tant au niveau de la prestation hebdomadaire qu’à l’échelle de la vie tout entière. Presque aussi absurde que le service militaire obligatoire, cette idée figure parmi celles que l’on peut critiquer tant du point de vue traditionnel que moderne. C’est vers ce type de critique qu’il faut braquer de nouveaux faisceaux de clarté, afin de dépasser le clivage dans lequel les pseudo-Lumières cherchent à nous enfermer, pour abandonner le stérile et obsolète antagonisme Tradition – Modernité.

J’ai cité Verhaeren et pour terminer, à travers un coup d’œil sur ses recueils Les Campagnes hallucinées et Les Villes tentaculaires, je vais suggérer aux générations futures de notre famille de pensée l’approfondissement de nos lettres et de nos arts européens, et tout particulièrement de notre patrimoine poétique, qui recèle peut-être de plus vives sources de lumière que les grandes œuvres théoriques du traditionalisme.

Certains poèmes de Verhaeren évoquent la Tradition et la Modernité par des images fortes davantage que par l’enchaînement parfois rébarbatif des concepts, et ce dans la féconde perspective d’une « synthèse des mondes » aux antipodes des lassantes antinomies toujours recommencées.

 

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Mais il faut d’abord faire justice d’un préjugé. Verhaeren n’est pas un chantre du modernisme. Certes, il est fasciné par les cheminées d’usines et les locomotives à vapeur, mais il reste sensible au charme des béguinages et des beffrois. Le rythme de la vie moderne lui inspire une esthétique nouvelle désarticulant la strophe en vers hétérométriques, mais il n’abandonne jamais complètement l’usage de l’alexandrin. Il est socialiste sans jamais oublier que la conquête des droits implique l’assomption de devoirs correspondants. Il perd la foi catholique en 1885, mais dix ans plus tard, il écrit encore :

« Et qu’importent les maux et les heures démentes,

Et les cuves de vice où la cité fermente,

Si quelque jour, du fond des brouillards et des voiles,

Surgit un nouveau Christ, en lumière sculpté,

Qui soulève vers lui l’humanité

Et la baptise au feu de nouvelles étoiles. »

Reflété par l’agglomération urbaine dévorant la campagne, l’affrontement de la Modernité et de la Tradition se poursuit dans l’enceinte même de la cité, où coexistent désormais les joyaux d’architecture passée et le réseau de plus en plus dense du chemin de fer, que le jeune Verhaeren a vu s’étendre dans la seconde moitié du XIXe siècle.

« Et les vitraux, peuplés de siècles rassemblés

Devant le Christ – avec leurs papes immobiles

Et leurs martyrs et leurs héros – semblent trembler

Au bruit d’un train lointain qui roule sur la ville. »

(Les cathédrales)

 

Lorsque Émile Verhaeren décède en 1916, à l’âge de 61 ans, dans un stupide accident ferroviaire en gare de Rouen, Julius Evola n’est encore qu’un artilleur perdu dans l’anonymat des tranchées et René Guénon n’a pour carte de visite que quelques années d’errance dans l’univers glauque de l’occultisme parisien. Mais les vers prophétiques du poète couvrent aujourd’hui de leur voix sonore les lourdes ratiocinations philosophiques sur le matérialisme devenu planétaire :

 

« Oh l’or, là-bas, comme des tours dans les nuages,

L’or étalé sur l’étagère des mirages,

Avec des millions de bras tendus vers lui,

Et des gestes et des appels, la nuit,

Et la prière unanime qui gronde,

De l’un à l’autre bout des horizons du monde ! »

(La Bourse).

 

Point n’était besoin de déclarer des « guerres en chaîne » (Raymond Aron) et de remplir les rayons des bibliothèques pour deviner que le capitalisme sortirait vainqueur de toutes les révolutions qui ont cherché à l’abattre.

 

L’or de Verhaeren n’est pas seulement l’objet de la quête frénétique du profit. C’est aussi le métal précieux qui symbolise le premier âge du monde bien avant qu’Evola et Guénon n’appellent Hésiode et Virgile à la rescousse pour en célébrer les bienfaits perdus.

 

L’Âge d’Or selon Verhaeren n’est pas une théocratie parfaite, une royauté sacrée, un système de castes que n’altère aucun dysfonctionnement. C’est une source de lumière décrite en termes d’esthète :

« Plus loin que la vertu ou le vice,

Par au delà du vrai, du faux, de l’équité,

Et plus haute que n’est la force et la justice,

Luit la beauté. »

 

(Les idées)

« Clef du cycle humain », la beauté est « large accord » et « totale harmonie ». Toujours dans le même texte, Verhaeren ajoute :

« Les temps sont datés d’elle et marchent glorieux

Dès que sa volonté leur est douce et amie. »

Nous verrons plus loin que le « cycle humain » s’ouvre sur la beauté et se clôt avec la sagesse, mais il arrive que le poète attende aussi la beauté dans le futur,

« Vers les temps clairs, illuminés de fêtes ,

[car]

Quiconque espère en elle est au delà de l’heure

Qui frappe aux cadrans noirs de sa demeure. »

 

Sous les auspices de la sagesse ou de la beauté, ou des deux à la fois, le « temps des Dieux » reviendra et redonnera vie au « cœur antique de la terre » qui « pourrit » dans

« La plaine et le pays sans fin

Où le soleil est blanc comme la faim. »

(Les Plaines).

Dans cette attente alternent des périodes d’assombrissement et des phases de renouveau : l’Égypte, la Grèce, Florence, Paris. Le décadentisme linéaire contre-productif est étranger à Verhaeren qui salue l’humanisme du Quattrocento comme une authentique renaissance et le classicisme français indépendamment de son articulation historique avec l’absolutisme et le centralisme du « Roi-Soleil ».

Étonnante est la place que réserve Verhaeren au Christianisme dans le mouvement général de l’histoire. Le Dieu unique des chrétiens apparaît comme l’ultime avatar du polythéisme. Évoquant les ostensoirs des cathédrales, le poète écrit :

« Ils conservent, ornés de feu,

Pour l’universelle amnistie,

Le baiser blanc du dernier Dieu,

Tombé sur terre en une hostie. »

Certaines strophes ont des accents nietzschéens :

« L’esprit de la campagne était l’esprit de Dieu;

Il eut peur de la recherche et des révoltes;

Il chut; et le voici qui meurt, sous les essieux

Et sous les chars en feu des nouvelles récoltes. »

Mais avant la « mort de Dieu », c’est l’éclipse de l’astre diurne qui hante le poète et ne laisse dans l’obscurité que la crainte de la mort.

« Et les grands bras des Christs funèbres,

Aux carrefours, dans les ténèbres,

Semblent grandir et tout à coup partir,

En cris de peur, vers le soleil perdu. »

Verhaeren semble préfacer ici le monothéisme solaire d’Hermann Wirth (1885 – 1981) et la vision d’une humanité conviée à enrichir le « progrès » (uniquement horizontal et matériel) par une Aufgang (ascension spirituelle, dimension verticale).

« Ô race humaine aux destins d’or vouée. »

Dieu et Satan sont présentés comme des « ennemis gémellaires ». Pour affermir la foi en l’un, l’autre sème la peur. Face aux mauvaises récoltes et à leurs granges ravagées par les intempéries, les paysans ne savent plus à qui adresser leurs prières, à l’Être Suprême qui devrait rayonner de miséricorde ou à son complice destructeur inavouable :

« Le Satan noir des champs brûlés

Et des fermiers ensorcelés

Qui font des croix de la main gauche. »

(Pèlerinage)

Devant les ambiguïtés des chrétiens d’aujourd’hui, Verhaeren récrirait sans doute ces vers qui dépeignent les croyants d’avant 1914 :

« Luttant avec des cris et des antinomies,

Au nom du Christ, le maître abominable ou doux,

Selon celui qui interprète ses paroles. »

(Les idées)

Le matérialisme est évidemment dénoncé comme un symptôme crépusculaire :

« Comme un torse de pierre et de métal debout

Le monument de l’or dans les ténèbres bout. »

La modernité ne coïncide pas pour autant avec l’agonie de la civilisation. Verhaeren place dans la recherche scientifique son espoir d’une définitive résurrection à l’horizon d’un avenir lointain.

« C’est la maison de la science au loin dardée,

Par à travers les faits jusqu’aux claires idées. »

(La Recherche).

La science est à la fois une accumulation de savoir et un trésor de sagesse. Aussi Verhaeren imagine-t-il « les derniers paradis » comme des campagnes à la paix retrouvée, « un monde enfin libéré de l’emprise des villes » et de leur voracité tentaculaire, des champs « délivrés de leur folie » et « affranchis de leurs présages », une terre nouvelle

« Où s’en viendront rêver, à l’aube et aux midis,

Avant de s’endormir dans les soirs clairs, les sages. »

(Vers le futur)

De ce rêve de poète qui unifie le meilleur de la Tradition et de la Modernité en une synthèse « s’élevant au ciel », il y a peut-être beaucoup plus à attendre que des constructions philosophiques, si brillantes soient-elles, qui les opposent en un conflit sans issue et nous entraînent dans une impasse en sous-sol majeur.

Daniel Cologne


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Entretien avec Gilbert Sincyr

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« Le Paganisme est une Vue du monde basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme. Il est fondé sur le sens de l’honneur et de la responsabilité de l’Homme, face aux évènements de la vie »

Entretien avec Gilbert Sincyr, auteur du livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe

par Fabrice Dutilleul

Votre livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe est un succès. Pourtant ce thème peut paraître quelque peu « décalé » à notre époque.

Bien au contraire : si les églises se vident, ce n’est pas parce que l’homme a perdu le sens du sacré, c’est parce que l’Européen se sent mal à l’aise vis-à-vis d’une religion qui ne répond pas à sa sensibilité. L’Européen est un être qui aspire à la liberté et à la responsabilité. Or, lui répéter que son destin dépend du bon vouloir d’un Dieu étranger, que dès sa naissance il est marqué par le péché, et qu’il devra passer sa vie à demander le pardon de ses soi-disant fautes, n’est pas ce que l’on peut appeler être un adulte maître de son destin. Plus les populations sont évoluées, plus on constate leur rejet de l’approche monothéiste avec un Dieu responsable de tout ce qui est bon, mais jamais du mal ou de la souffrance, et devant qui il convient de se prosterner. Maintenant que l’Église n’a plus son pouvoir dominateur sur le peuple, on constate une évolution vers une aspiration à la liberté de l’esprit. C’est un chemin à rebours de la condamnation évangélique, originelle et perpétuelle.

 

Alors, qu’est-ce que le Paganisme ?

C’est d’abord un qualificatif choisi par l’Église pour désigner d’un mot l’ensemble des religions européennes, puisqu’à l’évidence elles reposaient sur des valeurs communes. C’est donc le terme qui englobe l’héritage spirituel et culturel des Indo-européens. Le Paganisme est une Vue du monde basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme. Il est fondé sur le sens de l’honneur et de la responsabilité de l’Homme, face aux évènements de la vie. Ce mental de combat s’est élaboré depuis le néolithique au fil de milliers d’années nous donnant une façon de penser, une attitude face au monde. Il est à l’opposé de l’assujettissement traditionnel moyen-oriental devant une force extérieure, la volonté divine, qui contrôle le destin de chacun. Ainsi donc, le Paganisme contient et exprime l’identité que se sont forgés les Européens, du néolithique à la révolution chrétienne.

 

Vous voulez donc remplacer un Dieu par plusieurs ?

Pas du tout. Les temps ne sont plus à l’adoration. Les Hommes ont acquit des connaissances qui les éloignent des peurs ancestrales. Personne n’a encore apporté la preuve incontestable qu’il existe, ou qu’il n’existe pas, une force « spirituelle » universelle. Des hommes à l’intelligence exceptionnelle, continuent à s’affronter sur ce sujet, et je crois que personne ne mettrait sa tête à couper, pour l’un ou l’autre de ces choix. Ce n’est donc pas ainsi que nous posons le problème.

Le Paganisme, qui est l’expression européenne d’une vue unitaire du monde, à l’opposé de la conception dualiste des monothéismes, est la réponse spécifique d’autres peuples aux mêmes questionnements. D’où les différences entre civilisations.

Quand il y a invasion et submersion d’une civilisation par une autre, on appelle cela une colonisation. C’est ce qui s’est passé en Europe, contrainte souvent par la terreur, à changer de religion (souvenons-nous de la chasse aux idoles et aux sorcières, des destructions des temples anciens, des tortures et bûchers, tout cela bien sûr au nom de l’amour). Quand il y a rejet de cette colonisation, dans un but de recherche identitaire, on appelle cela une libération, ou une « Reconquista », comme on l’a dit de l’Espagne lors du reflux des Arabes. Et nous en sommes là, sauf qu’il ne s’agit pas de reflux, mais d’abandon de valeurs étrangères au profit d’un retour de notre identité spirituelle.

Convertis par la force, les Européens se libèrent. « Chassez le naturel et il revient au galop », dit-on, et voilà que notre identité refoulée nous revient à nouveau. Non pas par un retour des anciens Dieux, forme d’expression d’une époque lointaine, mais comme un recours aux valeurs de liberté et de responsabilité qui étaient les nôtres, et que le Paganisme contient et exprime.

Débarrassés des miasmes du monothéisme totalitaire, les Européens retrouvent leur contact privilégié avec la nature. On reparle d’altérité plutôt que d’égalité, d’honneur plutôt que d’humilité, de responsabilité, de volonté, de défi, de diversité, d’identité, enfin de ce qui constitue notre héritage culturel, pourchassé, rejeté et condamné depuis deux mille ans.

 

S’agit-il alors d’une nouvelle guerre de religion ?

Pas du tout, évidemment. Les Européens doivent dépasser ce qui leur a été imposé et qui leur est étranger. Nous devons réunifier sacré et profane, c’est-à-dire réaffirmer que l’homme est un tout, que, de ce fait, il est le maître de son destin car il n’y a pas dichotomie entre corps et esprit. Les Européens ne doivent plus s’agenouiller pour implorer le pardon de fautes définies par une idéologie dictatoriale moyen-orientale. Ce n’est pas vers un retour du passé qu’il nous faut nous tourner, gardons-nous surtout d’une attitude passéiste, elle ne serait que folklore et compromission. Au contraire des religions monothéistes, sclérosées dans leurs livres intouchables, le Paganisme, comme une source jaillissante, doit se trouver de nouveaux chemins, de nouvelles expressions. À l’inverse des religions du livre, bloquées, incapables d’évoluer, dépassées et vieillissantes, le Paganisme est l’expression de la liberté de l’homme européen, dans son environnement naturel qu’il respecte. C’est une source de vie qui jaillit de nouveau en Europe, affirmant notre identité, et notre sens du sacré, pour un avenir de fierté, de liberté et de volonté, dans la modernité.

 

Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe de Gilbert Sincyr, éditions de L’Æncre, collection « Patrimoine des Religions », dirigée par Philippe Randa, 232 pages, 25 euros.

 

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lundi, 29 octobre 2012

Remarques perçantes sur les lettres persanes et la pensée médiatique

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Nicolas BONNAL:

Remarques perçantes sur les lettres persanes et la pensée médiatique

Ah ! Ah ! Monsieur est Persan ?
C’est une chose bien extraordinaire !
Comment peut-on être Persan ?

En 1721 Montesquieu publie les « Lettres persanes« , petit ouvrage crochu et politiquement correct, destiné à être lu par le public décalé et jouisseur de la Régence : le succès est immense. Le bouquin est devenu un classique de cette littérature du XVIIIe siècle à dire vrai assez médiocre, mais si proche de nos moeurs, de nos marottes, de nos caprices de vieux. Le livre invente aussi quelque part le style journalistique venu d’Angleterre, comme toute la décadence française et même européenne, le matérialisme et la superficialité contemporaines.

Ce qui est le plus marrant dans le style journalistique, c’est qu’il ne se rend pas compte des rares fois où il dit la vérité. L’homme moderne, comme dit Soljenitsyne ne sait pas s’il est vivant, et le journaliste ambiant ne sait surtout pas quand il est conscient. Sur Montesquieu et son style élevé, sa lucidité parfois réelle, on peut citer cette phrase mémorable des « Commentaires » de Debord :

« Il est vrai que cette critique spectaculaire du spectacle, venue tard et qui pour comble voudrait « se faire connaître » sur le même terrain, s’en tiendra forcément à des généralités vaines ou à d’hypocrites regrets ; comme aussi paraît vaine cette sagesse désabusée qui bouffonne dans un journal. »

Montesquieu est peut-être avec Molière le seul classique qui nous quitte les remords de ne pas être né avant, à cette époque, in illo tempore, comme on dit chez Virgile. Reprenons le si scolaire (et mal expliqué, cela va de soi) passage sur les Persans à Paris. Ils deviennent des célébrités exotiques et dans l’instant on les « reproduit ». On est déjà dans la société de l’image, de la légende urbaine et de l’icône culturelle :

« Chose admirable ! Je trouvais de mes portraits partout ; je me voyais multiplié dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne m’avoir pas assez vu. »

La société de la Régence a rompu avec le Grand siècle, Bossuet et Louis XIV. On récolte les escroqueries financières, la culture du badaud amusé et le libertinage en attendant la Révolution. Les « Lettres persanes » sont en grande partie faites des cancans du harem, des minettes favorites, des eunuques et du reste qui annonce nos reality-shows. On n’y possède pas encore de gadgets Apple, mais c’est tout comme :

« Si j’étais aux spectacles, je voyais aussitôt cent lorgnettes dressées contre ma figure : enfin jamais homme n’a tant été vu que moi. Je souriais quelquefois d’entendre des gens qui n’étaient presque jamais sortis de leur chambre, qui disaient entre eux : Il faut avouer qu’il a l’air bien persan. »

On remarque les préoccupations très people de cette meute de beaufs qui veulent être tenus au courant du dernier persan venu à paris, en attendant celles sur le prochain persan bombardé… Le fait de tous faire mécaniquement la même chose, au siècle de l’homme-machine de La Mettrie et des chefs-d’oeuvre de Vaucanson ne retient personne, bien au contraire ! Etre branché, être au courant, être réactif, c’est faire comme le troupeau. C’est l’apophtegme de la démocratie moderne et libertaire : sois toi-même, fais comme tous. Il faut être là ou ça bouge, c’est-à-dire là où ça s’entasse.

Montesquieu rit bien sûr du pape, « vieille idole que l’on encense par habitude ! ». Il hait le catholicisme (L’inquisition ! L’inquisition !), il se moque du roi, « grand magicien » en matière monétaire (on a fait mieux depuis !!!) et il encense la vieille Venise et l’Angleterre. Mais il s’intéresse surtout à la mode, comme tous les esprits profonds de notre temps. Et que dit-il ?

« Je trouve les caprices de la mode, chez les Français, étonnants. Ils ont oublié comment ils étaient habillés cet été ; ils ignorent encore plus comment ils le seront cet hiver : mais surtout on ne saurait croire combien il en coûte à un mari, pour mettre sa femme à la mode. »

Tout va très vite, madame la marquise ! Dans leur ton provocateur, ces phrases sont étonnantes de lucidité ignorée et inconsciente. Montesquieu pressent la fin de l’histoire de Hegel et Kojève, et il annonce le présent permanent des penseurs profonds du XIXe, concept repris par notre dernier classique Guy Debord pour dépiauter notre réalité contemporaine :

« La construction d’un présent où la mode elle-même, de l’habillement aux chanteurs, s’est immobilisée, qui veut oublier le passé et qui ne donne plus l’impression de croire à un avenir, est obtenue par l’incessant passage circulaire de l’information, revenant à tout instant sur une liste très succincte des mêmes vétilles, annoncées passionnément comme d’importantes nouvelles ; alors que ne passent que rarement, et par brèves saccades, les nouvelles véritablement importantes, sur ce qui change effectivement. »

L’idée que tout va très vite est vieille comme la civilisation. En tout cas, il est défendu dans ces lignes de s’absenter de la matrice : elle pourrait se venger ! Il ne faut pas se laisser oublier, il faut préparer son retour, son come-back, comme on dit chez les vrais ploucs !

 

« Une femme qui quitte Paris pour aller passer six mois à la campagne en revient aussi antique que si elle s’y était oubliée trente ans. »

Il est vrai qu’à cette époque la campagne est encore un peu loi, même si Manon Lescaut et son amant joueur et spéculateur veulent leur hôtel particulier pas trop loin de la capitale !

J’en finis avec cette belle phrase, qui annonce bien nos temps qui courent, ou qui galopent même :

« Dans cette changeante nation, quoi qu’en dise le critique, les filles se trouvent autrement faites que leurs mères. »

Elle me fait tant penser dans sa perfection à celle de Debord, ce classique venu du marxisme, qui s’en prend à ce monde où « les hommes ressemblent plus à leur temps qu’à leur père. » Et c’est ainsi que le choc générationnel était bien plus profond et même ancien qu’on ne le croyait !

Il serait temps, en cette fin des temps, d’être un peu plus… perçant.

Nicolas Bonnal

 http://www.france-courtoise.info

samedi, 27 octobre 2012

Différence sexuée et orientation sexuelle : ne pas tout confondre

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Différence sexuée et orientation sexuelle : ne pas tout confondre

par Pierre LE VIGAN

La protestation de députés U.M.P. vis-à-vis de la nouvelle rédaction des manuels de Première en Sciences de la vie et de la terre (S.V.T.) amène, à nouveau, à s’interroger sur une polémique où la stupidité n’est pas d’un seul côté.

L’émission « Répliques » de France Culture, du 8 octobre 2011, a encore abordé ce débat sous le titre « Théorie du genre, différence des sexes ».

De quoi s’agit-il ? Les manuels de Première en S.V.T. indiquent « si l’identité sexuelle et les rôles sexuels et ses stéréotypes dans la société appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle appartient à la sphère privée ». Paradoxe : affirmer dans un manuel public que « l’orientation sexuelle appartient à la sphère privée » est quelque peu contradictoire. Mais l’essentiel est ailleurs. L’identité sexuée c’est pour l’immense majorité d’entre nous le genre sexuel, masculin ou féminin, qui nous est assigné par la nature, ou si on préfère, le hasard ou encore le destin. L’ambiguïté anatomique est ici très rare et donc l’identité sexuée est pour l’immense majorité un non-problème. Elle est évidente. À côté de cela, on parle parfois d’une identité sexuelle, qui serait plus ouverte. Si on veut dire par là que, dans la psychologie de chacun, cœxistent des éléments féminins et des éléments masculins, c’est exact. Mais la notion d’identité sexuelle tend plutôt à introduire de la confusion. Ce qu’il faut mettre en rapport avec l’identité sexuée, c’est bien plutôt la notion d’orientation sexuelle. Or celle-ci est effectivement ouverte, un homme peut aimer les hommes, en tout cas les préférer. Idem pour une femme qui peut préférer ses semblables au sexe opposé. Ce que nous apprend la sociologie la plus élémentaire, c’est tout de même que cette orientation ne concerne rarement plus de 10 % d’une population. Elle est marginale comme celle des collectionneurs de timbres ou des passionnés d’histoire napoléonienne, ce qui bien entendu ne dit rien de sa valeur ou de non-valeur.

Soyons clair : l’idée de discriminer les homosexuels est antipathique, l’idée de les recenser aussi – ce qui paradoxalement invalide l’idée défendue par certains homosexuels d’imposer le « outing », déclaration comme quoi on est ou on a été à l’occasion praticien de l’homosexualité. Pour ma part,  je trouve souhaitable d’éduquer au rejet de l’homophobie, c’est-à-dire à combattre l’idée que les homosexuels seraient moins respectables (ou moins courageux, ou moins franc, moins loyaux, etc.) que d’autres. Cela fait partie des multiples aspects de la morale civique, et d’ailleurs de l’intelligence la plus élémentaire. L’important est de ne pas tout confondre. Or une tendance actuelle tend à dire que les orientations sexuelles ne sont que le fruit d’un conditionnement culturel et qu’il faut combattre celui-ci. Dans cette perspective, c’est toute la littérature enfantine, ou une bonne partie de la littérature tout court qui font partie de ce conditionnement. On voit l’absurdité. L’histoire de l’homme comme créateur d’œuvres littéraires et artistiques est condamnée. Or l’histoire de l’homme n’est pas autre chose que l’expression de ce qui lui est propre anthropologiquement. Le genre, c’est-à-dire être homme ou femme fait partie de l’identité sexuée et un homosexuel homme reste du point de vue de la sexuation pleinement un homme, sauf cas très rares des transsexuels. L’orientation sexuelle est bien autre chose que l’identité sexuée c’est-à-dire le genre, masculin ou féminin, elle relève bien souvent d’une histoire personnelle que la société – et, pour le coup, nous serons d’accord avec le manuel de première, – n’a pas à connaître; c’est une affaire privée. Voir dans le genre, comme le font les gender studies (« études de genre ») bénéficiant avec une folie inconscience d’une chaire à Sciences Po une pure histoire de rapports de force, et en clair de domination des schémas masculins, c’est un contresens total. C’est surtout du constructivisme anthropologique dans la filiation directe du communisme le plus stalinien. Que l’identité sexuée ait à voir non seulement avec l’anatomie mais avec les sédimentations culturelles, c’est une évidence et cela prouve une fois de plus que la nature de l’homme, c’est aussi d’avoir une culture : l’homme est un animal naturel et culturel. Mais que les sédimentations culturelles soient l’origine – et une origine soi-disant « artificielle » – des identités sexuées est absurde.

Freud faisait l’éloge des « belles différences ». L’écrivain Michel Schneider s’attache aussi à la valeur symbolique et structurante pour l’homme de ces « belles différences ». Que la pratique homosexuelle, prédominante ou occasionnelle, s’inscrive dans une différence à l’intérieur de ces « belles différences », c’est une chose. Que ces orientations et ces pratiques puissent aboutir à nier les identités sexuées elles-mêmes ce n’est pas sérieusement défendable.

Pierre Le Vigan


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lundi, 22 octobre 2012

The Loss of Reality

The Loss of Reality

The Ideological Caste and its Tyranny

 
 
 
Ma-Perte-de-Poids-Mythes-Nutritionnels.jpgThere is a distinction between natural and artificial societies. Natural societies grow organically within a group of people with a shared ancestry. This is why patriotism is natural – it grows from emotional relationships and does not need a theory or ideological underpinning. There is more to human nature than reason and the act of bonding with your people and territory is a process of feeling, instinct, intuition and other human qualities.


I live in England so I will use England as my exemplar. England has been a nation since the time of Alfred the Great, and it is an emotional, organic growth, not an intellectual agreement. Intellectual nationalism came from the Enlightenment and, like other forms of thinking derived from the Enlightenment, is theory to be applied to men and women, that is, forced on people. It is a mistake for The New Right to adopt rationalist theorising in imitation of Marxist thinkers.

Education in the liberal era emphasised ideas, with people thinking that we are in a battle of ideas, as if ideas rule the world. In actual fact the world at a Global and local level is run by rich power groups. Power groups are changing our towns and cities into something different and separating us from our culture and history. These are being made un-British. Local councillors stand for election and promise benefits to the local community. If elected they act as agents for corporations and finance. The new buildings in London are financed by money from other countries and built and designed by global corporations using imported labour while our people remain unemployed.

We are educated to be unrealistic and naïve. We are encouraged not to judge others, but the way to live safely is to assess human nature and make judgements on the suitability of others as friends or people we do business with. We are told it is prejudice to decide who to associate with, but making such decisions is essential human wisdom. To neglect this is to open oneself up to being harmed or taken advantage of.

Running a family is a practical activity, as is running a nation. The use of concrete nouns instead of abstract ones would effect how people think and would return them to reality. The abstract way of thinking was brought in by the French Revolution and has led people out of the world of reality into the realm of fantasy, because the words they think in have no substance. This is why immigrants, for instance, are thought to be the same as us, but if you believe they share the same basic human nature with us, then immigration is alarming because they are taking over our territory as earlier invasions have done.

It is their human nature to do so, as it was ours when we were in their countries. The mode of entry is not the point. The point is that, once in a country, human nature decrees that a people start claiming territory and that includes women. The widespread raping of young White girls some as young as eleven and twelve (and some Indian and Black) by the rival Muslim community is for them the taking of the spoils of war. The police and social services have been covering these child-rapes for years. They can not face the fact that their imported pets are not bringing us benefits and enriching our culture.

The use of concrete nouns instead of abstract ones would have an immense effect on how people think – it would bring them back to reality. The French Revolution and its abstract way of thinking have led people from reality into fantasy, because the words they think in have no substance.

When a world view becomes dominant it marginalises the opposing view, and that is what has happened to traditional or national conservatism. Another complication is that new Liberalism is different from Classical Liberalism. Liberalism was replaced by Cultural Marxism in the late 1960s.  They kept the name but changed the content so that there were two Liberalisms – Classical and New. New Liberals changed the nature of the ideology into what we now see as Identity Politics and Political Correctness. For example, individual rights became group rights, and that worked against us, as we are "oppressors" and the immigrants are "victims."

The Progressive way of thinking that stems from the Enlightenment marginalizes traditional systems in favour of a way of thinking that disdains the past and looks forward to a future perfection. Progressives think that we are ineluctably destined for the brotherhood of man – an obvious Utopia! This is no more than an irrational superstition, and any examination of the world around them would show that the opposite is happening. They think human nature is malleable and can be re-fashioned to fit into their ideology and future utopia.

A formal ideology is written down like a "How to" book, which tells people how to think and behave. Ideology grew out of the Enlightenment as a secular replacement for religion with a programme of correct thinking and behaving, and with intolerance for deviation. The rulers changed from an aristocratic class, based on blood and land, to a secular elite defined by their ability to think and say the right things – in other words an "Ideological Caste."

Ideological thinking starts with first principles and requires underpinnings to support or justify beliefs. Conservatism by contrast is a view of the world that grows out of our emotional bonds with our families and expands outwards through neighbourhood and community to the nation. It emanates out to Europe and the Anglosphere, though weaker. For example, we feel for the South African Boers in these days of their genocide. It is stronger at home, and a parent who wishes other children to do better than their own is perverse.

The Ideological uses of language

The elites try to change people's thinking by changing the vocabulary: the British government guidelines to the media suggest certain words about non-white crime be replaced. The words to be suppressed included immigrant, illegal immigrant, illegal asylum seeker, bogus asylum seeker, non-white, non-Christian, mixed race, half-caste, mulatto. There is the substitution of euphemistic terms for those that reflect reality, as in the official designation of Anti-Islamic activity for Muslim terrorists.

The use of Political Correctness is a way of training people to think of, and to perceive, reality in the official way. If you think differently you are a "hater," a "racist."

Ideological change of the meaning of words passes for common usage as people innocently adopt them: bigot and tolerance are prominent examples. Bigot means one who refuses to listen to the opinions of others but is misused as a connotative word that only applies to "right-wingers." A classic example of this Doublespeak was during the 2010 general election campaign when Gordon Brown described a woman who asked him about imported labour as a bigot; but he was the one being bigoted because he refused to listen to her opinions! Tolerance meant to tolerate an action or to put up with something one did not like, but is now misused to make indigenous British people passive and accept being replaced by immigrants.

We need a concrete, definite vocabulary, not vague linguistic terms like person and humanity, but terms like Englishman or Englishwoman, Welshman or Welshwoman, Scotsman or Scotswoman or Irishman or Irishwoman, boy and girl; land rather than country. They are more specific and convey a solid idea of substance; they get away from the woolly vocabulary that is a cause of our collective loss of touch with reality. This would clarify what we are referring to and make our common intercourse more realistic.

The great Welsh national anthem Land of My Fathers is a pertinent example as it makes a clear statement of debt to ancestors and suggests the piety necessary to honour what the ancestors have left us, and our obligation to hand it on to our descendants. This is embodied in the Fifth Commandment to honour thy mother and father; unless they are very cruel parents, of course.

On abstractions, the counter-revolutionary Josef de Maistre stated:  

"there is no such thing as Man in the world. In my lifetime I have seen Frenchmen, Italians, Russians, etc... I declare that I have never in my life met him; if he exists, he is unknown to me." 

Brainwashing 

A television programme Gypsy Wars contrasted a local woman with tinkers who had invaded her land, and effectively reversed the roles. The intellectual and media elites think our traditional view of the world is pathological and try to correct it for us. No young Gypsy men were shown, because they would be aggressive, and the programme makers did not want to show them as a threat; village life was not shown because that is appealing and viewers would sympathise with the woman; the woman was selected because she is not typical of rural people but was a bit eccentric and could be set up as the aggressor even though she was in fact the victim. This role-reversal was undertaken to mould the public's views and change attitudes. This was an example of how television re-structures thought in accordance with the establishment’s Progressive ideology. 

In August 2011, police closed the largest gypsy camp in Britain at Dale Farm and the biased television news reports once again left gypsy men out of their news reports. 

For years vacancies in television were only advertised in the Bourgeois-Socialist Guardian newspaper to help filter out applicants with the wrong attitudes. 

We are derided as prejudiced if we protest against the elites having us dispossessed, which is used to mean ignorant and narrow-minded, but prejudice is in fact traditional wisdom passed down by our ancestors, and is knowledge which is much broader-based than the narrow solipsism of the contemporary era. It saves us learning the hard way, and we would have been spared this dispossession if natural prejudices had been followed after the last war. 

The great Conservative satirist Michael Wharton would have recommended Prejudometers

We are being dehumanised and made a non-people. We must abandon this inculcated niceness, this apologetic approach and assert ourselves. We need to give our people a sense of their collective worth for the common good, and succeeding generations need to be built up to inherit the responsibility for our life and culture. The media are occupying them with trivialities like what to wear, how to get your hair done and where to have a tat! It is done to get their money, and is morally evil, as they are being debauched by temptations and distractions. 

Government from Brussels, economic control by global corporations, and Afro-Asian colonization is part of the progressives’ new dream for an ideal future, but in practice it disinherits our children of community and association with their own kind, which we are duty bound to preserve for them. 

Throughout history wars have been fought for territory, and by allowing newcomers to stake claims, our emasculated 'elite' are encouraging them to fight for yet more. Our rulers are handing our ancestral homeland to invaders and protecting their welfare over and above that of their own people. 

MPs also want children taught how to have relationships and make "informed decisions" about when to have sex. Propagandising homosexuality is another threat to our demographics.

A world view to unite us 

How do we counter the dominant ideology? The way to develop a new world view is to gather examples from the world around us, of what is really happening as a result of, say, immigration, collate it and form our version of reality. The first thing is to understand human nature and what people are capable of doing to one another. We also need to consider what gives life meaning, and this leads to the idea that nationalism is about our nation and a nation means a group of racially linked people with whom we belong by emotional attachments. I openly admit to being a racialist because I believe in racial differences between people, but do not hate other peoples and do not accept the Marxist pejorative term "racist." 

Power groups are changing our towns and cities into something different and separating us from our culture and history. We must not endlessly rehearse what has come to pass but what we are going to do. How will people cope in the social disorder the elites are plunging us into.

 We have a responsibility for our kin and a duty to them. We have a duty to pass on what we have inherited to our children, as they, in turn, will have a duty to their children. We owe a debt to our ancestors who bequeathed to us our nation and culture and we must honour that. 

The elites promote a version of progress and see the past as obsolete. But the present grows from the past as the future grows from the present, which is why we have to get things right now, in the beginning of our revival. 

The attitude of those who control public life is to transfer power away from their own people and disinherit their descendants for the benefit of rival communities. We are morally obliged to put our people first, as we do with our families, even when foreigners are more in need of help. Supporting outsiders against our own people is morally wrong. 

We have natural bonds with our families, a responsibility for them and a duty to them as we have a duty to pass on what we have inherited to our children, as they, in turn, will have a duty to their children. This extends to our fellow nationals who share the same ancestral descent. We owe a debt to our ancestors who bequeathed to us our nation and culture, and we must honour that. 

A people need the numinous things in life – religion, art, culture, a wholesome countryside. The numinous is a feeling of, and a need for, the sacred, the holy, and the transcendent; not just the material and the hedonistic. 

Simple people say, "So what? It doesn’t matter if different people take over!" This shows a failure to understand human nature. They think it will be painless, like handing the baton on in a relay race, but examples from history like the Norman Conquest, show the oppression the conquered have to endure; other countries like South Africa and Zimbabwe show what will befall our children if the evil elites are not countered. 

The ideology of multi-racialism was a righteous reaction to the opening of the camps and the watchword was, "It must never happen again." This has come full circle and now the Jews are being persecuted in France, Sweden and elsewhere by imported Muslims. Everyone must have seen Muslims brandishing placards that read: "God Bless Hitler" and chanting "Jews to the gas!"  They must know that The Protocols of the Learned Elders of Zion is on sale in Muslim shops all over not only England but Europe. I have written elsewhere and repeat it here: if David Cameron and Ed Milliband and the other fantasists succeed in getting Turkey into the EU the number of Muslims will be so large that the EU forces will not be able to protect European Jews from, I dare say it, possible extermination. This has been imported by the elites who are not facing the reality of what they are doing. 

Unlike the rational ideologies that have been manifold since the Enlightenment, our views derive from an emotional and instinctive relationship with our people and our territory. It is more profound than rationalising an ideology to be learnt from a book because it grows from natural, human instinct and emotion. 

To give favourable treatment to aliens over our own people is morally wrong. A nation’s manners, morals, religions, political institutions, and social structures, are inherited from its ancestors and our loyalties begin with affection within families and this emanates outward to neighbourhood and nation. We belong to our kin, above strangers. 

Look at data from the Office of National Statistics (which doesn't take into account the births to mothers born here), then look at your children and ask yourselves: "Am I betraying my children? Where will they live and work?"


Recommended Reading

A conservative classic: The Quest for Community by Robert A.Nisbit 

For the New Left's takeover of Liberalism: The Politics of the Forked Tongue by Aidan Rankin 

For Ideology: Suicide of the West by James Burnham.

For the conservative interpretation of history: Anything by Keith Feiling

In Defence of the Natural Society by David Hamilton

 

mercredi, 17 octobre 2012

La grande peur des temps présents

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La grande peur des temps présents

par Georges FELTIN-TRACOL

Depuis 1989 et la parution des Ennemis du système, Christophe Bourseiller s’intéresse aux « périphéries politiques ». Désormais maître de conférence à Sciences Po – Paris, cet acteur de cinéma et de publicité a consacré de nombreux ouvrages à l’« extrême gauche » (Les Maoïstes en 1996, Histoire général de l’ultra-gauche en 2003), à l’« extrême droite », au phénomène sectaire (Les Faux Messies en 1993, Carlos Castaneda. La Vérité du mensonge en 2005), aux nouvelles sexualités (Les Forcenés du désir en 2000) et à la franc-maçonnerie (Un Maçon parle en 2010).

Avec L’extrémisme. Une grande peur contemporaine, Bourseiller poursuit sa description des extrêmes politiques. Outre une préface convenue de l’universitaire Pascal Ory, l’ouvrage se divise en quatre grandes parties : une introduction qui tente de cerner l’extrémisme perçu comme un « animal insaisissable », une conclusion qui examine le concept même d’« extrémisme » et deux parties centrales, inégales en pagination et en réflexions contenu qui portent respectivement sur les « extrêmes gauches » et les « extrêmes droites ». Ces dernières n’occupent que 67 pages alors que les précédentes en couvrent quelque 137, même si une vingtaine se rapporte au négationnisme au sein de l’ultra-gauche, aux pensées libertaires et aux anarchismes marginaux (anarchisme de droite micberthien, anarcho-capitalisme libertarien, etc.).

Ce déséquilibre n’est pas que quantitatif. La partie traitant de l’extrême droite est assez pauvre et superficielle. La distinction entre les « contre-révolutionnaires » (royalistes, catholiques traditionalistes, traditionalistes inspirés par Guénon et Evola…) – le sédévacantisme n’est pas mentionné ! -, le F.N. envisagé comme un « populisme calculé (p. 199) » et les « révolutionnaires » (« N.D. », nationalistes, néo-nazis, nationaux-communistes, post-nationalistes…) est décevante. On y décèle des limites déjà relevées dans ses précédents ouvrages. Bourseiller a beau déclaré que « si le nomadisme est plus intense que dans le camp adverse, la rigidité doctrinale semble moins prégnante   (p. 193) », il affirme qu’« il n’est pas rare de voir un militant démarrer dans le royalisme, devenir nationaliste révolutionnaire, puis national-communiste, passer par la mouvance néonazie, et aboutir dans un parti populiste (pp. 192 – 193) ». Ce cheminement est moins fréquent qu’il ne le pense.

Bourseiller commet d’autres erreurs. Il appelle Alain de Benoist « Alain de Benoist de Gentissart », ce qui est inexact si on lit Mémoire vive: « Peut-être parce qu’il [lui] est arrivé de signer quelques textes de jeunesse du nom de Cédric de Gentissart, mais ce n’est qu’une légende parmi d’autres (1). » Il range Bruno Mégret au sein des droites modérées alors qu’il fut formé par le Club de l’Horloge. Si Bourseiller les commet, c’est parce qu’il n’est pas en phase avec ce sujet d’étude qu’il ne connaît pas intimement. En revanche, malgré les nombreuses critiques, parfois violentes, provenant de l’ultra-gauche, reconnaissons qu’il se débrouille mieux avec ce thème, ce qui est logique puisqu’il écrivit en préambule de sa biographie de Guy Debord qu’il créa, seul et unique membre, un Parti communiste marxiste-léniniste-maoïste-stalinien (P.C.M.L.M.S.), puis un Mouvement situationniste pour un tourbillon créatif (M.S.T.C.), et enfin un Mouvement créateur situationniste subversif (M.C.S.S.), respectivement dotés de proto-revues à lecteur unique, La Lutte et Le Tourbillon des masses (2). Pour ses détracteurs de gauche, Bourseiller serait indigne de les aborder, car « on ne peut étudier l’extrême gauche que si l’on est soi-même militant ou sympathisant (p. 52) ». S’il n’est ni l’un, ni l’autre, il y a cependant longtemps baigné; c’est la raison pour laquelle son analyse sur les « gauchismes » est plus conséquente que sur les « dextrismes ».

Christophe Bourseiller établit une bonne typologie en distinguant, d’une part, les léninistes des non léninistes, et, d’autre part, les modernistes des invariants. Ainsi muni, il raconte le pablisme, les « gauches italiennes » bordiguistes, le « communisme des conseils » du Néerlandais Anton Pannekoek, etc. Il retrace la genèse du N.P.A. et de sa matrice, la L.C.R., de Lutte ouvrière, du Parti ouvrier indépendant, républicain et souverainiste, des courants post-maoïstes ou néo-staliniens tels Vive le P.C.F. ! d’Emmanuel Dang Tran, farouche opposant interne au Front de Gauche, ou le P.C.O.F., défenseur hexagonal de l’héritage maoïste de l’Albanie d’Enver Hodjah. On peut regretter l’absence des groupusculaires Parti eurocommuniste et du Parti communiste juchéen de France devenu depuis peu le Parti Juché de France. L’auteur est plus disert sur les différentes tendances de l’anarchisme (communisme libertaire, socialisme libertaire, anarcho-syndicalisme, syndicalisme révolutionnaires et individualisme stirnérien). Cette première partie peut être une introduction correcte à la découverte de ce continent politique étrange et méconnu.

Par tous ces exemples, Bourseiller veut comprendre l’extrémisme qui serait le parent pauvre des sciences politiques. Malgré des différences ontologiques entre les extrêmes, il remarque néanmoins que « les pratiques se ressemblent : on pointe un même triptyque de hiérarchie, de violence et de transgression (p. 44) ». Le célèbre politologue, Pierre-André Taguieff, a lui aussi réfléchi sur la notion d’« extrémisme ». Dans un article à la conclusion grotesque paru dans un quotidien hexagonal, Taguieff juge que « ce qu’on appelle “ l’extrême droite ” n’est pas le produit d’une droitisation de la droite, ni de l’extrémisation de l’esprit droitier. Ladite “ extrême droite ” est aussi étrangère à la droite libérale qu’à la gauche socialiste réformiste. Elle n’est pas une super-droite ni une hyperdroite. Elle ne se situe pas “ à droite de la droite ”, selon l’expression aussi confuse que convenue. Elle n’est ni extrêmement de droite ni radicalement de droite. L’expression “ droite radicale ” ne change rien au problème de catégorisation : remplacer “ extrême ” par “ radicale ” n’est qu’une coquetterie verbale. Il en va de même avec la distinction illusoire entre “ droite extrême ” et “ extrême droite ”. Toutes ces expressions ne sont que des étiquetages polémiques sans contenu conceptuel, présupposant une vision essentialiste de la droite (3) ».

En se référant à Jacques Ellul, auteur en 1972 De la révolution aux révoltes, Bourseiller estime que l’extrémiste serait finalement la « figure ultime du libéral (p. 259) ». Par conséquent, nos sociétés hypermodernes individualistes de masses s’en accommoderaient assez bien d’autant qu’elles en sont pas déstabilisées, mais au contraire renforcées… Or cette conclusion ne se rapporte-t-elle pas à la seule « extrême gauche » beaucoup plus soluble dans l’hypermodernité que les « extrêmes droites » plus « détonnantes » ? « Considérée froidement, poursuit Taguieff, l’extrême droite apparaît […] comme un produit de synthèse instable, né du mélange, selon divers dosages, de thèmes empruntés aux droites non libérales et à l’extrême gauche, qui n’est pas non plus une gauche gauchisée ou extrémisée, mais un pseudo-gauche dont l’horizon n’est autre que la Révolution. […] L’extrême droite n’est pas plus à droite que la droite, elle l’est moins. Sa dimension réactionnaire s’accompagne toujours d’un volontarisme révolutionnaire. On peut la dire “ ni gauche ni droite ” (comme le fascisme ou l’anarchisme). On peut aussi la caractériser comme “ mi-gauche mi-droite ”. Elle oscille ainsi entre le point neutre (ni l’un ni l’autre) et le point complexe (l’un et l’autre). » Taguieff considère au final que les traits principaux de l’« extrême droite » (autoritarisme et violence) se rencontrent « aussi dans les courants révolutionnaires de type blanquiste, léniniste ou maoïste. C’est à l’extrême gauche que l’extrême droite ressemble le plus ». Mimétisme du « fer à cheval » ? Probablement pour Taguieff. Bourseiller, lui, en est moins convaincu. Passionné par les avant-gardes, il croît plutôt que le phénomène extrémiste tend à « pivoter, du politique vers le culturel. Sur un plan culturel, les mouvements extrémistes, ou du moins certains d’entre eux, sont-ils, ou ont-ils été les foyers d’émergence de pensées radicales ? C’est notre constat (p. 266) ».

L’extrémisme pour Bourseiller préparerait donc le monde de demain. En effet, « par-delà les programmes, les manifestes et les excommunications, l’extrémisme apparaît comme le principal cheval de Troie des contre-cultures, ces singularités qui viennent perturber le champ culturel pour annoncer le changement d’époque. L’extrémisme mène à la radicalité (p. 279) ». N’est-ce pas là de bon augure ?

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Alain de Benoist, Mémoire vive. Entretiens avec François Bousquet, Éditions de Fallois, Paris, 2012, p. 16.

2 : Christophe Bourseiller, Vie et mort de Guy Debord (1931 – 1994), Plon, coll. « Agora », Paris, 1999, pp. 20 – 21.

3 : Pierre-André Taguieff, « Le sens des extrêmes », Le Figaro du 31 mai 2012.

• Christophe Bourseiller, L’extrémisme. Une grande peur contemporaine, préface de Pascal Ory, C.N.R.S. Éditions, Paris, 2012, 303 p., 22 €.


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mardi, 16 octobre 2012

Replik auf “Die grüne Gefahr” von Michael Paulwitz

An die Redaktion der JUNGEN FREIHEIT

Replik auf “Die grüne Gefahr” von  Michael Paulwitz in JF Nr. 41/12  5. Oktober  2012


Selten hat mich  ein Artikel in der JF so aufgebracht wie dieser, obwohl ich Michael Paulwitz’ Beiträge ansonsten sehr schätze. Schießt Paulwitz nicht weit über das Ziel hinaus, wenn er hier von Ökodiktatur schreibt?  Denn Forsa-Chef Manfred Güllner, auf den sich Paulwitz bezieht, macht den Fehler, daß er in seiner plumpen Grünen-Kritik nicht differenziert und alle Begriffe, positive wie negative Ansätze der Öko-Bewegung, in einem Topf verrührt.

Schließlich sind die eigentlichen  Denkansätze  der ökologischen Bewegung und der ersten “Grünen Listen” Ende der 1970er Jahre u.a. aus der Natur- und Heimatschutzbewegung hervorgegangen. Deren systemkritische  Programmatik zum Naturraubbau wurde damals ideologisch untermauert von verschiedenen neurechten Gruppierungen der 60er und 70er Jahre (“Solidaristen”  und “Sache des Volkes”). Diese wurde jedoch erst durch die später eindringenden marxistischen Gruppierungen  durch das Draufsatteln alter gesellschaftspolitischer Forderungen der extremen Linken  völlig verfälscht.

Herbert Gruhl, eine der Galionsfiguren dieser noch(!) konservativen Bewegung, Bundesvorsitzender des Mitte der  70-er Jahre gegründeten “Bundes für Umwelt- und Naturschutz Deutschland” (BUND), wurde von Kohl das Amt des Umweltsprechers der CDU-Bundestagsfraktion entzogen. Gruhls CDU-Austritt und die Gründung erster “Grüner Listen” folgten.

Um es mal salopp wie Güllner und Paulwitz zu formulieren, verpennten die Konservativen damals eine einzigartige Chance, diese Thematik, die ja die ihre war, aufzugreifen, eine Thematik, die ihnen geradezu auf den Leib geschnitten war. Wie Silke Mende in ihrem Buch “Nicht links, nicht rechts, sondern vorn” über die Gründungsgrünen anmerkt, hatte Peter Glotz einmal gesagt, die Rechten und Konservativen hätten sich mit der ökologischen Thematik ihre Kronjuwelen stehlen lassen.

In der politischen Vorstellungswelt konservativer Kreise der CDU fuhr das Auto ja  schließlich auch ohne Wald. Wozu brauchte man dann noch störenden Umweltschutz?  Nach dem ”staatstragenden” Motto der Konservativen: "Bloß keine Unruhe, keine Kritik und keine Proteste" wurde in diesen Kreisen die politische Brisanz, die in der ökologischen und der Anti-Akw-Bewegung lag, nicht erkannt. In dieses Vakuum konnte ohne große Gegenwehr der Nachtrapp der 68-er hinein stoßen. Insbesondere durch die Politkader  des Kommunistischen Bundes (KB)/Z-Fraktion, der die ersten Grünen anfangs noch als faschistisch verteufelte, später aber, wie wir heute wissen mit Stasiunterstützung, erst als Trittbrettfahrer begleitete, dann als vermeintlich grüne Fundamentalisten unverfroren das Steuer der Ökologischen Bewegung an sich riss, wurde die Umweltthematik völlig verfälscht. Gesellschaftspolitische Forderungen der Linken gegen angeblichen Rassismus, Forderungen der  Lesben- und  Schwulenbewegung,  Gendermainstreaming und die Forderung nach verstärkter Einwanderung wurden aufgepfropft und übergestülpt, die ökologische Bewegung vereinnahmt und zur Farce gemacht.

Doch leider haben die Konservativen das bis heute nicht begriffen. Und heute gut 30 Jahre später sind diese Forderungen zur gesellschaftlichen Norm geworden.

Es ist geradezu ein Treppenwitz der Geschichte, daß ausgerechnet gesellschaftspolitisch links verortete Kräfte, die biologische Erkenntnisse wie der Teufel das Weihwasser fürchten, die ökologische Programmatik  übernahmen und in ihrem Sinne umdrehten, so daß der Begriff  Ökologie, der in den 70er Jahren noch als politisch unbelastet und neutral galt und eher mit Konrad Lorenz assoziert wurde, von der Linken besetzt und heute längst schon als links abgestempelt empfunden wird. Paulwitz setzt dem mit seiner “grünen Gefahr” nur noch eins drauf, worüber sich niemand mehr freuen dürfte als Claudia Roth und Trittin. Also ein sattes Eigentor!  

Das Elend der Konservativen ist es, daß ihnen das alles bis heute nicht einmal bewußt geworden zu sein scheint. Mit ihren Themen hauptsächlich im Gestern verortet, pflegen sie als elitäre “Traditionskompanien” ohne Ausstrahlung das verstaubte Erbe  der "konservativen Revolution" der 1920er Jahre. Es stellt sich doch vielmehr die Frage, wie im Hier und Jetzt eine allgemein verständliche positive Botschaft dem Volke vermittelt werden kann.  

Ulrich Behrenz, Hamburg

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mercredi, 10 octobre 2012

Compassion n’est pas raison

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Compassion n’est pas raison

par Pierre LE VIGAN

La compassion se porte bien. Mais qu’est-ce que la compassion ? C’est un ressenti. C’est un partage de sentiments voire une communion. C’est un « éprouvé avec », plus encore que le « souffrir avec » qu’indique l’étymologie. C’est quelque chose comme la sympathie dans la Théorie des sentiments moraux (1759) d’Adam Smith, qui fonde selon lui notre conduite morale.  La compassion est un thème de société depuis qu’elle est devenue un affect obligatoire, à l’opposé du « soyez dur » de Zarathoustra. Myriam Revault d’Allonnes souligne le « déferlement compassionnel auquel notre société est aujourd’hui en proie ». Pourquoi notre société est-elle si compassionnelle ? Ce n’est pas un hasard. C’est même un symptôme.

Une compassion qui s’étend à tout et à tous

La compassion vaut identification. En ce sens, elle est le produit d’une vision égalitaire des hommes. Dans les sociétés aristocratiques, la compassion n‘a de sens que pour ceux de sa caste et à l’intérieur de celle-ci. À l’inverse, dans les sociétés démocratiques le premier venu (ou le dernier venu si on se réfère aux flux migratoires) devient le semblable de tout le monde. Tocqueville, dans La démocratie en Amérique (1835), remarque que nos sociétés, qu’il qualifie de démocratiques, au sens où elles sont caractérisées par un égalitarisme de principe et non de situation sociale, sont unifiées autour d’un affect commun : la compassion. Il remarque que notre sensibilité se porte sur plus d’objets que ce n’était le cas pour nos pères (c’est-à-dire pour les hommes des sociétés aristocratiques). C’est que notre compassion s’étend désormais à tous les hommes, et non plus seulement à ceux de notre rang. La compassion s’est élargie.

La notion de compassion comme affect commun trouve son origine chez Rousseau même s’il emploie essentiellement les termes de pitié et de commisération. La pitié est pour l’auteur des Confessions le socle de la reconnaissance du semblable. La compassion / pitié est la conséquence de la reconnaissance de la subjectivité humaine. Elle repose tout autant sur l’amour des autres que sur l’amour de soi. La philia, l’amitié est fondée dans la philautia, l’amour de soi, ce qu’Aristote appelait l’« égoïsme vertueux ». S’aimer soi même est la condition pour aimer les autres selon Rousseau. La compassion appartient ainsi à ce que Rousseau croit être la nature de l’homme. La compassion serait même une vertu naturelle voire la mère de toutes les vertus. C’est la naissance d’une conception « moderne » des liens entre les hommes.

La compassion universelle s’accompagne de l’essor de la grande muflerie moderne

Nous vivons toujours sur cette conception comme quoi la compassion, dont la déclinaison forte est la pitié, est le mode moderne, et donc normal dans nos sociétés, du partage du sensible, de ce que l’on sent et ressent.

Cette conception pose plusieurs questions. Tout d’abord, l’extension du champ de la compassion lui fait perdre en intensité. Si on est sensible à tous les malheurs du monde on n’est pas sensible à l’un plus qu’à l’autre. La compassion universelle est par ailleurs inévitablement abstraite. Elle devient sans visage. Ou bien les visages ne sont que ceux des écrans de télévision. Force est aussi de constater que l’extension de la compassion va avec un déclin de la politesse de proximité ou encore de la civilité. De ce qu’Orwell appelait la décence ordinaire. C’est ainsi que se répand en même temps qu’une compassion universelle abstraite et obligatoire une « panbéotie » ou grande muflerie concrète, celle dont parlait Charles Péguy. Ce n’est pas le moindre paradoxe. « Le progrès de la compassion va de pair avec la régression de la civilité », note Alain Finkielkraut. Un risque qu’avait mesuré Rousseau qui écrivait : « Défiez vous de ces cosmopolitiques qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux (Émile ou l’éducation, 1762) ».

Compassion, tyrannie de la transparence et dictature de l’urgence

La compassion rencontre d’autres apories. Elle amène à voir les similitudes plus que les différences. A voir ce qui ressemble plus que ce qui distingue. La compassion minore ainsi les distinctions. Elle implique que nous sommes tous égaux au sens où nous serions tous semblables. Elle participe ainsi à la grande érosion moderne des diversités. La compassion implique en outre que ses objets se prêtent au jeu c’est-à-dire acceptent de se montrer en leur malheur. La compassion va avec l’exigence ou même la tyrannie de la transparence, comme nombre d’affaires judiciaires contemporaines en témoignent. La compassion va ainsi avec un effacement de la pudeur et encore de la honte. La compassion suppose en partie de sortir du registre de l’honneur et de la honte pour entrer dans celui de l’exposition voire de l’exhibition, ce qu’avait bien vu Nietzsche.

L’impatience de la pitié

En outre, la compassion, par exemple dans le cas des drames humanitaires,  tels les guerres et les famines, amène à une dictature de l’urgence. Il faut « réagir tout de suite », ne pas « tergiverser ». C’est l’impatience de la pitié. Au risque de faire n’importe quoi, voire plus de mal que de bien. Au risque d’attiser par exemple une guerre tribale, comme en Libye, au lieu de favoriser des négociations.

Il y a un extrémisme de la compassion. Il peut être terroriste. Il peut y avoir une fureur de la pitié, qui amène à déchaîner la haine contre de présumés coupables. « Les malheureux » disait Robespierre à propos du peuple souffrant. On peut penser de même qu’Hitler avait une grande compassion pour la situation difficile du peuple allemand après sa défaite de 1918. Compassion qui peut se retourner en fureur contre les prétendus responsables des malheurs du peuple.

Le problème qui se pose à nous maintenant est toutefois autre que celui des révolutionnaires de droite ou de gauche. La compassion est devenue universelle comme nous l’avons vu. Tient-elle lieu alors de politique ? Doit-on s’en satisfaire ? Pour Rousseau la compassion suppose de ne pas se prendre pour celui qui souffre. La pitié n’est pas pour Rousseau un sentiment fusionnel, elle suppose la distance de la réflexion. Il ne s’agit pas de s’identifier à l’autre mais de comprendre au contraire la différence de l’autre. Rousseau écrit : « La pitié est douce, parce qu’en se mettant à la place de celui qui souffre, on sent pourtant le plaisir de ne pas souffrir comme lui (Émile) ». La compassion ne peut donc être directement politique. Elle ne peut l’être qu’à travers des médiations. Celles-ci sont de plusieurs ordres. Il s’agit bien sûr de comprendre. Sortant de la compassion immédiate, il s’agit d’analyser ce qui se passe et pourquoi. Un exemple ? Il y a une famine en Somalie. Pourquoi le pays a-t-il éclaté en trois régions ? Le Somaliland, le Puntland, et la région de Mogadiscio ? Pourquoi la situation au Somaliland est-elle beaucoup moins dramatique ? Que faire et comment ? A-t-on une simple stratégie de communication ou une stratégie politique à long terme ?

Il s’agit aussi de savoir si toutes les compassions doivent être mises sur le même plan. Ou si « les nôtres » – et selon quel critère les juge-t-on ainsi – doivent passer avant « les autres ». Non en fonction d’une valeur plus grande « en soi » mais au nom du simple principe – par définition relatif – de la primauté de la proximité.  C’était peu ou prou la vision d’Aristote. Il parlait de « sphères d’appartenances » plus ou moins rapprochées et expliquait que la compassion commence au-delà des gens très proches de nous (car ce qui les atteindrait nous ferait peur et mal et ne provoquerait pas une simple compassion) mais ne va pas jusqu’aux gens très éloignés (pour qui prédominerait l’indifférence). La compassion est pour Aristote un « entre deux », c’est une marge.

La compassion universelle a un lien avec le politique. Elle est fondée sur l’abstraction d’un lien entre supposés semblables. Mais le lien politique est à la fois abstrait et situé. S’il va par définition au-delà du charnel (qui n’est pas politique), il n’est pas non plus universel. Il s’inscrit dans un cadre national, ou impérial, mais non pas universalisable. C’est pourquoi l’abstraction du lien compassionnel ne peut être une politique. Rousseau dit que la pitié doit conduire à la justice. Mais celle-ci ne résulte pas d’un simple ressenti. Bien entendu, celui-ci y participe. La richesse insolente de certains provoque l’indignation quand d’autres meurent de faim. Et il y a une dimension politique dans cette indignation. Mais le ressenti ne fonde jamais une justice et chacun sait au demeurant que vouloir appauvrir les riches n’a généralement pas suffi à faire mieux vivre les pauvres. La pitié non plus que la compassion ne fonde une politique et même la justice, si elle est nécessaire, n’y suffit pas. « Il y a des affects politiques fondamentaux comme la colère, comme l’indignation qui sont comme un substrat, un préalable à l’action », écrit Merleau-Ponty dans la préface de Signes. Nous sommes bien d’accord. Mais un levier, mais l’indignation-levier ne suffit pas, il faut à la politique un projet, une analyse des rapports de force, une vision, et sans doute même une poétique. La compassion dispense de la raison, et conforte les stratégies des grandes puissances et les pouvoirs de l’oligarchie.

Le principal danger qui menace de transformer la compassion universalisée en nuisance est la réduction de l’autre au même. Paul Audi note : « La pire violence que l’on puisse faire à l’autre, c’est de ne pas altériser le semblable. […] Tant que l’on altérise pas le semblable, on est dans une logique d’appropriation de la réalité de l’autre, ce qui est la pire violence que l’on puisse lui faire ». Voir l’autre comme le même, c’est décidément le mal contemporain qui, de la colonisation hier à l’immigration aujourd’hui constitue la menace principale contre l’identité des peuples.

Pierre Le Vigan

• Myriam Revault d’Allonnes, L’Homme compassionnel, Le Seuil, 2008, 103 p., 10 €.

• Paul Audi, L’empire de la compassion, Encre marine, 2011, 152 p., 19 €.


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lundi, 08 octobre 2012

L’histoire est écrite par les vainqueurs, jusqu’au jour où…

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L’histoire est écrite par les vainqueurs, jusqu’au jour où…

Dominique Venner

Ex: http://www.zentropa.info/

Plus que les grandes victoires, les grandes défaites font les grandes épopées, l’Iliade pour la guerre de Troie, les Thermopyles pour les Spartiates, Numance pour les Ibères, Alésia pour Vercingétorix. Le procès et la mort de Jeanne d’Arc plus que sa victoire d’Orléans. Waterloo plus qu’Austerlitz, sans compter Camerone, Sidi Brahim, Dien Bien Phu… Charlemagne a remporté d’innombrables victoires, mais ce qui reste de lui, c’est la Chanson de Roland qui magnifie l’une de ses rares défaites.


Je pensais à ce paradoxe bien européen en regardant récemment le DVD de Braveheart de Mel Gibson. Accompagnant les images somptueuses des Highlands survolées par un aigle, des mots ouvrent le film en voix off. On les entend peu souvent : « L’histoire est écrite par ceux qui pendent les héros… » Ces mots sont une réponse à ceux qui m’interrogent sur la signification de certains de mes livres, l’histoire des Sudistes (Le blanc soleil des vaincus), celle du Baltikum, celle aussi de la sombre saga des gardes blancs pendant la guerre civile russe (Les Blancs et les Rouges). Ces livres avouent un attrait pour les vaincus courageux. Mais, courage ou pas, l’histoire des vaincus est toujours occultée, dénaturée, ou même criminalisée par les vainqueurs. Elle constitue l’enjeu posthume de conflits qui ne cesseront jamais. Après les guerres idéologiques et religieuses, les vainqueurs veulent vaincre jusqu’à la mémoire de leurs adversaires. Après dix-sept siècles, le jeune empereur Julien, très fidèle à sa propre religion, est toujours qualifié d’ « apostat », épithète infâmante imposée par l’Église devenue triomphante après son OPA réussie sur l’Empire romain à la fin du IVe siècle. Quand les vainqueurs sont habiles et puissants, les instruments de la parole publique, l’État, l’Université et l’Ecole participent à l’entreprise. Pour l’historien indépendant, tout est donc à découvrir à ses risques et périls derrière le discours officiel. Il n’y a rien de plus stimulant, mais rien de plus dangereux.


Les conflits idéologiques et quasi religieux du XXe siècle ont été annoncés par la guerre de Sécession américaine (1861-1865). Ils ont peu d’équivalent dans le passé, sinon lors du triomphe imprévu du christianisme sur le paganisme romain au IVe siècle. Les guerres de religion au XVIe et XVIIe siècle n’eurent pas le même caractère absolu puisqu’elles se terminèrent par un partage du monde entre protestants et catholiques. Il n’y eut donc pas de vrais vaincus, sauf en France avec les huguenots. Deux puissances hostiles campaient chacune sur leurs positions, affichant leur propre interprétation du passé. La nouveauté du XXe siècle tient au caractère écrasant de la défaite des uns et de la victoire des autres. Du jamais vu avec cette ampleur et cette brutalité, sinon pour les hérésies au sein des monothéismes, écrasées par les massacres, le feu et l’oubli.

Dans ma génération et les suivantes, celles qui n’étaient pas encore nées à l’époque du conflit mondial puis de la décolonisation, un certain nombre de jeunes Européens arrivant à l’âge adulte, éprouvèrent une conscience aiguë et douloureuse d’être les héritiers de défaites presque cosmiques. J’ai vécu cela au temps de la guerre d’Algérie. Pour les Français et les Européens, ce fut une défaite (politique et nullement militaire), ne pouvant que renforcer la conscience d’une catastrophe fatale. Si l’un de mes premiers livres a été consacré à l’histoire des Sudistes c’est parce que je ressentais intuitivement la défaite du « Vieux Sud » comme le premier acte de ce qui fut accompli chez nous dans la seconde moitié du XXe siècle. Jadis, j’ai lu l’Invaincu (The Unvanquished) de William Faulkner avec le sentiment exaltant et douloureux d’être immergé dans ma propre histoire. J’étais séduit par des vaincus courageux qui jamais ne se renient. Je le suis toujours.


Parfois, de façon imprévue, il arrive pourtant que les vaincus prennent leur revanche dans l’imaginaire des vivants. Il en fut ainsi pour les Sudistes avec Autant en emporte le vent, le roman et le film. Il en a été de même lorsque le président Poutine décida la réhabilitation des armées blanches et de leur chef, le général Denikine, ainsi que leur réintégration dans la mémoire russe.

Dominique Venner

dimanche, 07 octobre 2012

La fiducia riparte da noi

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Claudio RISE:

La fiducia riparte da noi

Claudio Risé, da “Il Mattino di Napoli” del lunedì, 1 ottobre 2012, www.ilmattino.it

La patologia più diffusa oggi? La sfiducia. E non è solo il frutto degli ultimi scandali, o della crisi. E’ qualcosa di sotterraneo, che si sta sviluppando lentamente, da anni, non solo in Italia. Sfiducia verso le autorità, lo Stato, i superiori. Ma anche verso i genitori, i figli. E, soprattutto, se stessi.

La corruzione è legata, nel profondo, anche a questo. Facciamo molta fatica a pensarci onesti. Sarà ben difficile diventarlo finché vediamo in questo modo noi stessi e gli altri.


Questa sfiducia porta con sé il pessimismo: se non mi fido di nessuno, la vita diventa più difficile. Ed alimenta la paura, lo stato emotivo in cui crescono ansia, e instabilità.

All’origine di siffatto scenario, che rende difficile superare le crisi e risanare persone e nazioni c’è un sentimento preciso: la sfiducia.


Sul perché sia diffuso oggi, le versioni sono molteplici. Una buona parte della psicoanalisi, soprattutto dagli anni 30 del Novecento in poi, ha messo sotto osservazione il rapporto del bimbo con la madre, dato che lì si sviluppa la fiducia (o sfiducia) verso gli altri, e il mondo. I cambiamenti nella famiglia, l’aspirazione femminile al lavoro, il trasferimento dalle campagne alle città, e molto altro, avrebbero reso meno accoglienti e più insicure le madri, e istillato questa fondamentale sfiducia nei figli.
Molti sogni di caduta, anche ripetuti da grandi, sarebbero legati alla fantasia (spesso riconosciuta da madri e padri) di lasciar cadere il figlioletto che hanno in braccio, inconsciamente percepita dai figli come pericolo.


Naturalmente, ciò non basta a spiegare la crescita della sfiducia, e delle diverse paure che questo non fidarsi alimenta.


Anche il crescente moltiplicarsi di contratti, di obblighi e diritti giuridicamente tutelati verso gli altri, paradossalmente aumenta l’insicurezza e la sfiducia. I genitori adempiranno gli standard correnti, illustrati dai media, o devo farli “richiamare” ai loro doveri da assistenti sociali, psicologi, magistrati, giornalisti?

Queste nuove possibilità, che sono in effetti anche protezioni, rendono però fragile fin dall’infanzia un rapporto di fiducia di cui lo sviluppo della personalità ha d’altra parte assoluta necessità.
Lo stesso accade per le innumerevoli altre tutele: sindacali, sanitarie, professionali, amministrative, affettive.


L’altro sarà davvero “in ordine”? O ci saranno in giro batteri, irregolarità, secondi fini?
Queste domande ci spingono ad uno stato psicologico molto vicino al disturbo paranoico, che nelle società di massa diventa sospetto generalizzato e infezione psichica collettiva. Tanto più pericolosa quanto più queste società apparentemente permissive e tolleranti non sviluppano nei propri membri senso critico e autocensure, ma autorizzano a trasferire sugli altri timori e inadeguatezze che percepiamo presenti già in noi stessi.


La mancanza di fiducia si rivela così essere la buccia di banana su cui sta pericolosamente scivolando la nostra società ex opulenta (come racconta tra gli altri la filosofa Michela Marzano che ha dedicato al tema il suo ultimo saggio: Avere fiducia).

Inutile, anzi controproducente, si rivela l’icona pubblicitaria della “trasparenza”. L’uomo, in quanto dotato di spessore e contenuti, non può essere trasparente. Deve, anzi, imparare a riconoscerli e difenderli dalle invasioni massmediatiche. Quando poi necessario ed utile a sé e agli altri, deve però impegnarsi nel cambiamento, senza aspettare di esservi richiamato dall’Autorità. Potrà così sviluppare una più tranquilla fiducia in se stesso. Base indispensabile per aver fiducia negli altri.

samedi, 06 octobre 2012

Hobsbawm und kein Ende der Geschichte

Etwa zur gleichen Zeit, da die Arbeitslosigkeit in der Euro-Zone einen Rekord  verzeichnen konnte, erreichte uns die Nachricht vom Tode des britischen Historikers Eric Hobsbawm. Dessen Mitgefühl und Solidarität  mit den sozial Benachteiligten  soll  ihn neben seiner wissenschaftlichen Arbeit besonders ausgezeichnet haben..                                                                                                                                                                                                    Diesem Vertreter einer materialistischen Geschichtsauffassung, in Zusammenhängen denkenden, kritischen wie auch selbstkritischen Analytiker mußte die Finanz- und Wirtschaftskrise  geradezu als etwas Unvermeidliches erschienen sein.                                                                                                                                                                    Vom Ende des Kapitalismus hätte  Hobsbawm auch  zum jetzigen Zeitpunkt wahrscheinlich nicht geredet, aber  ebensowenig hätte er möglicherweise  beschwören wollen, daß der Kommunismus doch noch das Ergebnis der historischen Entwicklung sein werde. Und vorerst geht diese ja weiter.

Was sich heute in den Straßen von Madrid oder Athen abspielt, ist nicht bloß ein Problem, das nur Spanien oder Griechenland anginge. Zudem ist es eine ökonomische Frage, auf die Karl Marx zwar eine Antwort wüßte. Aber wäre diese heute zeitgemäß und ausreichend?                                                                                                                                                        Hobsbawm,  zwar Marxist, aber kein dogmatischer, dachte sehr wohl über Marx hinaus. Aber selbst dieser wußte, daß sich nicht alles nur von spezifisch ökonomischen Phänomenen ableiten läßt. Was eigentlich auch Frank Stronach wissen sollte.

In der Tat hat das, was vor allem junge arbeitslose Menschen demonstrieren läßt, zwar einen realen ökonomischen Hintergrund, es weist aber darüberhinaus auf kaum beachtete außerökonomische kulturelle und identitäre  Phänomene, die sich mit anderen vermischen und in Krisenzeiten stärker, vielleicht sogar dominierend  in Erscheinung treten können.

Möglich ist vorerst aber auch, daß, soferne die Verursacher und Manager der Krise diese nicht mehr in den Griff bekommen, sich bei jenen, die, egal wo,  auch morgen keine Arbeit finden werden und/oder  in Schulden zu ersticken drohen, ein eigenes grenzüberschreitendes solidarisches Bewußtsein und Verhalten herausbildet.                                                                                                                                                        Sozusagen ein europäisches Bewußtsein, aber dieses von unten kommend. Wahrscheinlich ein unerträglicher Gedanke für die da oben, die alles, aber wirklich alles daran setzen werden, ihr Herrschaftsmodell abzusichern.                                                                                                                                                                            Aber wenn es, trotz allem,  einmal darum gehen sollte, dieses Europa nicht nur  ökonomisch neu zu ordnen, kämen  dann nicht unweigerlich  jene außerökonomischen Phänomene, wie sie schon bei der Nationswerdung bestimmend waren, auf die Tagesordnung,?

Doch  dann hoffentlich  im europäischen Geist und Gleichklang, gelebte europäische Solidarität eben. Hoffen wird man ja noch dürfen, wie der “Wiener” in Hobsbawm  sagen würde.

00:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eric hobsbawn, histoire, réflexions personnelles, autriche | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 07 juin 2012

Politiquement correct, occidentalisme impérialiste et fondamentalisme sunnite

Politiquement correct, occidentalisme impérialiste et fondamentalisme sunnite

par Costanzo PREVE

I

1e05225eed30502e1f4540fba2cfd9c6_xl_5qfbhvj46zs4okgs8co4swow8_brydu4hw7fso0k00sowcc8ko4_th.jpgMa déclaration écrite que, si j’avais été Français, j’aurais voté pour Marine Le Pen au premier tour, et Hollande contre Sarkozy au second tour ne pouvait m’attirer que des critiques. Je ne prendrai ici en considération que celles qui m’ont été adressées par des amis : Andrea Bulgarelli, Lorenzo Dorato, Alessandro Monchietto, Maria Serban.

Ces critiques sont de trois sortes.

La première porte sur la brutalité avec laquelle j’ai violé le Politiquement correct. Cette violence serait une attitude inconsciente et même provocatrice, puisque le Politiquement correct demeure un code d’accès au seul domaine qui aujourd’hui m’importe vraiment, qui est celui de la philosophie. Du calme ! – me dit-on. C’est une chose que d’être une voix qui chante en solo, comme tu le fais depuis vingt ans, c’en est une autre que de vouloir épater le gauchiste (1), ce que je traduis ici par « scandaliser la gauche ». Par là, je fournirais trop facilement un prétexte à ceux qui prétendent faussement que je serais passé de gauche à droite.

La seconde concerne la pensée même de Marine Le Pen. Celle-ci aurait tout au plus une conception « de droite sociale traditionnelle », se rapportant à une prépondérance « impériale » française rénovée (2), mais sans considérer le moins du monde les rapports sociaux de production entre les classes.

La troisième sorte de critiques vise l’anti-islamisme (3) radical de Marine Le Pen; si radical, qu’il confinerait à la théorie du « choc des civilisations », et aux invectives d’Oriana Fallaci.

Ce troisième type de critiques est fondamental. Je répondrai d’abord brièvement à celles des deux premiers, mais seules celles du troisième type sont importantes.

II

J’ai des amis personnels de droite, du centre, de gauche, apolitiques, laïcs, religieux. Le bon usage de l’amitié ne suppose pas de considérations doctrinales. Mais je n’ai plus d’« amis politiques » de gauche (ni évidemment « de droite ») depuis une bonne quinzaine d’années. Internet donne d’étonnantes possibilités de diffamation, et je tiens pour sottise d’en avoir peur. Dire que l’on peut voter Le Pen représente une violation extrême du politiquement correct du monde des intellectuels, qui depuis une vingtaine d’années a pris pour ennemi d’élection le « populisme raciste », substitué au vieux capitalisme archaïque. Je considère, quant à moi, qu’accepter par introjection les valeurs du Politiquement Correct, c’est offrir la victoire à l’adversaire, qui n’est ni de droite ni de gauche, mais qui est celui qui ne peut en aucune façon supporter les nouveautés « inquiétantes » qui poussent à réviser des synthèses acquises et assimilées. Depuis une quinzaine d’années, je me soucie peu de cet adversaire. Quand bien même il y aurait là l’influence d’un subconscient infantile et provocateur, on m’accordera que je n’ai pas besoin de faire les frais d’une psychanalyse pour savoir quelle est la vérité.

III

L’objection de Lorenzo Dorato est plus importante. À ses yeux, Marine Le Pen « n’a pas un programme de correction politique structurelle et forte, dans un sens solidariste », car « la contradiction économique essentielle du capitalisme n’y est traitée en aucune façon ».

Très juste. Soit. Je suis tout à fait d’accord. Mais Dorato affirme aussi que « cela vaut mieux que n’importe quelle perspective globaliste et européiste des néo-libéraux de droite comme de gauche ». Parfait, Dorato a répondu lui-même à sa propre question ! Que le programme de Marine Le Pen ne puisse « être partagé » par un communiste communautaire (4) et anticapitaliste, cela est absolument évident.

Le fait qui importe est que Marine Le Pen est moins « dans le système » qu’un Mélenchon. Tout ce que le système médiatique unifié diabolise en le qualifiant de populiste et de raciste doit être considéré non pas comme bon a priori, mais du moins comme intéressant. Si Marine Le Pen était victorieuse (ce qui, malheureusement, est improbable), elle ferait un trou dans le mur, et de là il naîtrait peut-être quelque chose. Dorato écrit lui-même que « toute proposition politique qui mette en question les dogmes du néolibéralisme et du capitalisme globalisé est meilleur que la direction politique monstrueuse prise par les classes dominantes depuis une vingtaine d’années ». Par ces lignes, Dorato n’a-t-il pas trouvé tout seul la bonne réponse ?

IV

Venons-en à « l’anti-islamisme ». Sur ce point, mes remarques seront nécessairement pauvres et boiteuses, vu mon ignorance fondamentale de la question. Sur le monde arabe et musulman, mes principales lectures ont été les œuvres de Maxime Rodinson, sur la question du rapport entre l’islam et le capitalisme, et Giancarlo Paciello sur la question palestinienne. Récemment, un gros livre d’Eugène Rogan, Les Arabes, traduit en italien en 2012, m’a beaucoup appris. Les remarques que je vais faire sont d’un dilettante, et politiquement incorrectes. Si j’écris des sottises, ce n’est pas grave. Que celui qui les trouvera me corrige. La seule chose qui soit insensée est de s’autocensurer par peur de violer le politiquement correct. Par là, on est perdant sans même avoir joué.

V

Commençons par une évidence historique, qu’il n’est cependant jamais mauvais de rappeler: avant que les musulmans n’« envahissent » l’Europe, par émigration massive, c’est l’Europe qui a « envahi » le monde arabe et musulman, du Maroc à l’Irak et jusqu’à l’Afghanistan, et c’est l’entreprise politique sioniste qui a chassé de la Palestine ses habitants arabes, tant musulmans que chrétiens. Le monde arabe a dû s’engager dans des guerres de libération particulièrement difficiles et sanglantes. Mais il serait insensé de prétendre culpabiliser les peuples français, anglais, et italien. Si on le veut, on peut fort bien utiliser encore la catégorie, toujours nouvelle,  d’« impérialisme ». Cette catégorie est le seul antidote contre le racisme ethnique ou le fondamentalisme religieux; et l’abandon qui s’est fait en Europe de ce concept, depuis une trentaine d’années, a entraîné bien des conséquences regrettables.

VI

L’assimilation de Nasser à un « chef fasciste » a été opérée par la propagande sioniste, et puis ç’a été la même chose avec Saddam Hussein, Kadhafi et Assad. On sait que, depuis 1967, l’État sioniste d’Israël a politiquement, et militairement décidé d’annexer toute la ville de Jérusalem et des tranches de la Cisjordanie rebaptisée « Judée-et-Samarie ». Mais à mon avis (et qu’un expert, me corrige, s’il le veut) le véritable « anti-islamisme » a été postérieur à l’effondrement endogène de la vieille bicoque communiste; il est une suite de 1989 et de la théorie impérialiste du « choc des civilisations », qui, selon la version de Bush, oppose l’Occident et deux cultures (5) qui lui sont « incompatibles »: l’Islam et la Chine.

Vous rappelez-vous Oriana Fallaci ? Si elle avait osé écrire sur les juifs un quart de ce qu’elle a écrit sur les Arabes, elle aurait été arrêtée pour « incitation à la haine raciale », au lieu d’avoir l’honneur des colonnes du Corriere della Sera (6). Et puis tout à coup, à partir environ de 2005, les musulmans sont redevenus « bons »; comme déjà un peu auparavant, sporadiquement, dans les affaires du Kossovo et de Sarajevo. Qu’est-il donc arrivé qui a soudain produit cette volte-face déconcertante ? Elle est à mon avis la clef de la question, et je vais me permettre de faire à ce sujet une hypothèse un peu artisanale.

VII

Dans son roman Kim, Rudyard Kipling parle du « Grand Jeu », en Afghanistan, entre l’Empire britannique victorien et la Russie des tsars. Puisqu’il faut entreprendre un rapide examen de la connexion entre le fondamentalisme sunnite armé (appelé improprement islam politique), l’occidentalisme impérialiste américain, et la stratégie sioniste, commençons donc par le « Grand Jeu » en Afghanistan dans la décennie 1980 – 1990. Après l’intervention soviétique en Afghanistan, l’alliance stratégique entre les services secrets des États-Unis, les monarchies des pétrodollars, et l’armée pakistanaise entra en action. Dans le cadre de cette alliance, les musulmans devinrent « bons » : voir Ken Follet, Les lions du Panshir, dédié à Massoud en 1986, ou le film de Stallone, Rambo III.

Mais ils ne furent « bons » que pendant un temps limité. Il y eut ensuite l’incident de parcours d’Al-Qaïda avec Ben Laden, jusqu’au 11 septembre 2001. Les musulmans devinrent « mauvais » à partir de l’invasion de l’Afghanistan des Talibans, jusqu’à l’attaque de l’Irak en 2003. Cette agression fut si contraire au droit international, si injuste et si éhontée, qu’elle a nécessité toute une couverture symbolique-médiatique « humanitaire » (les peuples contre un féroce dictateur moustachu, puis pendu), associée cependant à un radical « anti-islamisme » (ici encore, à la manière de Fallaci). Il y a même eu des sots d’« extrême gauche » qui dans leur quête tourmentée d’un sujet révolutionnaire de substitution à la décevante classe ouvrière salariée et prolétaire (ou aux invisibles « multitudes »), se sont figurés qu’ils l’avaient trouvé chez les barbus de l’Islam politique armé.

Brève saison d’erreur. Al-Qaïda s’est avéré un sanguinaire mais provisoire « incident de parcours » : si l’on eût bien analysé le rapport entre l’islam et le capitalisme étudié par Rodinson, et quelques autres, on eût compris que l’islamisme fondamentaliste est tout aussi homogène au capitalisme globalisé que l’a été le protestantisme étudié par Weber, avec un élément plus important et plus institutionnel d’assistance sociale obligatoire organisée, mais sur une base purement privée et « tribale ». Au lieu que le nationalisme pan arabe anti-impérialiste lui est au contraire incompatible : il suffit de considérer la férocité avec laquelle l’impérialisme américain, européen et sioniste l’a détruit, comme en Irak, en 2003, en Libye, en 2011, et s’évertue en ce moment à continuer en Syrie. Le cas de l’Iran, nation perse et chiite, doit être considéré séparément.

VIII

C’est pourquoi nous nous trouvons devant un paradoxe, qui, comme tous les paradoxes, paraîtra moins « kafkaïen » dès qu’on l’aura interprété selon sa rationalité secrète, apparemment irrationnelle. D’une part, le fondamentalisme sunnite, avec sa violence et son intolérance, paraît être le milieu culturel le plus insupportable à notre société dont la matrice est occidentale (européenne) et chrétienne avec la modulation des Lumières (et ses nuances de gauche, du centre ou de droite n’importent pas ici). D’autre part, le fondamentalisme sunnite, après l’incident de parcours limité Al-Qaïda – Ben Laden, paraît l’instrument idéal pour normaliser politiquement et militairement les vestiges d’indépendance dans le monde arabe et musulman, entre les mains d’une alliance où l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Europe sont subordonnés aux États-Unis.

IX

Dans un pays comme la France, ce paradoxe provoque une espèce de schizophrénie et de paranoïa tout à fait particulière, étant donné la présence de millions de musulmans sur son territoire, dont une part de fondamentalistes sunnites et salafistes, qui n’est pas majoritaire, mais visible et tapageuse. Avec tous ses défauts, la France a été dans l’histoire un pays capable d’assimiler des vagues de millions d’immigrés portugais, espagnols, polonais, italiens, arméniens, et même de l’Afrique noire. Cela avait donné cette civilisation populaire que l’on peut trouver par exemple dans des romans comme ceux de Simenon sur le commissaire Maigret. La seule composante ethnique qui se révèle inassimilable, et qui proclame qu’elle refuse l’assimilation, est celle qui se réfère au fondamentalisme sunnite.

En ce qui me concerne, cela ne me rend pas anti-musulman. Au contraire, et je serais favorable à bien des idées de Tariq Ramadan, si la nouvelle de son recrutement par l’Université du Qatar et la Qatar Foundation ne m’inspirait quelque prudence… Mais si je ne peux partager un certain « anti-islamisme » (7) français, j’en suis  d’autant moins scandalisé que je tiens compte de ce caractère inassimilable.

Au moment même où j’écris, je ne sais pas encore qui sortira  vainqueur des élections présidentielles en France; mais je vois un grand paradoxe dans la manière sont Sarkozy, d’un côté, cajole électoralement l’« anti-islamisme » (8), tandis que, de l’autre côté (en Libye, en Syrie, etc.), il est le principal allié de l’islam politique,  lequel s’est désormais complètement aligné sur l’émir du Qatar, les États-Unis, l’Arabie saoudite : voyez la propagande cynique de la publicité faite par les médias occidentaux au prétendu « printemps arabe ». L’Occident arme politiquement les mêmes forces qui ont atrocement lynché Kadhafi, font exploser des voitures piégées au milieu de la population civile de Damas, et massacrent des enfants juifs français à Toulouse. Recadrer ainsi le problème, ce n’est pas justifier certaines pointes « anti-islamiques » de Madame Le Pen (9); mais c’est comprendre pour le moins, que ces pointes sont un problème mineur.

Le problème majeur, c’est que l’Occident impérialiste a décidé, pour de sordides intérêts néo-colonialistes, de soutenir l’islam politique « modéré » : si modéré, que marchent derrière lui les assassins salafistes qui sont au service de l’Arabie saoudite, du Qatar, et des États-Unis.

Costanzo Preve

traduit de l’italien par Yves Branca

 

Notes du traducteur

• Avertissement : le texte de cet article, écrit à Turin à la fin avril 2012, comporte des différences de détail avec le texte italien envoyé par l’auteur à quelques correspondants français qui lisent sa langue. Les notes qui suivent rendent compte de la plupart de ces modifications.

Pour le reste, Costanzo Preve m’a honoré de sa confiance pour  adapter encore mieux cet article à la conjoncture française, et à la sensibilité française dans cette conjoncture; et rien n’a été modifié sans lui en référer.

1 : En français dans le texte.

2 : Il n’y a ici aucune allusion ni à l’empire colonial français, ni à l’idéologie impériale européenne moderne, mais au souverainisme du Front national, qui est aujourd’hui l’héritier de l’ancienne politique naturelle capétienne rénovée par de Gaulle : le mot « imperiale » reste  plus proche en italien de son étymologie latine : l’imperium est le commandement, le pouvoir, l’autorité, et donc la souveraineté.

Sur l’idée « impériale » française, Rodolphe Badinand est lumineux dans son chapitre « Quand la France prétendait à l’Empire » de son essai Requiem pour la Contre-Révolution et autres essais impérieux, Alexipharmaque, 2008.

3 : « Islamisme », chez les Italiens qui, comme Preve, écrivent le mieux leur langue, est seulement un doublet du mot « Islam », comme on le trouve encore en français dans le Littré ou chez Ernest Renan : « La religion de Mahomet », et «  l’ensemble des pays qui suivent cette religion ». Le mot « islamiste » n’existe pas encore en italien. Ce terme, « islamista », ne désigne pas, en bon italien, un croyant fanatique, mais seulement un “ islamologue ”.

L’italien distingue plus rigoureusement « Islam », « islam politique » (moderne) et intégrisme ou fondamentalisme islamique. Il n’emploie pas « islamisme » dans ces dernières significations.

On doit donc bien entendre que le terme d’« anti-islamisme » désigne seulement ici une hostilité à l’islam (une « islamophobie », dans l’actuel jargon de la manie « polémique »), prêtée à Marine Le Pen par les interlocuteurs italiens de Preve, auxquels il répond ici. C’est pourquoi j’ai mis ce terme entre guillemets.

4 : Le communisme critiqué et redéfini par Preve est désigné par le terme italien de « comunitarismo », qui, littéralement, devrait se traduire par « communautarisme », et que j’ai provisoirement traduit ainsi, avec note explicative, et quelquefois guillemets, ou italiques; car on connaît la connotation de ce terme en français, qui dépend de la situation même de la France, à laquelle Preve fait allusion à la fin du présent article.

Preve a bien précisé, au début d’une « Autoprésentation » de 2007, que « Monsieur Costanzo Preve a été longtemps un “ intellectuel ” [qui se voulut engagé, puis organique] […], mais aujourd’hui il ne l’est plus. Et de plus, il demande à être jugé, non plus sur la base d’illusoires appartenances à un groupe, mais sur celle, exclusivement, de ses acquis théoriques ».

Entre ces « acquis théoriques », le concept (au sens hégélien du terme) de communauté est absolument central; et ce que Preve appelle communautarisme est non seulement la théorie de la communauté sociale et nationale, mais encore la communauté comme concept. Mais disons d’abord ce que n’est pas le communautarisme, dans cette perspective.

Bien que Preve fasse très clairement raison des formes de communautarisme à rejeter, et des acceptions du terme à réfuter, il importe tout particulièrement de préciser en France, nation formée autour d’un État que les rois appelaient déjà, à la romaine, République (respublica), qu’il ne s’agit pas le moins du monde de « l’utilisation du communautarisme ethnique (ou religieux, ou tribal postmoderne, ou tout cela ensemble), pour ruiner aujourd’hui la souveraineté des États nationaux » (écrit Preve dans son Elogio del comunitarismo – Éloge du « communautarisme »). Preve y comprend le fameux multiculturalisme « emballage pittoresque de la totale américanisation du monde ». La crise de l’État-nation selon le modèle français, qui paraît aujourd’hui m’être plus « producteur de socialité », comme l’écrit Alain de Benoist, a fait en France de communautarisme un terme  effrayant, mais il n’y a pas de fumée sans feu, et la réalité qui lui correspond est en effet « effrayante ».

En Italie, c’est une autre acception du terme qui produit des « réactions pavloviennes », comme le dit Preve, qui affectent le mot « communautarisme » d’une connotation « d’extrême droite » se rapportant  principalement au fascisme, au nazisme, aux prétendues « métaphysiques » contre-révolutionnaires et traditionalistes (Chamberlain, Guénon, Evola) qui assez confusément s’y sont mêlées. Pour élégantes qu’elles puissent être, comme chez Evola, ces « métaphysiques » ont en commun d’être des reconstructions qui mythifient d’anciennes formes d’autorité par nostalgie d’une communauté hiérarchique « naturelle », en remontant toujours plus « haut », de l’« Idée impériale gibeline » jusqu’à l’Âge d’Or de la « Tradition primordiale », en passant par les Hyperboréens, ou les Mages d’Orient, ou le Chakravartin… Les formes d’autorité politique qui en sont issues dans l’Europe du XXe siècle n’ont vu le jour que par la vertu d’un organicisme plus ou moins teinté de naturalisme romantique, mais qui ne pouvait échapper au modèle rigoureusement matérialiste et individualiste du Léviathan de Hobbes, et a produit des régimes à parti unique « interprète des secrets de l’histoire », comme l’écrit Preve, sous un Conducteur suprême. Le collectivisme issu du marxisme a pris une forme analogue (du « petit père des peuples » au « Conducator »), moins par la sécularisation d’idéaux religieux, que par un déjettement théorique scientiste et positiviste, qui est en soi d’essence religieuse : « Le communisme historique du XXe siècle (1917 – 1991) et en particulier sa première période stalinienne furent en tout point et intégralement des phénomènes religieux » (cf. Preve, Histoire critique du marxisme, IV, 10); et Preve a merveilleusement cerné la parenté secrète de l’organicisme social réactionnaire et du collectivisme stalinien : « Le matérialisme dialectique est une variante positiviste tardive d’un code conceptuel primitif, fondé sur l’indistinction et la fusion du macrocosme naturel et du microcosme social ».

Mercantilisme ultra-libéral « multiculturel » d’aujourd’hui, organicisme social ou collectivisme d’hier : Preve en traite comme de « pathologies du communautarisme », dont le diagnostic conduit négativement à la définition même de ce dernier, puisque toutes nient en pratique, ou en théorie, « la constitution irréversible, et historiquement positive, de l’individu moderne responsable de choix éthiques, esthétiques, et politiques ».

Pour Costanzo Preve, la « communauté » est la société même, et le «communautarisme », la communauté pour soi, et/ou sa théorie, laquelle est une correction des idées marxiennes et marxistes de communisme. Cette correction s’opère par une critique  du « matérialisme dialectique », auquel il tente de substituer un idéalisme méthodologique qui implique un retour, qui est un recours, à la philosophie grecque antique et à Aristote : « Comme on le voit, il n’est pas possible même en grec moderne de différencier sémantiquement la “ société ” de la “ communauté ” (respectivement : koinotita, koinonia). Cela ne doit pas nous surprendre, puisque la vie sociale des Grecs était la vie communautaire de la polis, et le mot qu’utilise Aristote pour définir l’homme, politikon zoon (animal politique) pourrait être traduit sans forcer par “ animal social ” ou “ animal communautaire ” […]. Il est bon d’avoir clairement à l’esprit cette origine sémantique et de ne pas penser que le débat commença avec la distinction de Tönnies entre “ société ” (Gesellschaft) et “ communauté ” (Gemeinschaft) – a écrit Preve » dans un article que j’ai traduit pour la revue Krisis (cf. Costanzo Preve, « Communautarisme et communisme », dans Krisis, « Gauche/droite ? », n° 32, 2009).

5 : Le mot italien « Civilta » traduit indifféremment « culture » au sens allemand ou spenglerien de « Kultur » (intériorité spirituelle d’une grande nation à son apogée), et « civilisation » (les formes plus extérieures de la vie civile).

6 : Quotidien milanais qui est l’équivalent italien du journal Le Monde et, autrefois, du Temps.

7, 8, 9 : Voir la note 3.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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lundi, 04 juin 2012

Globalistische Kulturszene

Claus WOLFSCHLAG:

Globalistische Kulturszene

Ex: http://www.jungefreiheit.de/

Die „Neue Weltordnung“ führt zu neuen globalen Menschentypen. Menschentypen, die von der Verbindung zu einer Heimat, zu Nation, Religion, überlieferten Traditionen und Werten weitgehend abgeschnitten sind. Eine Gliederung dieser angestrebten Weltgesellschaft erfolgt demnach nicht mehr auf der Ebene verschiedener Völkerschaften, sondern nur noch durch kurzlebige Subkulturen oder Hobby-Gemeinschaften und die soziale Schichtung.

Der stumpfe Discounter-Konsument gehört somit ebenso zum Spiel wie der global austauschbare Bürohengst, der dauerflugreisende Manager oder eine sich im Globalismus sonnende Kulturszene. Will man der Seele der „Neuen Weltordnung“, des westlichen Kapitalismus und der globalistischen Ideologie auf die Spur kommen, dann blättere man einfach ein bißchen im Zentralorgan der spezifischen Kreativszene: Der Zeitschrift Vice.

Das kostenlose Blatt liegt in Musikläden und Szene-Boutiquen aus, kann aber auch abonniert werden. Gegründet wurde das Magazin 1994 von drei arbeitslosen Freunden in Montreal, wechselte dann nach Entzug der staatlichen Förderung nach New York, um dort zur beliebten Lektüre der städtischen Subkultur zu werden. Der Habitus eines skurrilen Kunststudenten-Magazins soll nicht täuschen, denn hinter Vice versteckt sich mittlerweile ein weltweit agierendes Medienunternehmen mit 3000, großenteils freien, Mitarbeitern und festen Niederlassungen in vier Ländern.

Vermeintlich gebildete Großstädter als Zielgruppe

Das Magazin erscheint entsprechend seiner globalistischen Ausrichtung in 26 Staaten mit einer Gesamtauflage von 1,2 Millionen Exemplaren. Angeschlossen sind Musiklabel, Buchverlag, Werbeagentur, Filmproduktionen und eine Bekleidungsreihe. Für die zugehörige Fernsehfirma vbs.tv wurde der Anspruch formuliert, das MTV des 21. Jahrhunderts zu werden. Vice ist somit die konsequente Weiterentwicklung einstiger Szene-Magazine der 90er Jahre, beispielsweise „Tempo“. Es ist nahe liegend, daß die deutsche Redaktion in Berlin, Prenzlauer Berg, untergebracht ist.

Die Zielgruppe sind junge, vermeintlich gebildete Großstädter. Viele haben wohl ihre Wurzeln im Punk und der Skateboardkultur. Die meisten Mitarbeiter kommen aus dem Bereich der bis 25-jährigen Jungkreativen und Dauerpraktikanten, deren Motiv der Stolz ist, zum Geringverdienst für ein globales Szenemagazin arbeiten zu dürfen.

Mit-Gründer Suroosh Alvi klassifizierte den Lesertypus folgendermaßen: „Uns überraschte, daß sich unsere Leser überall auf der Welt sehr ähneln. Ganz gleich, ob in Rio, Moskau oder Sydney: Unsere Fans hören die gleichen Bands und tragen die gleichen Jeans.“ Lars Jensen ergänzte in der FAZ: „Sie kennen sich mit Turnschuhen aus, tragen originell bedruckte T-Shirts, halten Porno für eine Kunstform, und in einem Magazin sehen sie gerne kraß ausgeleuchtete Fotos von kotzenden Mädchen.“

Kokain, AIDS und Wohlstandskinder

Nachdem sich das Magazin anfangs um den eigenen Kosmos drehte, um Kokain und Trainingsjacken mit asymmetrischen Reißverschlüssen, begann man sich zunehmend auch für Auslandsreportagen zu interessieren. Dabei geht es vor allem um spektakuläre Bilder, die dem Nervenkitzel gesättigter Wohlstandskinder dienen, zum Beispiel um Kinder tötende afrikanische Warlords, in Abwasserkanälen hausende kolumbianische Obdachlose, nordkoreanische Soldatinnen oder die größte Puffsiedlung des Kongo mit einer AIDS-Rate von 100 Prozent.

Irakische Derwische werden als „echte Stecher“ präsentiert, denn sie „feiern Gott, indem sie sich selbst durchbohren“. Ein afrikanisches Flüchtlingslager wird als „die heißeste Scheiße der Welt“ betitelt. Die Artikel dienen meist nicht wirklicher tiefer Erkenntnis durch die Begegnung mit dem Fremden, sondern nur der Vorführung von vermeintlicher Skurrilität. Das Fremde ist hier das kauzige Überbleibsel einer langsam verschwindenden Welt. Der Zug fährt schließlich in eine Richtung, und der „kosmopolitische Trendsetter“ ist der Leitstern.

Das Rezept der teils durchaus unterhaltsamen Berichte ist, daß diese möglichst spektakulär oder irre sein müssen. Am besten beides zusammen. Nun ist insofern dagegen nichts zu sagen, als Boulevard-Medien oftmals nach dieser inhaltlichen Devise verfahren. Das Spezifikum von „Vice“ aber ist, daß sich Macher und Leser meilenweit über Medien wie der Bild-Zeitung, The Sun oder dem Kölner Express stehend wähnen.

Die Faszination des Abstoßenden

Sie bedienen somit das trügerische Selbstbild scheinbarer geistiger Überlegenheit. Zweitens aber, und das ist das fatalere, präsentieren sie ihren Boulevard-Journalismus bewußt im Gewand der Verhäßlichung. Sie richten sich also an eine satte, gelangweilte urbane Jugendszene, deren letzter Nervenkitzel es ist, möglichst wackelige Fotos von möglichst häßlichen Objekten zu erstellen oder sich daran zu ergötzen.

Die Faszination des Abstoßenden ist es, die viele Leser zu Vice lockt. Das ist natürlich auch der Zielgruppe angepaßt, bedient das „Anti“ gegen die schöne Welt der Tradition (auf der einen Seite) und der Hochglanzmagazine (auf der anderen Seite) doch oft nur die intellektuelle Selbstüberschätzung weiter Teile des kreativen Milieus.

Über die 14-tägige Feier der Insassen des psychiatrischen Klinikums Wahrendorff wird als „Klapsen-Disco“ berichtet. Eine brasilianische Dragqueen erklärt, „wie Mann sich eine Pussy macht“. Ein Bericht über Karatschi wird als „Reportage aus Pakistans verrücktester Stadt“ angekündigt. Man begegnet tätowierten Rockers, skurrilen NPD-Politikern, drogensüchtigen Russen in Abbruchhäusern. Man kann eine Fotostrecke von „Hunden mit Perücken“ betrachten. „Gibt es etwas Amüsanteres als verkleidete Hunde?

Der globalistische Menschentyp

Wir glauben kaum“, heißt es dazu im typischen Vice-Jargon. Auf Fotos sieht man aufgeplatzte Jeans, einen halbnackten Weihnachtsmann mit grünem Bart, dicke Frauen in engen bunten Leggins, Models mit angekauten Pizzastücken auf der Zunge, mit Lackfarbe bemalte Finger, einen entblößten Hintern mit Zigarette zwischen den Backen, einen körperbehaarten Gewichtheber, ein halb gegessenes Sandwich auf einer Mauerbrüstung, debil blickende Zwillinge, eine alte Frau mit blauem Auge in der U-Bahn. Comicfiguren übergeben sich in kleinen Strips, erledigen ihr kleines und großes Geschäft oder werden brutal verstümmelt.

Der globalistische Menschentypus, der von Vice als Zielgruppe angesprochen werden soll, wird als der „kosmopolitische Trendsetter“ klassifiziert. Hier kann man exemplarisch sehen zu welch geistiger Armseligkeit die Globalisierung und ihre schleichende Gleichschaltung der weltweiten Lebensstile als Endprodukt führt. Die FAZ schrieb über sie: „Von den etablierten Medien haben sie sich längst abgewendet, wie die ihre Weltsicht nicht abbilden.“ Doch das stimmt nicht wirklich. Vice treibt die Weltsicht des westlichen Linksliberalismus nur bis zur konsequenten Spitze. Alles andere ist Attitüde einer sich überlegen wähnenden Lifestyle-Avantgarde.

Ungezügelter Kapitalismus

Es ist ähnlich wie einst beim alten Punk, der oft die gleichen Dreßcodes und hedonistischen Lebensvorstellungen vertrat wie der verhaßte Yuppie. Nur die äußerlichen Merkmale unterschieden sich. Wo hier die Bierflasche gehoben wurde, war es dort das Sektglas.

Das Zusammenspiel von avantgardistischer Rebellenpose und finanzstarker Werbeindustrie läuft dabei wie geschmiert. Werbekunden sind unter anderem Nike, Adidas, Calvin Klein, Sony und Diesel. Auch hierin zeigt sich, daß der Inhalt der global agierenden Konzerne allein der Profitmaximierung dient. Wenn sich mit Kot und Kotze Geld machen läßt, stehen Geldgeber jederzeit bereit, auch fragwürdigste Projekte zu stützen. Bei Vice darf der Kapitalismus eben ungeniert seine häßliche Seite zeigen.

 

Dr. Claus Wolfschlag wurde 1966 in Nordhessen geboren. Er ist seit vielen Jahren als Journalist, Kultur- und Geisteswissenschaftler für diverse Magazine, Wochen- und Tageszeitungen tätig. Zudem veröffentlichte er mehrere Bücher zu den Themenbereichen Geschichte, Politik und Kunst. 2007 erschien sein Buch „Traumstadt und Armageddon“ über die Geschichte des Science-Fiction-Films.

samedi, 02 juin 2012

Démythifier Mai 68

Archives - 2001

Werner OLLES:
Démythifier Mai 68 ou comment l’idéologie soixante-huitarde est devenue un instrument de domination

Werner Olles, ancien activiste du 68 allemand, a été membre du SDS de Francfort-sur-le-Main puis de divers groupes de la “nouvelle gauche” avant de rejoindre les cercles nationaux-révolutionnaires et néo-droitistes allemands; Dans cet article, rédigé en 2001, il explique les raisons qui l’ont poussé à abandonner l’univers politico-intellectuel des gauches extrêmes allemandes. On notera qu’il cite Pier Paolo Pasolini et déplore que l’arrivée aux postes du pouvoir des premiers anciens activistes, avec un Joschka Fischer devenu ministre des affaires  étrangères, n’a rien changé à la donne: l’Allemagne est toujours dépendante des Etats-Unis, sinon davantage, et le débat intellectuel est toujours bétonné...

Marx, en se référant à Hegel, avait dit, à propos du 18 brumaire de Napoléon, que les événements historiques importants, touchant le monde entier, se déroulaient toujours deux fois: la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. Cette remarque est également pertinente quand s’échaffaudent les mythes politiques. Mais tandis que les mythologies qui évoquent les fondations d’une nation articulent toujours les actions collectives d’un peuple, qui se hisse d’un état de nature à un degré plus élevé de civilisation, l’histoire du mouvement soixante-huitard ressemble plus à une parodie de ce passage qu’à une véritable transition “anamorphique”. Mais cette histoire du soixante-huitardisme a tout de même un point commun avec la formation des mythes nationaux: “Le mensonge du mythe héroïque culmine dans l’idolâtrie du héros”, comme l’écrit Freud dans sa “Psychologie des masses”. En ce sens, le mythe de mai 68 n’est rien de plus, aujourd’hui, qu’un instrument servant à asseoir la domination d’une nouvelle classe politique.

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Pier Paolo Pasolini, le célèbre écrivain, poète, journaliste et metteur en scène italien, nous a laissé un poème, écrit justement en 1968: “Le PCI aux jeunes!”. Pasolini, observateur très précis de l’aliénation généralisée qui frappait toutes les couches de la population et tous les domaines de l’existence, était communiste et homme de gauche, une équatioin qui n’est pas toujours évidente, mais qui l’était dans son cas. Dans ce fameux poème, il prend ses distances expressis verbis et en termes clairs avec les étudiants radicaux de gauche, qui avaient pourtant réussi à faire battre la police en retraite, lors des premières grandes batailles de rue, à Rome, au printemps de l’année 1968. Il désignait ces étudiants comme des “bourgeois, fils à la mamma” et se solidarisait avec les policiers rossés, parce qu’ils étaient “les fils de pauvres gens nés dans les zones déshéritées des campagnes ou des grandes villes”.

En tant que marxiste, Pasolini ne rejettait pas la violence en général mais s’insurgeait contre celle que pratiquaient les “Brigades rouges” des années 70 qui commettaient des attentats et des enlèvements, tout en menant une guérilla urbaine assez efficace dans toute l’Italie. La gauche lui a en voulu. Et quand il s’est opposé à la libéralisation de l’avortement et s’est insurgé avec véhémence contre la permissivité sexuelle dans la société nouvelle, la mesure était comble pour les gauches conventionnelles: en effet, pour Pasolini, la libéralisation des moeurs et de la sexualité ne voulait qu’en apparence le bonheur des gens; en réalité, il s’agissait d’introduire les ferments d’un dressage des corps pour qu’ils soient le support d’homoncules destinés à une seule chose: accroître démesurément la consommation et ce qui en découle logiquement, la croissance exponentielle des marchés. Du coup l’hérétique et dissident Pasolini a subi un cordon sanitaire: on ne le reconnaissait plus comme un clerc de la religion marxiste.

Pasolini a donc reconnu la montée du nouveau totalitarisme introduit par le mouvement soixante-huitard, quand les plupart des conservateurs et des droitiers dormaient encore du sommeil du juste. Pasolini désignait la tolérance pour ce nouveau système de domination et son “idéologie hédoniste incontournable” comme “la pire de toutes les formes de répression de l’histoire de l’humanité”, parce qu’elle niait les anciens schémes culturels. Malheureusement, son message n’est pas passé en République fédérale allemande dès la fin des années 60 et le début des années 70. Pasolini était animé d’un courage désespéré quand il s’est opposé au libéralisme débordant mis en selle par le carnaval de 68, un libéralisme qui n’avait qu’un seul objectif: dilater démesurément la sphère de l’économie marchande. En Allemagne, personne n’a posé d’analyse aussi pertinente, certainement pas les “intellectuels”.

Ce sont surtout les ouvriers des usines qui ont compris; nous, les intellectuels soixante-huitards, ricanions avec méchanceté et affichions un net complexe de supériorité: nous les traitions de “masses dépendantes du salariat”, trahissant du même coup que nous ne voulions pas leur émancipation. Pour eux, nous ne prévoyions pas “l’auto-réalisation de l’individu”. Les ouvriers comprenaient que le démontage systématique des valeurs traditionnelles par l’esprit de 68 ouvrait la voie à un capitalisme débridé, consumériste et utilitariste, cynique et détaché de tout impératif éthique ou social. Sans jamais avoir entendu parler de “Diamat”, de “matérialisme dialectique”, sans jamais avoir lu Marx —qui considérait la persistance des sociétés traditionnelles comme le plus grand obstacle à la percée du socialisme et, qui, logique avec lui-même, saluait la destruction des vieilles cultures d’Inde par les impérialistes britanniques— les ouvriers allemands de la fin des années 60 comprenaient instinctivement que les schèmes, les structures et les valeurs traditionnelles du monde traditionnel leur offraient encore une protection, certes limitée et fragile, contre le déferlement d’un capitalisme sans plus aucun garde-fou: ils barraient la route à nos équipes subversives devant la porte des usines, généralement sans y aller par quatre chemins.

La classe qui aurait dû incarner ces valeurs traditionnelles, c’est-à-dire la bourgeoisie d’après-guerre, très vite, s’est retrouvée la queue entre les pattes, a exprimé toute sa lâcheté et n’a pas forgé une alliance avec la classe ouvrière contre les “soixante-huitards” et leurs épigones. De plus, elle a tout fait pour interdire à l’Etat, détenteur du monopole de la violence, d’intervenir efficacement contre ses propres gamins et gamines, tourneboulés par les “idées nouvelles”. Alors, forcément, la dynamique de cette lutte des classes exemplaire a pu se déployer sans entraves venues de haut. Après la lecture d’Herbert Marcuse, notamment sa “Critique de la tolérance pure”, ouvrage-culte et vulgarisation extrême du néo-marxisme de l’époque, et surtout le chapitre intitulé “La tolérance répressive”, on s’est senti autorisé à commettre les pires violences irrationnelles. A cela s’est ajouté le refus net, dans l’Allemagne d’alors, de prendre en compte les contradictions entre la rhétorique catastrophiste du SDS (l’opposition extra-parlementaire étudiante) et de ses épouvantables successeurs, d’une part, et, d’aute part, la réalité socio-économiques e l’Allemagne de l’Ouest des années 60, réalité encore acceptable, potable, contrairement à ce qui se passait dans les pays du Tiers Monde.

Dans le processus politique et historique qu’elle inaugurait, la mentalité de 1968 anticipait tout ce que nous déplorons à juste titre aujourd’hui: une société désormais totalement massifiée, l’omnipotence des médias, la destruction de traditions culturelles aux racines pourtant profondes, le processus ubiquitaire de nivellement, par lequel tout ce qui est authentique et particulier se voit détruit et qui, finalement, ne tolère que la seule idéologie du consumérisme, flanquée d’une industrie des loisirs, des variétés et de la comédie qui se déploie jusqu’à la folie. Le processus de destruction de toute forme de culture et la perte de tout socle identitaire, qui est allée en s’accélérant depuis les années 70, ne cessent de s’amplifier et d’atteindre tous les domaines de nos existences.

Certes, les valeurs traditionnelles, dites “bourgeoises” par leurs adversaires, n’étaient déjà plus assez fortes, avant 1968, pour constituer un contre-poinds à la “révolution culturelle”. Quasiment personne, à l’époque, n’a eu le courage de s’opposer aux bandes violentes qui déferlaient sur les universités et les hautes écoles, personne, sauf le professeur social-démocrate Carlo Schmid, n’a osé dire: “l’autorité ne cèdera pas!”. Personne n’a eu le courage de dire, sauf sans doute, le bourgmestre de Francfort, le chrétien-démocrate Wilhelm Fay, que la violence et le fanatisme du SDS et de l’APO constituaient un retour à l’exigence, par la coercition, d’un nouveau conformisme, d’une nouvelle fidélité forcée à des idéaux minoritaires, d’une obligation à suivre les impératifs idéologiques d’une caste réduite en nombre, comme ce fut le cas sous le national-socialisme.

Après que le mouvement et sa mythologie aient littéralement remplacé la réalité, tout en refusant avec entêtement la sanction du réel, une forme imprévue jusqu’alors d’hystérie de masse s’est libérée, alors qu’on imaginait qu’une telle hystérie n’était le fait que des seules sectes religieuses. On peut affirmer que les groupuscules nés de la dissolution du SDS, comme les partis “ML” (marxistes-léninistes), n’ont pas été autre chose qu’un mélange d’aveuglement politique, qu’un cocktail perfide de “scientologie” et d’“Hell’s Angels”, où les phénomènes psychopathologiques donnaient le ton, avec tout le cortège voulu de dérives emblématiques: lavage de cerveau, apologie du pire kitsch révolutionnaire, et surtout les fameuses “discussions” sans fin, épouvantablement emmerdantes, crispées et sans épaisseur. Le sommet de la bêtise a été atteint quand ces associations staliniennes de “sports de combat”, avec leurs jeunes bourgeois se complaisant dans une culture fabriquée sur le mode “sous-prolétarien”, se vantaient d’être des analphabètes politiques et culturels complets, tout en voulant imiter dans les rues les bagarres qui avaient opposé, dans les années 20 et 30, les nationaux-socialistes aux communistes. Pendant que ces bourgeois de souche se donnaient des airs de révolutionnaires prolétariens d’antan, les jeunes ouvriers, eux, roulaient vers le soleil de l’Espagne (franquiste!) au volant de leurs Ford Taunus flambant neuves.

Quand on lit aujourd’hui les textes de ces activistes, tentant de justifier et d’expliquer leurs revendications ou leurs actes —et on les lira avec profit— on perd le souffle. Jamais, ils ne se montrent honteux de leurs simplismes. Jamais ils ne s’excusent d’avoir commis des dépradations ou des dérapages. Jamais un regret. On dirait que la table de bistrot, autour de laquelle ils refaisaient le monde ou jouaient à préparer l’hypothétique révolution finale, en usant d’un jargon intellectuel de gauche, est toujours la même: les discours sont toujours impavides, inflexibles, relèvent toujours d’une bande qui n’a rien appris, ne veut rien apprendre. Ce n’est peut-être pas évident chez tous les protagonistes du 68 allemand, ou ce n’est pas immédiatement perceptible, comme chez un Gerd Koenen, un K. D. Wolff ou un Christian Semmler. Mais ce l’est assurément chez un Joseph Fischer ou un Joscha Schmierer. On nage là dans le “radical chic” et toutes les idées avancées ne sont rien d’autre que des déductions ultérieures des vieilles et fausses visions de la fin des années 60 et du début des années 70.

La République Fédérale en est sortie ébranlée et ce n’est finalement qu’une maigre consolation de savoir qu’Ulrike Meinhof n’est pas devenue Chancelière, que Joscha Schmierer n’est pas devenu ministre de la justice, que Jürgen Trittin n’est pas devenu un nouveau “ministre de la propagande”, bref, que la République Fédérale n’est pas devenue une “République Ouest-Allemande des Conseils” (“Westdeutsche Räterrepublik”). Mais si c’est une consolation, ce n’est pas pour autant matière à réjouissance. Dans le gouvernement Schröder/Fischer, finalement, nous avons vu surgir l’accomplissement du mouvement soixante-huitard: nous avons une démocratie très teintée à gauche (la gauche de 68 et non plus la vieille social-démocratie), sans personnalité d’envergure, avec une médiocrité très nettement perceptible, où l’on se bornera à l’avenir de changer les pions: tous auront les mêmes réflexes, les mêmes tares, répéteront les mêmes schèmes mentaux. Car il n’est pas resté davantage de 68. Et aussi longtemps que les intérêts des “Global Players” sont plus ou moins identiques à ceux de cette gauche allemande aux assises branlantes, on peut s’attendre au retour récurrent de ces schèmes mentaux dans les allées du pouvoir en Allemagne.

Werner OLLES.
(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°9/2001; trad. franç.: avril 2012; http://www.jungefreiheit.de/ ).